Les violences sexuelles deviennent monnaie courante en Guinée Conakry. Entre le 25 novembre et le 2 décembre, six filles de 3 à 16 ans et une femme ont été sexuellement agressées et certaines violées, selon Amnesty International.
« Les récits de viols sont fréquents en Guinée », selon la directrice d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Samira Daoud.A la date du 2 décembre dernier,indique Amnesty, un homme de 24 ans, accusé de viol sur une fille de trois ans à Gbessia, un quartier de Conakry, a été présenté par l’Office guinéen pour la protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM).
Ce cas a été précédé, le 30 novembre dernier, par le viol d’une fille de trois ans, à Batè-Nafadji, dans la région de Kankan. Le 27 novembre, une autre fille de 12 ans a été violée par deux hommes dans la ville de Sanoun. Le 26 novembre, une fille de 12 ans est morte des suites d’un viol à Siguiri, au Nord-ouest du pays. A la même date, une fille de trois ans a subi un viol collectif, déplore Amnesty international dans un communiqué du 15 décembre 2021.
Cas plus emblématique
Depuis le début de l’année, au moins 331 cas de viols ont été traités par l’OPROGEM et la Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables (BSPPV). Rien qu’en 2020, ces organisations ont traité 374 cas de viol. « Un nombre qui reflète seulement la partie visible de l’iceberg », rapporte Amnesty international qui lie la multiplication des viols à la stigmatisation associée à ce drame en Guinée.
« Ce qui souvent conduit, non pas à signaler le crime et déposer des plaintes mais souvent à des médiations et des règlements à l’amiable entre les victimes ou leurs familles et les présumés auteurs ou leurs familles », explique-t-on.
Le cas le plus emblématique de cette recrudescence des viols en Guinée, cette année, est celui de M’Mah Sylla. Cette femme de 25 ans, avait « présumément été violée par des médecins dans une clinique non agréée de Conakry où elle était allée se faire soigner », indique l’ONG Amnesty.
Elle ajoute : « Elle était tombée enceinte et les mêmes auteurs l’avaient de nouveau violée au cours de l’avortement auquel ils tentaient de procéder ». Ce second viol, combiné à l’avortement, « a engendré des blessures impossibles à guérir malgré sept opérations chirurgicales ». La jeune dame finie par décéder, le 20 novembre dernier à Tunis (Tunisie), après son évacuation médicale.
Prévenir la violence sexuelle
« Nous avons beaucoup trop de cas comme celui de M’Mah Sylla et nous espérons et rêvons de ne plus en avoir », souhaite Djenab Boiro de l’organisation « Mon Enfant, Ma vie ». Ce cas de figure a entraîné de vives réactions dans plusieurs localités de la Guinée, les 22, 24 et 30 novembre.
Au regard de la gravité de la situation, Marie-Evelyne Petrus-Barry, directrice du Bureau Afrique de l’IPPF (Fédération internationale pour la Planification Familiale ), a lancé un appel aux autorités guinéennes pour qu’elles fassent en « sorte que les enquêtes sur les auteurs de ces viols soient menées sans délai et en toute indépendance et impartialité et que tout responsable soit traduit en justice ».
Pour elle, il serait important de densifier les campagnes de sensibilisation afin de prévenir la violence sexuelle, protéger les victimes, leur permettre d’accéder à la justice, d’obtenir réparation, et de traduire les auteurs en justice. « Cela passe notamment mais pas seulement, par l’adoption d’une loi spéciale sur la violence à l’égard des femmes comme recommandé par la Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, » a-t-elle conclu.
Chiencoro Diarra
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