En Guinée, un vent de changement souffle avec la force d’une tempête tropicale. Le général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, a brandi le sceptre de la décision avec la précision d’un chirurgien, limogeant non seulement le directeur général de l’Électricité de Guinée (EDG) et ses deux adjoints, mais aussi le dirigeant de la Société nationale des pétroles (Sonap) ainsi que son adjointe, ce samedi 16 mars 2024. Bien que le silence règne sur les motivations derrière ces décisions drastiques, la scène se déroule sur fond de tumultes et de frustrations populaires.
Jeudi soir dernier, Conakry s’est retrouvée enveloppée dans une obscurité aussi épaisse que la tension dans l’air. Les coupures intempestives d’électricité, loin d’être des incidents isolés, se sont transformées en catalyseurs de mécontentement. La nuit s’est illuminée, non pas des lumières de la ville, mais des éclairs de colère des manifestants affrontant les forces de l’ordre. Ce tableau nocturne, peint avec les couleurs vives de la contestation, met en lumière les fissures d’un système qui peine à répondre aux besoins élémentaires de ses citoyens.
Etre plongé dans le noir, c’est être coupé du monde
La décision du général Doumbouya peut être interprétée de plusieurs manières. Pour certains, c’est un acte de responsabilité, une tentative de mettre fin à une série de dysfonctionnements qui ont trop longtemps plongé la population dans le désarroi. Pour d’autres, c’est une manœuvre politique, une façon de détourner l’attention des véritables enjeux. Mais au-delà des interprétations, ce qui ressort, c’est un cri d’exaspération face à une situation insoutenable.
Les coupures d’électricité ne sont pas de simples désagréments ; elles sont le symptôme d’un malaise plus profond, d’une fracture entre les attentes des Guinéens et la réalité de leur quotidien. Ce malaise est exacerbé par l’importance vitale de l’électricité, non seulement pour le confort, mais pour le développement économique, l’éducation et la santé. Dans un monde de plus en plus connecté, être plongé dans le noir, c’est être coupé du monde, de ses opportunités et de ses promesses.
L’inefficacité et l’incapacité à servir le peuple ont un prix
Le limogeage des dirigeants de l’EDG et de la Sonap est donc plus qu’une simple nouvelle administrative ; c’est un signal d’alarme, un rappel que la patience a ses limites et que l’heure est venue de prendre des mesures concrètes. C’est un message à tous les niveaux de l’administration : l’inefficacité et l’incapacité à servir le peuple ont un prix.
Alors que Conakry et d’autres villes de Guinée aspirent à retrouver lumière et stabilité, le chemin vers un avenir éclairé reste semé d’embûches. Mais peut-être que ces limogeages, dans leur abrupte soudaineté, ouvrent une porte vers un renouveau, vers une ère où la responsabilité et la transparence ne seront plus des options, mais des impératifs.
Dans cette atmosphère chargée d’attentes, une question demeure : ces changements seront-ils le précurseur d’une amélioration tangible, ou simplement un éclair dans une nuit sans fin ? Seul le temps, avec sa marche inéluctable, pourra éclaircir ce tableau. Mais une chose est sûre : la Guinée est à la croisée des chemins, et ses citoyens attendent des réponses, pas des promesses évanouies dans le noir.
Oumarou Fomba
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