Le président camerounais Paul Biya a annoncé ce lundi 14 juillet 2025 sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre prochain. Âgé de 92 ans, il est actuellement le plus vieux chef d’État en exercice dans le monde. Il dirige le Cameroun depuis 1982 et souhaite briguer un huitième mandat de sept ans.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Paul Biya a déclaré avoir pris cette décision après avoir entendu ce qu’il appelle « les appels nombreux et insistants des dix régions de notre pays et de la diaspora ». « Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la hauteur des défis importants auxquels nous sommes confrontés. »
Cette annonce était attendue par certains observateurs de la vie politique camerounaise, notamment après son discours de fin d’année 2024. À cette occasion, le président avait remercié ses compatriotes pour leur soutien et avait parlé de 2025 comme d’une année pleine de défis. Il avait aussi exprimé sa volonté de continuer à servir le Cameroun et de « transformer les défis en opportunités ».
Un pouvoir de plus de 40 ans contesté
Paul Biya est à la tête du Cameroun depuis plus de 43 ans. Pendant toutes ces années, il n’a jamais perdu une élection présidentielle. Si son huitième mandat est validé par les urnes, il atteindra presque l’âge de 100 ans à la fin de celui-ci. Mais son long règne n’est pas sans critiques.
Beaucoup de Camerounais dénoncent la corruption, les détournements de fonds publics, la mauvaise gouvernance et les difficultés à faire face aux problèmes de sécurité. Le pays fait face à une crise séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où des groupes armés réclament l’indépendance. Dans l’Extrême-Nord, ce sont les attaques djihadistes qui perturbent la vie des habitants. Ces conflits ont poussé des milliers de personnes à fuir leur domicile.
En plus de ces crises, le Cameroun connaît un fort taux de chômage, une hausse du coût de la vie, et des tensions sociales grandissantes. De nombreux citoyens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, demandent à Paul Biya de passer la main à une nouvelle génération.
Des proches quittent le navire
À quatre mois de l’élection, certains anciens alliés du président ont décidé de se présenter eux aussi. C’est le cas d’Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et fidèle compagnon de Biya. Il a démissionné du gouvernement le 24 juin 2025. Dans une déclaration, il a affirmé que le régime avait « trahi » la confiance du peuple camerounais. Il a annoncé sa candidature et a rejoint un parti rival.
Quelques jours plus tard, le 28 juin, un autre fidèle, Bello Bouba Maigari, ministre du Tourisme et compagnon politique de longue date, a aussi déclaré sa candidature. Tous deux sont originaires des régions du Nord du pays, qui ont longtemps été des zones stratégiques pour les victoires électorales de Biya. Leur départ pourrait fragiliser la base électorale du président sortant dans cette partie du Cameroun.
Une opposition active
Du côté de l’opposition, le principal rival de Biya en 2018, Maurice Kamto, devrait aussi être candidat. Cet ancien ministre délégué à la Justice avait terminé officiellement deuxième lors de la dernière élection présidentielle. Il avait contesté les résultats et passé neuf mois en prison, accusé d’insurrection après des manifestations organisées par ses partisans. Kamto avait dénoncé des fraudes et affirmé que la victoire avait été volée. Les autorités avaient nié ces accusations.
Lors d’un séjour à Paris en juin dernier, Maurice Kamto a surpris en déclarant qu’il protégerait Paul Biya et sa famille s’il remportait l’élection. Ce message visait sans doute à rassurer certains membres du régime et à apaiser les tensions politiques.
Malgré les appels au changement, Paul Biya reste convaincu qu’il est le mieux placé pour diriger le pays. « Nous continuerons, ensemble, notre marche vers le progrès, dans la sécurité et la paix », a-t-il déclaré dans son message à la nation.
L’élection présidentielle d’octobre 2025 s’annonce donc comme un moment clé pour l’avenir du Cameroun, dans un contexte politique fragile et incertain.
Ibrahim Kalifa Djitteye
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