Une nouvelle loi, votée le 21 novembre dernier par les députés, s’apprête à remodeler de manière significative l’organisation du Conseil supérieur de la communication (CSC) au Burkina Faso, suscitant des préoccupations chez Reporters sans frontières (RSF) quant à l’accroissement du contrôle du pouvoir sur l’espace médiatique du pays.
Cette initiative représente une étape supplémentaire vers ce que le Capitaine Ibrahim Traoré appelle le « traitement patriotique » de l’information. Le projet de loi organique, approuvé à l’unanimité par les députés de l’Assemblée législative de transition, donne désormais au chef de l’État le pouvoir de nommer lui-même le président du CSC, explique le RSF dans un communiqué. Auparavant, cette nomination relevait du Collège des sages, un organe du CSC composé de neuf membres, dont six nommés par le pouvoir en place et trois par les associations professionnelles des médias.
Contrôle du pouvoir sur le paysage médiatique
Le texte de loi, actuellement en attente de promulgation et consulté par RSF, élargit également l’autorité du CSC pour inclure la surveillance des contenus produits par les blogueurs, les web-activistes, les influenceurs, et tout internaute comptant au moins 5 000 abonnés, amis ou followers.
« Le vote de cette nouvelle loi accroît le contrôle du pouvoir sur le paysage médiatique du pays et sur les réseaux sociaux. Tout est désormais en place pour que l’exécutif puisse sanctionner les journalistes, médias, mais aussi les influenceurs selon son bon vouloir », déclare Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF. Il ajoute : « Avec cette nouvelle loi, le risque d’instrumentalisation de l’organe de régulation n’a jamais été aussi important. RSF appelle le chef de l’État à ne pas promulguer ce texte en l’état et à le modifier afin de garantir l’indépendance du CSC, avant de le renvoyer à l’Assemblée. »
Des inquiétudes quant à la liberté de la presse
Cette préoccupation survient après une « suspension arbitraire » des programmes de Radio Omega en août dernier par le gouvernement burkinabè, sans l’approbation du CSC. RSF souligne que cet incident, ajouté aux implications de la nouvelle loi, soulève des inquiétudes quant à la liberté de la presse au Burkina Faso.
Le Burkina Faso se classe actuellement à la 58e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, signalant une baisse préoccupante de la situation de la liberté de la presse dans le pays.
La rédaction
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