En pleine tournée en Île-de-France, Moussa Mara, ancien Premier ministre malien, a été accueilli par une vive hostilité de ses compatriotes au foyer de travailleurs de Vitry-sur-Seine. À tel point que les forces de l’ordre ont dû intervenir pour le faire sortir. Un épisode révélateur du ras-le-bol d’une diaspora qui n’a pas oublié son passage au pouvoir.
Ah, Moussa Mara. Telle une vieille chimère politique, il surgit en Île-de-France, pensant retrouver des terres acquises. Mais voilà qu’en ce dimanche soir, il se prend pour un capitaine d’équipage, prêt à conquérir des voix sur une mer qu’il croit tranquille. Erreur de navigation ! En approchant du foyer Manouchian, il ne trouve ni vagues d’applaudissements ni radeau de réconfort. Ce sont des rafales de mécontentement qui l’attendent, des visages fermés comme autant de tempêtes prêtes à l’engloutir.
Un capitaine sans équipage
Mara, qui pensait entrer en conquérant, se retrouve face à un ouragan de colère. Les sourires de façade n’ont pas leur place ici : les habitants, les vrais, l’attendent de pied ferme, comme un navire fantôme rappelé par ses fautes. Ce n’était pas une simple réunion politique, non ; c’était la scène d’un jugement. Un résident, sourire en coin, le dit bien : « Ce n’était pas une bonne idée. » Non, ce n’était pas une bonne idée de se pointer ici, comme un marin d’eau douce tentant d’imposer sa présence dans des eaux houleuses.
« À cause d’hommes politiques comme lui, le Mali se trouve dans cette situation ! » s’exclame un habitant, et la clameur gagne la foule. Pour ces Maliens de l’exil, Mara incarne ce qu’ils fuient : des promesses égarées, des décisions sans boussole, et ce sentiment de dérive, notamment en 2014-2015, qui a conduit leur pays dans des abîmes de crise. Mara, dans cette salle, c’est l’illusion de contrôle, l’image du capitaine sans équipage, du navire sans ancre, ballotté au gré des mécontentements.
Un naufrage en pleine Île-de-France
Et alors que la mer devient tempête, Mara comprend que sa retraite est inévitable. Les policiers, tel un équipage de fortune, l’escortent pour l’exfiltrer de ce naufrage politique. Il part, non pas en héros mais en homme pris dans sa propre houle, abrité des vagues de mépris par des forces de l’ordre qui n’ont d’autre choix que de le protéger de cette foule déchaînée.
Mara, cet ancien Premier ministre en quête de rédemption, se croyait capitaine d’un navire prêt à repartir à la conquête. Mais à Vitry, il n’a pas trouvé la mer calme qu’il espérait ; il a trouvé la tempête, celle qui ne pardonne pas, qui renvoie sans détour le passé et les erreurs de navigation. Une tournée sous le signe de la colère, un naufrage en pleine Île-de-France : voilà ce qu’était sa visite.
Oumarou Fomba
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