Dans l’immense désert des défis judiciaires qui parsèment le Mali, le projet Sariya Bato s’érige comme une caravane porteuse d’espoir. Son lancement, tel un phare dans une nuit obscure, vient éclairer un chemin souvent encombré de méfiance, de corruption et d’injustice. Mais que signifie vraiment cette initiative dans une nation où la justice est perçue par beaucoup comme une oasis inaccessible ?
Sariya Bato, qui signifie « Respect de l’État de droit » en bambara, s’apparente à un pont tendu entre les citoyens et les institutions judiciaires. Ce projet repose sur une idée fondamentale : replacer les citoyens au cœur des réformes. Dans un pays où le système judiciaire est parfois perçu comme un mirage — visible, mais insaisissable — cette initiative ambitionne de transformer les tribunaux en maisons ouvertes, accueillant sans distinction riches et pauvres, hommes et femmes, puissants et vulnérables.
Le Mali, marqué par des décennies d’instabilité, a vu son système judiciaire s’effilocher sous le poids des crises politiques et sociales. Pourtant, comme une terre en jachère attendant l’eau pour renaître, les citoyens réclament une justice qui leur parle, qui les écoute et qui les protège. Sariya Bato veut répondre à cet appel, à travers la modernisation des mécanismes judiciaires, l’amélioration des infrastructures et le renforcement des capacités du ministère de la Justice.
Si la justice est une lampe, la corruption en est l’obscurité. Depuis des années, ce fléau mine la confiance des citoyens envers les institutions, déstabilisant la fragile architecture de l’État de droit. Mais Sariya Bato promet de faire souffler un vent nouveau. Par l’établissement de mécanismes de contrôle citoyen et la mise en place de politiques de responsabilisation, le projet ambitionne de chasser les ténèbres et d’illuminer les coins les plus reculés du système judiciaire.
La corruption, comme une herbe invasive, pousse là où le sol est fertile en désespoir. En la combattant avec des outils concrets, Sariya Bato ne se contente pas d’enlever les mauvaises herbes ; il prépare le terrain pour une nouvelle culture de transparence et d’intégrité.
Dans la savane malienne, il y a ceux qui marchent à grandes enjambées et ceux qui traînent derrière, les pieds alourdis par les fardeaux de la pauvreté, du genre ou de la marginalisation. Sariya Bato promet de ne laisser personne derrière. En mettant un accent particulier sur la lutte contre les violences basées sur le genre et la traite des personnes, le projet devient le bouclier des groupes les plus vulnérables.
De plus, en collaborant avec des acteurs locaux pour sensibiliser les communautés, Sariya Bato ne se contente pas de construire des murs ; il érige des ponts. L’objectif n’est pas seulement de rendre justice, mais aussi de bâtir une société où chacun connaît ses droits et se sent libre de les revendiquer.
L’État de droit, lorsqu’il est fragile, ressemble à un arbre penché, dont les fruits sont hors de portée pour la majorité. Sariya Bato veut redresser cet arbre, permettant aux citoyens maliens de goûter à une justice équitable. Ce projet aspire à établir un dialogue entre les citoyens et les institutions judiciaires, à faire de la justice un bien public, et non un privilège.
Dans un pays où les conflits et les frustrations alimentent l’instabilité, un tel dialogue est une semence pour la paix. Car la justice, lorsqu’elle est accessible et compréhensible, devient une arme contre l’extrémisme et une clé pour la cohésion sociale.
Le lancement de Sariya Bato marque un tournant. Ce projet, fruit d’un partenariat entre Mali Justice Project et l’USAID, ne promet pas une révolution immédiate, mais il offre une feuille de route claire, comme une boussole pour guider le Mali vers un avenir plus juste.
Le chemin sera long, semé d’embûches et d’obstacles. Mais, comme le dit un proverbe africain : « Là où il y a de l’eau, il y a de la vie. » Sariya Bato est cette eau vive qui, si elle est bien canalisée, irriguera les terres arides de l’injustice malienne et permettra aux fleurs de l’espoir de refleurir.
Avec ce projet, le Mali a une opportunité rare de réécrire le contrat social entre l’État et ses citoyens. Sariya Bato n’est pas seulement un projet, c’est une promesse, celle de redonner à la justice ses lettres de noblesse, et au peuple, la foi en ses institutions.
Oumarou Fomba
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