A la veille de la rentrée scolaire 2021-2022 au Mali, prévue ce 1er novembre, Mikailou Cissé nous relate ses souvenirs sur les conditions d’étude dans les zones rurales, auxquels s’ajoute le phénomène de l’insécurité en raison de laquelle beaucoup de classes resteront fermées.
La rentrée des classes est un moment de ressouvenir et de méditation. Surtout pour ceux qui ont effectué des études dans des zones agricoles. C’est une période qui coïncide avec la récolte des champs. Un moment crucial pour les cultivateurs, qui se décident difficilement de se débarrasser de leurs travailleurs.
Pourtant, cette rentrée des classes est le seul alibi solide pour les jeunes écoliers de ne pas retourner au champ pendant les sept jours de la semaine en subissant la chaleur torride que dégage le soleil de midi en cette période de l’année, malgré qu’elle coïncide aussi avec la saison froide.
Durant cette période, la tension demeure tendue entre les enfants n’ayant pas été à l’école ou l’ayant abandonnée et ceux fréquentant toujours les bancs. Ils supportent mal que la quasi-totalité des charges des travaux repose sur leurs épaules pendant que leurs frères écoliers ne sont disponibles que pendant les week-ends. De petites jalousies enfantines qui peuvent le plus souvent conduire à des disputes entre des frères dans la même fratrie.
Luxe
Cette période émouvant dans la vie des enfants au village a tendance à devenir un vieux souvenir. Depuis des années déjà, avec l’installation de l’insécurité depuis 2012, beaucoup de villages sont privés d’activités scolaires en raison des fermetures de classes sous la menace des groupes armés.
L’arrivée des militaires au pouvoir, depuis le coup d’État perpétré contre le régime Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), le 18 août 2020 et qui avait suscité de l’espoir quant à la résolution de cette crise sécuritaire qui impacte les enfants, commence à dissiper. L’école est en phase de devenir un luxe pour beaucoup d’enfants dans les zones de conflits. Un idéal dont les parents, au niveau de ces localités, n’arrivent plus à offrir à leurs progénitures.
Certains oublieraient même que l’éducation est un droit pour les enfants. Les salles de classe dans ces villages sont finalement devenues des abris pour les animaux, des dortoirs ou des refuges des sans-abris, des bandits. Dans son nouveau rapport sur la situation sécuritaire au Mali, la Commission mouvement de populations (CMP) souligne que la crise dans la région de Ségou, notamment dans le cercle de Niono, a entraîné l’occupation de 28 écoles, 177 salles de classe par des PDI.
D’autres priorités
Pendant ce temps, dans la capitale, au lieu de se pencher sur ce problème qui prend de l’ampleur chaque année, les débats sont plutôt orientés sur les Assises nationales, l’élection présidentielle, la nécessité de dialoguer ou pas avec les djihadistes ou de diversifier les partenaires en matière de lutte contre l’insécurité.
Les villageois quant à eux se sentent délaissés. Les enfants aux travaux de tout genre. Ceux qui ont eu la chance de quitter les villages sont aussi dans de piètres conditions dans les faubourgs des villes sans que cela ne gêne autant.
Mikailou Cissé
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