Le Samedi 19 Avril 2025, à la Pyramide du Souvenir à Bamako, le Mouvement Génération Engagée a réuni citoyen·nes, acteurs de la société civile et médias autour du thème : « 1991 – 2024 : Quel bilan ? ». Yaya Sangaré était présent.
À Bamako, le soleil du pouvoir éclaire la santé publique
À Bamako, un hôpital sort de l’ombre grâce à l’énergie solaire. Sous l’impulsion du Président de la transition, le général Assimi Goïta, l’hôpital du Mali vient d’être équipé, le mercredi 9 avril 2025, d’un millier de panneaux solaires. Une initiative à la fois technique et politique, qui redonne souffle aux urgences, lumière aux blocs, et espoir à tout un système de santé en quête de stabilité.
Dans un pays où l’électricité vacille aussi souvent que les espoirs d’un lendemain meilleur, la lumière vient parfois d’en haut — au propre comme au figuré. À Missabougou, dans le quartier excentré mais symbolique de Bamako, c’est un soleil domestiqué qui s’est invité sur les toits de l’hôpital du Mali : 1 000 panneaux solaires, des batteries de stockage et des onduleurs totalisant une puissance de plus d’un mégawatt. Une installation d’envergure, qui ne doit rien au hasard, mais tout à la volonté politique.
5 000 litres de gasoil par mois, soit 4 millions de francs CFA
Le général d’Armée Assimi Goïta, Président de la transition, a fait de l’électrification des structures sanitaires un pilier de ses œuvres sociales. Un pari ambitieux dans un contexte où les coupures d’électricité sont aussi fréquentes que les consultations d’urgence. Après le Centre National d’Odonto-Stomatologie et l’hôpital dermatologique, c’est l’hôpital du Mali qui devient le dernier bastion à rejoindre cette révolution énergétique silencieuse.
Car il ne s’agit pas seulement de kilowatts et de panneaux. Il s’agit de vies humaines. De réanimation, d’urgences, de morgues et d’imagerie médicale. À l’heure où un souffle peut valoir une vie, les coupures de courant ne sont plus un simple désagrément technique, elles sont une ligne de front. Désormais, 400 kW iront à la réanimation, 100 kW aux urgences et à la morgue, tandis que 600 kWh seront alloués à la nouvelle et l’ancienne imagerie. Autrement dit, à ce qui permet de voir, de diagnostiquer, de comprendre — et donc de soigner.
Pour la directrice de l’hôpital, Dr Sanata Doumbia Sogoba, l’impact est immédiat : « Nous avons enfin la solution à beaucoup de problèmes. » Jusqu’ici, l’établissement carburait à 5 000 litres de gasoil par mois, soit 4 millions de francs CFA engloutis dans le bruit et les fumées des groupes électrogènes. Ce coût, aujourd’hui, appartient au passé. Et avec lui, une forme de dépendance.
« Développer le Mali par tous les moyens et avec tous les Maliens »
Mais ce n’est pas seulement un soulagement logistique. C’est aussi une victoire symbolique. Le ministre de la Santé, le médecin colonel Assa Badiallo Touré, n’a pas mâché ses mots : « Merci pour le soutien au peuple, en l’occurrence les malades, Monsieur le Président de la Transition. » Et d’ajouter, avec le ton de celle qui sait la fragilité du moment. L’entretien de ces installations sera une priorité. La gratitude, ici, va de pair avec la vigilance.
Aguibou Dembélé, conseiller spécial du Président, a tenu à inscrire ce geste dans une trajectoire plus large. Celle d’un Président qui, dit-il, a déjà initié 412 forages dans les écoles et les aires de santé à travers le pays. Une politique de proximité qui, sans faire de bruit, entend transformer le quotidien. « Développer le Mali par tous les moyens et avec tous les Maliens », résume-t-il. Une maxime qui sonne comme un programme, mais aussi comme une réponse aux sceptiques.
La visite des installations, menée tambour battant par les délégations, avait ce parfum bien malien des grandes cérémonies officielles. Mais derrière les discours, il y avait aussi les regards apaisés du personnel médical, les sourires discrets de ceux qui savent ce que cela signifie : un incubateur qui ne s’arrêtera plus, un scanner qui ne tombera pas en panne faute de courant, une salle de réveil qui portera enfin bien son nom.
À Bamako, ce jour-là, le soleil ne brillait pas seulement dans le ciel. Il brillait aussi sur les visages.
Chiencoro Diarra
Conseil supérieur de La Défense nationale
Koulouba, vendredi 18 avril 2025. Il est 9 h 36 lorsque le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, fait son entrée solennelle dans la salle du Conseil supérieur de la Défense nationale. Deux minutes plus tôt, le Premier ministre avait déjà pris place. À l’agenda, une mission cruciale : dresser le bilan sécuritaire et esquisser les lignes de front de la prochaine offensive républicaine. Son nom : Dougoukolokô.
