Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a mené une mission de suivi sur la gestion financière de l’Ambassade du Mali à Ouagadougou, portant sur la période du 1ᵉʳ janvier 2021 au 30 juin 2024. Cette mission visait à évaluer la mise en œuvre des recommandations émises lors de la vérification de 2018. Les résultats révèlent que 60 % des recommandations ont été appliquées. Ce qui traduit des avancées notables dans la correction des insuffisances relevées.
Énergie et saison froide au Mali : des ménages entre économies et ajustements
La période de fraîcheur au Mali, qui s’étend de novembre à février, entraîne des changements remarquables dans les habitudes de consommation d’énergie des ménages. Les températures plus basses influencent directement l’usage des appareils énergivores, ainsi que la gestion du gaz domestique et de l’électricité, ce qui peut conduire à une réduction des factures pour certains et à des ajustements dans la consommation pour d’autres.
L’arrivée de la fraîcheur entraîne une réduction significative de la consommation d’électricité dans plusieurs foyers, en particulier à Bamako, la capitale. Cette baisse est principalement attribuée à la diminution de l’usage des appareils énergivores tels que les climatiseurs et les ventilateurs, aussi bien que les réfrigérateurs. De nombreux habitants rapportent une diminution de leurs factures d’électricité durant cette période.
Soumaïla Bagayoko, promoteur du complexe scolaire et du lycée Drissa Bagayoko à N’Golobougou, indique que durant cette période, l’utilisation de l’électricité est moindre et la consommation est plus faible, étant donné que les climatiseurs et ventilateurs ne sont pas utilisés. « Avec 5 000 francs CFA d’électricité, on peut tenir presque un mois. Depuis le début de la fraîcheur, j’ai cessé de faire fonctionner mes climatiseurs et réfrigérateurs, ce qui permet de réaliser des économies », précise-t-il. Cette observation est partagée par de nombreux foyers qui constatent également une réduction de leur consommation d’électricité.
Les climatiseurs et ventilateurs sont presque inutilisés
De son côté, Mariam Sidibé, vendeuse de légumes et d’aliments à Kabala, remarque également, en effet, que la période de fraîcheur a un impact positif sur ses dépenses énergétiques. « Contrairement à la chaleur, où l’on consomme énormément d’électricité pour les appareils de rafraîchissement, cette période de fraîcheur permet de réduire la consommation. Je préfère même que la fraîcheur dure plus longtemps », explique-t-elle en souriant.
Cette diminution de la consommation d’électricité se manifeste aussi dans l’usage des réfrigérateurs. De nombreux foyers limitent l’utilisation de leurs frigos, puisque les températures extérieures permettent de conserver certains aliments plus longtemps sans recourir à l’électricité, contribuant ainsi à la réduction globale de la consommation.
Mariam Kanté, sage-femme, de son côté, rappelle aussi que pendant la période de fraîcheur, la consommation d’énergie baisse globalement. « Les climatiseurs et ventilateurs sont presque inutilisés, et même le réfrigérateur fonctionne moins fréquemment. Certains foyers éteignent leur frigo pendant plusieurs jours, car les aliments restent frais plus longtemps, ce qui permet de réduire la facture d’électricité », souligne-t-elle.
Cette pratique d’éteindre le réfrigérateur pendant quelques jours est courante dans les foyers où l’on parvient à gérer plus efficacement l’énergie, grâce aux températures extérieures. Mais cela impacte également les activités commerciales. Abibatou Sogoba, ménagère vivant à Sébénicoro, fait état de la diminution de la demande en produits rafraîchissants durant cette période. « Les vendeurs de boissons fraîches, telles que le bissap et les glaces, constatent une baisse de leur revenu. En période de chaleur, les consommateurs recherchent des solutions pour se rafraîchir, ce qui entraîne une augmentation de la consommation d’électricité. Mais en période de fraîcheur, ce besoin est moins pressant », relate-t-elle.
