Home A la Une Éducation en crise : les autorités maliennes sanctionnent les absences prolongées des enseignants

Éducation en crise : les autorités maliennes sanctionnent les absences prolongées des enseignants

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Face à l’absentéisme prolongé des enseignants dans les régions de Ménaka et Kidal, les autorités ont décidé de sévir. À travers des décisions officielles, elles annoncent la suspension des salaires des enseignants en abandon de poste et fixent des ultimatums pour leur retour. Une mesure qui vise à garantir la continuité de l’éducation dans ces zones touchées par l’insécurité.

Face à la crise persistante du secteur éducatif dans les régions de Ménaka et Kidal, marquée par l’absence prolongée de nombreux enseignants, les autorités administratives ont décidé de frapper fort. À travers des décisions officielles, le gouverneur de Ménaka et l’Académie d’Enseignement de Kidal ont pris des mesures coercitives allant jusqu’à la suspension des salaires des enseignants concernés.

Une crise éducative dans un contexte sécuritaire dégradé

Depuis 2012, le nord du Mali fait face à une insécurité chronique qui a fortement impacté l’accès à l’éducation. À Ménaka, la situation s’est aggravée depuis mars 2022, avec une série d’attaques terroristes dans plusieurs localités, dont Tamalet, Inchinane, Agazragane, Inekar et Anderamboukane. Ces violences ont provoqué un déplacement massif des populations et la fermeture de plus de 140 écoles. Pour maintenir l’offre éducative, plusieurs établissements ont été relocalisés dans la commune urbaine de Ménaka, où des conditions de sécurité plus favorables permettent encore la tenue des cours.

Cependant, malgré les efforts des autorités pour assurer une continuité pédagogique, l’absentéisme de certains enseignants a continué d’affecter le système scolaire. Faute de personnel suffisant, certaines écoles doivent gérer des classes surchargées, atteignant parfois jusqu’à 200 élèves.

Suspension des salaires des enseignants absents

Face à cette situation préoccupante, l’Académie d’Enseignement de Ménaka a dressé un état des lieux des enseignants en abandon de poste, conformément aux signalements des Centres d’Animation Pédagogique (CAP) de la région. Malgré un dernier appel lancé le 22 février 2025 par le gouverneur, les enseignants absents n’ont pas regagné leur poste avant la date butoir du 3 mars.

En conséquence, le 10 mars 2025, une décision administrative (N°2025-000079-GR-MKA-CAB) a été prise pour suspendre, à compter du 1er avril 2025, les salaires des enseignants toujours en situation d’abandon.

Kidal, un ultimatum avant sanctions

Dans la région voisine de Kidal, la situation est similaire. Par un communiqué officiel daté du 12 mars 2025 (N°2025-001/AE-KI), l’Académie d’Enseignement de Kidal a exhorté les enseignants absents à reprendre leur poste d’ici le 27 mars à 7h30. Passé ce délai, des sanctions conformes à la réglementation en vigueur seront appliquées.

Ce communiqué a été diffusé en plusieurs langues (français, tamasheq, sonhrai, bambara) afin de toucher le maximum d’enseignants concernés et éviter toute ambiguïté.

Des mesures exceptionnelles pour un secteur en détresse

À travers ces décisions, les autorités locales envoient un signal fort. La crise sécuritaire ne saurait justifier l’abandon prolongé des salles de classe. En mettant en place ces sanctions, elles entendent responsabiliser les enseignants et garantir aux enfants de ces régions un accès à l’éducation, même dans un contexte difficile.

Si ces mesures sont perçues comme nécessaires pour assurer la continuité du service public, elles posent aussi la question des conditions de travail des enseignants en zone à risque. Le défi demeure donc double : restaurer l’autorité de l’État tout en créant un environnement propice à l’exercice de la mission éducative.

Chiencoro Diarra


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