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Dette extérieure et nouveaux défis pour la Tunisie

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Avant 2011, la dette extérieure de notre pays, bien qu’en partie détournée, a toujours servi à financer des investissements, sauf à quelques rares exceptions.

S’élevant à 25 600 MDT en 2010, soit un peu plus de 50 % du PIB, la dette extérieure tunisienne atteint aujourd’hui la barre de 93 000 MDT, soit près de 80 % du PIB, pour dépasser ainsi de loin la norme internationale, qui limite ce taux à 60 %. Ce chiffre est d’autant plus alarmant que d’une part et depuis 2011, l’affectation des nouveaux emprunts est aussi opaque qu’une partie sert à rembourser les dettes anciennement contractées ; d’autre part, le montant de la dette devenant ainsi insoutenable, rapporté aux réserves en devises du pays, pose clairement le risque d’un scénario libanais (Grec ou Argentin) de cessation des paiements. Notamment que ces emprunts, et depuis 2011, n’ont jamais réellement servi à créer de nouvelles richesses, la dévaluation aidant, la désindustrialisation par les Franchises aggravant, le démantèlement des filières agricoles, préalable pour les accords ALECA, enfonçant, nous ne voyons pas avec le modèle actuel, quelles en seraient réellement les issues.

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L’actuel modèle ONUSIEN, FMIste, s’est essoufflé, a montré ses limites. La fracture sociale risque de dégénérer, la paix sociale est sérieusement menacée. Rétablir durablement la confiance entre le citoyen et les institutions de l’État doit être au centre des préoccupations de l’actuel gouvernement. La Tunisie doit briser ses chaînes. L’actuel gouvernement doit se ressaisir pour établir de nouvelles priorités en faveur des secteurs vitaux, des zones déshéritées, d’une plus grande justice sociale.

Notre seul salut passe forcément par des réformes structurelles profondes, notamment du système fiscal, pour rétablir l’équité fiscale, du système d’éducation, du système de santé, de la recherche développement.

Les réformes doivent également comporter les mesures protectionnistes pour mettre à l’abri des prédateurs internationaux, les industriels, les agriculteurs et les cultivateurs ainsi que les prestataires de services tunisiens.

Les secteurs textiles, cuirs et chaussures, fleurons de l’Industrie tunisienne des années 70, 80, et 90, doivent bénéficier de la plus grande attention de l’Etat et les Franchises accordées dans le domaine du prêt-à-porter et autres doivent être revues, sinon supprimées, pour éviter les fermetures d’usines dans ces secteurs.

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Seulement en une année, entre 2019 et 2020, la Tunisie a perdu 93 unités industrielles (Think Tank TEMA). Cette mesure permettra en outre de limiter les importations de ces produits et d’améliorer le solde de la balance commerciale.

Les réformes doivent, dans une mesure particulière, permettre de promouvoir le secteur agricole par une véritable réforme agraire, planifiée par l’Etat et non une réforme « assistée par le marché ». L’expérience a, en effet, démontré que seuls les pays qui ont connu une réforme agraire ont pu asseoir leur développement sur des bases solides.

Le secteur agricole est non seulement porteur dans le sens où il permet de créer de nouveaux emplois (6 à 9 emplois par hectare) et de développer les exportations, mais il a un effet d’entraînement sur plusieurs autres filières industrielles. Le secteur agricole a par ailleurs l’avantage de garantir la souveraineté alimentaire du pays tout en étant non sujet aux aléas extérieurs.

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La réforme agraire passe certainement par un débat national, une stratégie nationale impliquant de grands experts en la matière, que la Tunisie ne manque nullement, pour étudier la viabilité des terres, les mesures permettant non seulement un accès plus facile aux financements nécessaires, mais également l’accès à la propriété par de jeunes diplômés, aux milliers d’hectares appartenant à l’État, aux terres domaniales, jusque-là inexploitées et ce gratuitement ou moyennant des périodes de grâce de pas moins de vingt ans. La réforme agraire permettra en outre de lutter contre la pauvreté rurale en générant des revenus supplémentaires dans les zones rurales et en dynamisant ces régions. Un plus grand équilibre entre les zones rurales et les zones urbaines est également attendu d’une telle mesure.   

L’actuel gouvernement doit comprendre que la démocratie, si elle ne se traduit pas en progrès économique, social et humain, vecteurs de légitimation, de stabilité et de pérennité, porte atteinte à la cohésion sociale et s’autodétruit.

Habiba Nasraoui Ben Mrad, enseignante universitaire à l’École Supérieure de Commerce de Tunis


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