Le gaz, entre hausse et stabilité de la consommation
Si la consommation d’électricité diminue pendant la saison froide, l’utilisation du gaz domestique varie en fonction des besoins. Dans certains foyers, la consommation de gaz augmente, en raison de la préparation de repas chauds et de boissons réconfortantes, typiques de la saison fraîche. Les foyers cherchent à compenser la baisse des températures extérieures en privilégiant des plats plus consistants et des boissons chaudes, comme les soupes, le thé et le Kinkéliba qui nécessitent l’utilisation du gaz.
Bintou Coulibaly, ménagère à Baco-Djicoroni, note que sa famille utilise davantage de gaz durant cette période, surtout pour la préparation du thé et des repas chauds. « Avec le froid, on consomme plus de soupes et de bouillons, ce qui fait que le gaz s’épuise plus vite. En période de chaleur, on préfère des plats froids ou rapides, mais en période de fraîcheur, on recherche de la chaleur dans les repas », précise-t-elle avant d’ajouter que : « cette tendance à privilégier des repas plus chauds et réconfortants explique l’augmentation de la consommation du gaz butane dans certains foyers ».
Cependant, tous les foyers n’observent pas la même évolution de leur consommation de gaz. Amadou Diarra, commerçant à Sogoniko, affirme que sa consommation de gaz reste stable tout au long de l’année. « Je n’ai pas remarqué de grande différence dans ma consommation de gaz, que ce soit en période de chaleur ou de fraîcheur. La seule variation concerne la fréquence de préparation du thé, qui est plus élevée en saison froide, mais la consommation reste relativement constante », ajoute-t-il.
La réduction de la consommation énergétique pendant la période froide est palpable dans les foyers maliens. Moins d’appareils électriques en fonctionnement, une diminution des dépenses liées à l’électricité et un changement des habitudes de consommation. Toutefois, cette période de réduction de la consommation est généralement de courte durée. En effet, avec le retour bientôt des fortes chaleurs, la demande en électricité et en gaz augmentera à nouveau. Ce qui entraînera une hausse des factures et de nouveaux défis en matière d’approvisionnement en énergie.
Pour l’heure, les foyers profitent de cette accalmie saisonnière pour alléger leurs dépenses et ajuster leur mode de vie à la douceur de la fraîcheur malienne.
Ibrahim K. Djitteye
Sortie de l’AES de la CEDEAO : Abuja joue l’apaisement
Le 29 janvier 2025, se tourne officiellement une page en Afrique de l’Ouest. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ne font plus partie de la CEDEAO. Acté par les dirigeants de la confédération des États du Sahel (AES), ce départ cristallise des mois de tensions entre les trois capitales sahéliennes et Abuja. La CEDEAO, virulente, au départ dans ses approches, est finalement en quête d’une « sortie honorable ». Elle joue la carte de l’apaisement.
Dans un communiqué publié, ce 29 janvier 2025, depuis le siège de l’organisation à Abuja, la Commission de la CEDEAO tente de ménager la transition. L’institution régionale affirme vouloir maintenir « les portes ouvertes au dialogue » et appelle ses États membres à respecter une série de mesures destinées à « limiter les perturbations » pour les populations concernées.
Parmi ces décisions, la reconnaissance « jusqu’à nouvel ordre » des passeports et cartes d’identité nationaux estampillés CEDEAO, mais aussi la poursuite de l’accès des biens et services sahéliens aux avantages du « Schéma de libéralisation des échanges ». Un geste qui traduit, en creux, l’embarras d’Abuja, soucieuse d’éviter que cette fracture ne se transforme en précédent irréversible.
La CEDEAO garantit également aux citoyens burkinabés, maliens et nigériens le maintien de la libre circulation et de l’établissement « sans visa », conformément aux protocoles en vigueur. Une disposition qui vise à rassurer les milliers de travailleurs sahéliens présents dans les pays côtiers.
Enfin, dans un dernier signal d’apaisement, l’organisation promet de continuer à soutenir « sans faille » ses propres fonctionnaires originaires des trois pays, le temps qu’une solution durable soit trouvée.
Reste à savoir jusqu’à quand ce statu quo tiendra. Car, en filigrane du communiqué, une certitude se dessine : Abuja ne veut pas claquer la porte à l’AES, mais refuse aussi d’encourager d’autres velléités de rupture. La balle est désormais dans le camp des chefs d’État ouest-africains, qui devront définir les contours d’une nouvelle relation avec le trio sahélien.
