Suite à une série de mutinerie, dimanche 23 janvier 2022, la situation est restée confuse au Burkina Faso, durant toute la journée. Après avoir démenti une tentative de coup d’État, le gouvernement a décrèté un couvre-feu.
Dimanche troublant à Ouagadougou, au Burkina Faso. Des tirs à l’arme lourde et automatique ont été entendus, ce 23 janvier, dans certaines casernes à Ouagadougou, Ouahigouya et Kaya, la première région militaire du pays. Dans la matinée, le gouvernement a fait deux communications afin de rassurer que la situation est sous contrôle.
Tout en reconnaissant l’effectivité des tirs, le gouvernement burkinabè a démenti que ces fusillades, qui ont débuté vers 4H du matin jusqu’à vers 7H00, avaient pour dessein de prendre le pouvoir. Il rassure également qu’aucune institution de la République n’est visée par les manifestants et que la hiérarchie militaire est à pied œuvre pour ramener le « calme et la sérénité » dans les casernes.
Encouragement et soutien aux Étalons
Dans l’après-midi, sous le chant des fusils, le président de la République Roch Marc Christian Kaboré a également fait deux tweets sur son compte personnel, pour encourager les Étalons, qui affrontaient le Gabon. Des déclarations de soutien, sûrement pour davantage rassurer le monde entier qu’il garde le contrôle de la situation, qui ne l’affole point, bien qu’elle soit pourtant inquiétante. Car selon les explications du ministre de la Défense et des anciens combattants, Aimé Barthélemy Simporé, les motivations réelles des soldats n’étaient toujours pas connues.
Dans un communiqué, signé par le chef de l’État, lu à la télévision nationale dans la soirée, un couvre-feu est instauré, à compter de ce 23 janvier 2022, jusqu’à nouvel ordre, de 20 h à 5 h du matin. Bien avant, les citoyens burkinabè ont été privés de l’accès à l’internet.
Cette « mutinerie », faut-il le rappeler, intervient au lendemain d’une grande mobilisation dans le pays. Une manifestation pour réclamer entre autres, le départ du président Roch Marc Christian Kaboré, exprimer le soutien aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et aussi aux autorités maliennes de la transition, durement frappées par les sanctions de la Cédéao et de l’Uemoa.
De la panique
Cette situation au Faso semble, au-delà de la panique au sommet de l’État, créer une véritable confusion au sein des organisations, autrices de ces sanctions contre le Mali, qui a trouvé des soutiens dans la quasi-totalité des pays membres de ces organisations, voire au-delà.
Ce dimanche, « le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a entrepris [ndlr] une mission en Afrique de l’Ouest devant le conduire à Accra, Ghana, où il aura des consultations avec le Président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président de la République du Ghana et président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ». Cette mission devra le conduire également au Mali où il « aura des réunions de travail avec les autorités de la Transition malienne et les acteurs politiques et sociaux du pays », annonce un communiqué.
Tout en exprimant sa solidarité avec le président, le gouvernement et le peuple du Burkina Faso, la Cédéao a demandé, dimanche 23 janvier, aux militaires de « demeurer dans une posture républicaine et de privilégier le dialogue avec les autorités ».
Les remous autour de ces sanctions doivent amener les chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao à mieux réfléchir sur leurs agissements dans un contexte africain marqué par la soif du changement ou de la « libération ». Il y va de la stabilité de la région et de la préservation des acquis démocratiques.
Chiencoro Diarra
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