Intitulé « Les Nouvelles pathologies de la démocratie en Afrique de l’Ouest : crise de l’État de droit, de la démocratie représentative et de la gouvernance », le nouveau rapport de Afrikajom Center met le doigt sur les problèmes cardinaux dont souffrent les pays de l’Afrique de l’ouest. Dans ce rapport, le think tank fondé par Alioune Tine, expert indépendant des Nations unies pour les droits de l’homme au Mali, formule plusieurs recommandations, pays par pays.
L’Afrique de l’Ouest souffre de trois crises interconnectées, selon Afrikajom Center. Il s’agit de la crise sécuritaire ; de la démocratie, de l’État de droit, de la gouvernance et des droits humains; et de la pandémie du coronavirus. Voilà le constat qui émane des analyses du Think tank sur les pays de l’Afrique de l’Ouest dans un nouveau rapport de près de cent pages publié en juin, mais rendu public la semaine dernière.
Selon Ingo Badoreck, directeur régional du programme pour la promotion de l’État de droit en Afrique subsaharienne de la Fondation Konrad-Adenauer, ce rapport estime qu’au lieu de focaliser toutes les attentions sur la crise sécuritaire qui embrase cette région, qu’« il est bon de rappeler que les malaises sociaux, les tensions et les violences politiques qui y font rage ne peuvent être déconnectés des dysfonctionnements graves des outils, institutions et mécanismes de régulation de la démocratie, des droits de l’homme, de l’État de droit et de la gouvernance ». À en croire le contenu de ce document, ces dysfonctionnements sont à la fois les conséquences et les causes de la situation sécuritaire en Afrique de l’ouest.
Dans la préface du rapport, M. Badoreck explique que la stabilité et la prospérité de ces pays d’Afrique de l’Ouest « dépendent indéniablement du développement et du renforcement de l’État de droit, de la démocratie, des droits humains et de la gouvernance ». Mais pour y arriver, le rôle des organisations régionales et sous-régionales n’est pas moindre, indique-t-il. Celles-ci « doivent non seulement jouer un rôle d’impulsion, mais également se poser comme garants du respect par les États de leurs engagements, avec un réel pouvoir de contrainte et de sanction à leur égard ». Cela reste de même pour les organisations de la société civile ainsi que les nouveaux mouvements sociaux-citoyens, fait-il savoir.
Pour l’amélioration de la situation dans les seize pays d’Afrique de l’Ouest, Afrikajom Center estime qu’il est nécessaire de « poser un diagnostic précis des failles en matière de démocratie, d’État de droit, de gouvernance et de droits humains, basé sur des données et une expertise solides ». Un travail qui permettra de faire un état des lieux de la situation et de procéder à des recommandations.
C’est à ce travail d’analyse auquel se livre ce think tank dans ce rapport. Brossant le tableau noir de la situation sécuritaire et humanitaire voire des droits de l’homme au Mali, Afrikajom Center formule plusieurs recommandations : engager un dialogue national afin d’avoir une vision commune de la situation sécuritaire au Mali pour pouvoir faire face ensemble avec détermination aux attaques des groupes armés djihadistes ; replacer la définition et l’élaboration des stratégies
sécuritaires dans un contexte régional, allant au-delà des limites des seules réponses militaires, pour concevoir la sécurité en termes de sécurité humaine ; lutter fermement contre l’impunité ; renforcer partout le dialogue et la réconciliation nationale de façon inclusive ; favoriser l’appui de la communauté internationale aux efforts du Mali pour restaurer la paix, la sécurité et la présence au Nord de l’ensemble des institutions de la république sur l’ensemble du territoire national ; favoriser l’appui des institutions internationales aux institutions judiciaires locales pour lutter contre l’impunité.
S’agissant de la crise sécuritaire qui sévit, de façon générale, dans cette région de l’Afrique, Alioune Tine, fondateur de Afrikajom Center, indique : « Il faut prendre acte de la nécessité d’une intervention internationale pour éviter le pire, dans les conflits armés, meurtriers qui minent le Sahel et menacent de plus en plus les fondements des Etats du Sahel. » En ce qui concerne la crise liée à l’Etat de droit, à la démocratie, aux droits de l’homme et à la gouvernance, M. Tine recommande : « Le moment est venu de penser et de fonder par les Africains et pour les Africains, les outils adaptés à leur contexte, à leur développement, mais répondant aux normes internationales relatives aux droits humains, à l’État de droit et à la bonne gouvernance. » Enfin, pour contrer les conséquences économiques de la pandémie du coronavirus, le patron d’Afrikajom Center indique : « Les États ont besoin d’une réflexion stratégique et collective sur les institutions et les mécanismes de régulation légitimes et efficaces. »
Rappelons que Afrikajom Center a été créé en 2018 par diverses personnalités. Ce fut sur l’initiative de son fondateur Alioune Tine. Afrikajom Center est un Think tank, un centre d’études et de recherches, un laboratoire d’idées dont la vision est « la construction d’un monde plus juste et équitable ».
F. Togola
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