La rédaction
CAN 2025 : les Aigles du Mali dans un groupe relevé
Depuis lundi 27 janvier 2025, la composition des groupes de la phase finale de la 35e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) est connue. Le tirage au sort a placé les Aigles du Mali dans le groupe A, aux côtés du pays hôte, le Maroc, de la Zambie, championne d’Afrique en 2012, et des Comores. La compétition se déroulera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, et les hommes de Tom Saintfiet tenteront de décrocher leur qualification pour les huitièmes de finale.
Le Maroc, demi-finaliste de la Coupe du monde 2022, part favori de ce groupe. Les Lions de l’Atlas évolueront devant leur public et bénéficieront du soutien de tout un pays. La Zambie, championne d’Afrique en 2012 et finaliste en 1974 et 1994, dispose d’une solide expérience dans la compétition et reste une équipe imprévisible. Quant aux Comores, ils sont en pleine progression et ont déjà montré leur capacité à rivaliser avec des équipes plus expérimentées.
Le Mali, quart de finaliste lors de la dernière CAN en Côte d’Ivoire, devra faire preuve de rigueur et d’efficacité pour espérer sortir de cette poule. L’objectif principal sera d’obtenir l’une des deux premières places du groupe, synonymes de qualification directe pour les huitièmes de finale. À défaut, il faudra espérer figurer parmi les quatre meilleurs troisièmes de la phase de groupes pour poursuivre l’aventure.
Le calendrier des Aigles
Les Aigles du Mali débuteront leur parcours le 22 décembre face à la Zambie. Ce premier match sera crucial pour bien lancer la compétition. Ensuite, ils affronteront le Maroc le 26 décembre dans un choc qui pourrait être déterminant pour la suite du tournoi. Enfin, ils termineront la phase de groupes contre les Comores le 29 décembre au Complexe Mohammed V de Casablanca.
Ce dernier match revêt une importance particulière, car les Comores et le Mali figurent également dans le même groupe des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Ils doivent s’affronter en mars prochain lors de la cinquième journée des qualifications, ce qui constituera un avant-goût de leur duel à la CAN.
Face à une telle adversité, la préparation des Aigles sera un élément clé. L’équipe devra affiner ses automatismes et renforcer sa cohésion pour aborder la compétition dans les meilleures conditions. L’expérience de joueurs évoluant dans les grands championnats européens, combinée au talent des jeunes pousses locales, pourrait être un atout majeur pour le Mali.
Les autres groupes de la compétition
Le tirage au sort a également livré des groupes particulièrement disputés. La Côte d’Ivoire, tenante du titre, se retrouve dans le groupe F avec le Cameroun, le Gabon et le Mozambique. Le Nigeria, finaliste de la dernière édition, évoluera dans le groupe C avec la Tunisie, l’Ouganda et la Tanzanie. Dans le groupe D, le Sénégal, la RD Congo, le Bénin et le Botswana tenteront de se qualifier pour les huitièmes.
La CAN 2025 se déroulera sur neuf stades marocains, dont le Complexe sportif Prince Moulay Abdellah à Rabat, qui accueillera la finale le 18 janvier 2026. Cette édition promet d’être l’une des plus disputées de ces dernières années, avec des confrontations de haut niveau dès la phase de groupes.
Ibrahim K Djitteye
Ouagadougou : des milliers de manifestants célèbrent la sortie de l’AES de la CEDEAO
Ce 28 janvier 2025 est un tournant historique en Afrique de l’Ouest. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger actent officiellement leur retrait de la CEDEAO. À la Place de la Révolution à Ouagadougou, capitale burkinabè, une foule immense célèbre cette rupture, qui symbolise la fin d’une ère jugée contraignante pour les peuples de la confédération des États du Sahel (AES).
Cette journée de manifestation et de signature de l’acte divorce entre les deux organisations a débuté par la montée des couleurs des trois nations et du drapeau de l’AES. Ce qui scelle définitivement leur divorce avec l’organisation régionale. Dans un geste hautement symbolique, les manifestants ont mis en scène un « enterrement » de la CEDEAO, transportant une civière recouverte de son drapeau et de celui de la France, perçus comme des symboles d’ingérence étrangère.
« Nous sommes mobilisés ce matin pour montrer que la sortie de la CEDEAO n’est pas une simple décision des trois chefs d’État. Les peuples de l’AES soutiennent leurs présidents », affirme un militant à nos confrères de l’Agence d’information du Burkina (AIB), reflétant l’adhésion populaire à cette rupture.
Parmi la foule, une forte délégation venue du Niger témoigne de la solidarité entre les trois pays. Ce retrait, loin d’être anodin, marque une réorientation stratégique pour ces nations, déterminées à forger un nouvel avenir, affranchi des contraintes de la CEDEAO.
La rédaction
Audit financier au ministère des Sports : plus de 345 millions FCFA d’irrégularités
Un audit financier de la Direction des Finances et du Matériel du Ministère de la Jeunesse et des Sports, effectué par le Bureau du vérificateur général, a révélé des irrégularités dépassant 345 millions de FCFA. Cette vérification met en lumière des anomalies dans la gestion des fonds publics.
La présente vérification a pour objet la gestion de la Direction des Finances et du Matériel (DFM) du ministère de la Jeunesse et des Sports, au titre des exercices 2023 et 2024 (31 août). Elle a pour objectif de s’assurer de la régularité et de la sincérité des opérations de dépenses. Les travaux de vérification ont porté sur l’évaluation du contrôle interne et les dépenses de fonctionnement et d’investissement effectuées sur le budget d’Etat.
Cette vérification a mis en exergue des irrégularités administratives et des irrégularités financières.
Irrégularités administratives
La mission de vérification a constaté que le cadre organique de la DFM du Ministère de la Jeunesse et des Sports n’est pas respecté. Ladite DFM ne dispose pas d’un système d’archivage opérationnel. Le Comptable-matières n’a pas procédé à la codification des matières. La DFM ne publie pas le plan de passation révisé des marchés. Le Directeur des Finances et du Matériel ne respecte pas le principe de séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable. Le montant total des avances faites au Régisseur spécial excède la somme requise. Le ministère de la Jeunesse et des Sports n’a pas mis à jour l’arrêté interministériel fixant le taux des primes accordées aux sportifs. Il a autorisé la transformation d’ambulances en véhicules de fonction.
C’est pourquoi, la mission a recommandé au Ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction Civique et de la Construction Citoyenne, de veiller à l’actualisation des textes réglementaires accordant des primes aux sportifs et d’utiliser les véhicules de l’Etat conformément à leur vocation.
Au Directeur des Finances et Matériel, elle a demandé de veiller au respect des dispositions du cadre organique ; de disposer d’un bon système d’archivage des documents comptables et financiers ; de veiller à ce que le Comptable-matières procède à la codification des matières ; de publier les plans de passation révisés des marchés conformément au code des marchés publics et de respecter le principe de séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable conformément à la réglementation en vigueur.
Quant au Comptable-matières, il doit procéder à la codification des matières conformément à la réglementation en vigueur.
Irrégularités financières
La vérification a également relevé des irrégularités financières d’un montant total de 345 567 587 FCFA.
Elles sont relatives aux dépenses irrégulières effectuées lors des Jeux Olympiques pour un montant de 4 010 140 FCFA ; à la justification de dépenses par de fausses factures pour un montant de 74 789 547 FCFA ; à la réutilisation de factures pour justifier des dépenses pour un montant de 30 278 565 FCFA ; au règlement de dépenses indues lors des compétitions sportives internationales pour un montant de 142 881 982 FCFA ; au paiement de dépenses inéligibles pour un montant de 45 465 200 FCFA ; au paiement irrégulier de primes suite à l’ajout de noms fictifs pour un montant de 20 000 000 FCFA ; au non-reversement des retenues de TVA sur les factures payées aux fournisseurs pour un montant de 9 465 953 FCFA ; au non-reversement au Trésor Public des frais de voyage de l’Equipe Sénior du Mali à la CAN 2023 pour un montant de 18 676 200 FCFA par le Directeur des Finances et du Matériel.
Les faits relevés dans le rapport de vérification et qui sont susceptibles de constituer des infractions à la loi pénale et à la législation budgétaire et financière ont été dénoncés au Procureur de la République chargé du Pôle National Economique et Financier et transmis au Président de la Section des Comptes de la Cour Suprême. Ceux relatifs au non-reversement des retenues de TVA sur les factures payées aux fournisseurs pour un montant de 9 465 953 FCFA ont été transmis au Directeur Général des Impôts.
AES-CEDEAO : le divorce consommé
La Confédération des États du Sahel (AES) affirme sa rupture définitive avec la CEDEAO lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères à Ouagadougou, le 26 janvier 2025. Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne, insiste sur l’irréversibilité de ce choix et la montée en puissance de l’AES comme nouvel acteur géopolitique. Sécurité, souveraineté et intégration sont au cœur des discussions, alors que les trois États entendent imposer leur vision face à une CEDEAO en quête de dialogue.
Par un froid matin de janvier, dans la capitale burkinabé, une réunion d’une importance capitale s’ouvre sous les auspices de la Confédération des États du Sahel (AES). À la tribune, une figure incarne la fermeté de cette union naissante : Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le ton est donné d’emblée : il ne s’agit pas d’un simple conclave diplomatique, mais d’un rendez-vous historique qui scelle un divorce avec la CEDEAO et ancre un nouvel ordre géopolitique au Sahel.
D’un air grave et solennel, Diop commence par saluer d’abord la chaleur de l’accueil burkinabé, « dans la pure tradition africaine et du Pays des Hommes Intègres ». Un hommage appuyé au leadership de Ibrahim Traoré, capitaine-président du Faso, et à la résilience d’un peuple qui, selon lui, fait face à des « actes de déstabilisation ».
Faire vivre « l’esprit AES »
Mais l’essentiel est ailleurs. Ce rendez-vous ministériel consacre une rupture inédite dans l’histoire sous-régionale : la sortie définitive du Mali, du Burkina et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Un tournant « irréversible », justifié par les circonstances qui ont conduit à cette décision et qui, selon Diop, « hélas, se poursuivent encore ». Le retrait du 28 janvier 2024 n’était donc que le premier acte. Le second, plus structurant, s’est joué le 6 juillet 2024 à Niamey avec la création de la Confédération AES, une alliance qui veut marquer une rupture totale avec l’ancien ordre ouest-africain.
« Que de chemin parcouru en six mois », s’enthousiasme le ministre malien. Sur le plan sécuritaire, la mutualisation des ressources a permis une avancée significative contre le terrorisme. « Je m’incline à la mémoire de toutes les victimes », dira-t-il en guise d’hommage. Côté diplomatique, un front commun s’est formé pour imposer la nouvelle réalité géopolitique sahélienne. Plus encore, ce qu’il appelle « l’esprit AES », une dynamique de solidarité et de coopération entre les trois États, s’est enraciné au sein des populations.
Le temps de l’attente est révolu
Mais alors que les ministres s’apprêtent à poser les bases des futures relations entre l’AES et la CEDEAO, Abdoulaye Diop ne manque pas de tacler l’organisation régionale. Il dénonce une instance « qui s’est écartée des principes qui ont présidé à sa création », suggérant que la CEDEAO n’incarne plus les aspirations des peuples sahéliens. En face, le Mali, le Burkina et le Niger ont, eux, rééquilibré les rapports de force et imposé le respect de leur souveraineté.
À l’heure où la CEDEAO tente de rouvrir le dialogue, l’AES entend ne rien céder. « Nos pays ont créé une nouvelle réalité géopolitique », assène Diop, martelant que les intérêts de la Confédération resteront au centre des négociations. La réunion d’Ouagadougou se veut donc une démonstration de force, un message clair aux partenaires ouest-africains et internationaux : le divorce est consommé, et l’AES avance résolument vers son destin. Le temps de l’attente est révolu, l’heure est à la confirmation.
A.D