Burkina Faso : Près de 2 500 violations graves contre les enfants en deux ans, alerte l’ONU
Le conflit armé qui secoue le Burkina Faso depuis plusieurs années continue de faire de nombreuses victimes, en particulier parmi les enfants. Entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2024, plus de 2 200 enfants ont été touchés par des violations graves, selon un rapport du Secrétaire général des Nations Unies publié en mars 2025.
Ce document, le tout premier consacré à la situation des enfants dans le conflit burkinabè, met en lumière l’ampleur des souffrances vécues par les plus jeunes. Ils ont été tués, blessés, enlevés, ou encore recrutés de force pour combattre au sein de groupes armés. Certaines de ces violations ont également été commises par les forces de sécurité nationales et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), précise le rapport.
Recrutement, meurtres et attaques, la guerre ne fait pas de distinction
Les groupes armés comme Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) sont responsables de la majorité des actes. Les enfants sont souvent utilisés comme soldats, porteurs, espions, ou sont tout simplement pris dans les feux croisés lors d’attaques ou d’opérations militaires.
Parmi les cas recensés, près de 1 400 enfants ont été tués ou grièvement blessés. Les frappes aériennes, les tirs croisés, les mines ou les engins explosifs improvisés figurent parmi les principales causes. En novembre 2023, une attaque menée par l’armée contre une base de JNIM a causé la mort de 111 enfants utilisés comme combattants.
Violences sexuelles, des filles particulièrement exposées
Le quotidien de nombreuses filles est devenu extrêmement dangereux. Certaines ont été enlevées et violées, souvent alors qu’elles allaient chercher de l’eau ou du bois. Le rapport de l’ONU recense 20 cas confirmés de violences sexuelles, dont un viol collectif ayant entraîné la mort d’une adolescente.
Ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité. Les cas de violences sexuelles sont très souvent sous-déclarés à cause de la peur, de la stigmatisation ou de l’absence de services adaptés. Le silence qui entoure ces violences rend leur prise en charge encore plus difficile.
Écoles et hôpitaux pris pour cibles
Le conflit a également de graves répercussions sur l’éducation et la santé. Plus de 5 300 écoles ont été fermées, privant près de 820 000 enfants de leur droit à l’éducation. Des enseignants ont été menacés, des établissements incendiés ou occupés à des fins militaires.
Les hôpitaux ne sont pas épargnés. Environ 400 structures de santé ont cessé de fonctionner, compromettant l’accès aux soins pour des centaines de milliers d’enfants. Certaines régions comme la Boucle du Mouhoun, le Sahel ou le Centre-Nord sont particulièrement touchées.
L’aide humanitaire bloquée ou attaquée
Les attaques contre les humanitaires se multiplient. Le rapport recense 96 cas de refus d’accès humanitaire. Des convois ont été bloqués, des ponts détruits, des dépôts de vivres pillés, et des agents humanitaires attaqués ou tués. Plus d’un million de personnes, dont de nombreux enfants, se trouvent aujourd’hui privées d’aide de première nécessité.
Cette situation aggrave une crise humanitaire déjà sévère. Les enfants sont exposés à la malnutrition, à des maladies non soignées, et à des risques accrus de violences dans un contexte d’extrême vulnérabilité.
Des efforts, mais encore insuffisants
Face à ces défis, quelques avancées positives ont été notées. Le Gouvernement burkinabè et l’ONU ont signé un protocole de transfert pour que les enfants capturés ou libérés des groupes armés soient pris en charge par des structures civiles. En 2023, six enfants ont été libérés de prison grâce à ce mécanisme.
Au total, 397 enfants ont bénéficié de programmes de réintégration, d’éducation ou de soutien psychosocial, souvent en partenariat avec des ONG locales. Des formations ont également été dispensées à plus de 11 000 membres des forces de défense sur les droits de l’enfant en situation de conflit.
L’ONU appelle à une action urgente
Malgré ces initiatives, les Nations Unies appellent toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les violences contre les enfants, à libérer ceux qui sont encore utilisés par les groupes armés, et à respecter le droit international humanitaire.
Le Secrétaire général de l’ONU insiste aussi sur la nécessité de renforcer les programmes de soutien, notamment pour les enfants victimes de violences sexuelles et ceux vivant dans les zones isolées. « Les enfants ne doivent jamais être des cibles. Ils ont besoin de paix, d’éducation et de soins pour espérer un avenir », rappelle l’ONU.
Fatoumata Togo, stagiaire
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Or malien : la rente souveraine prend de l’ampleur
Porté par la flambée du cours de l’or et l’entrée en vigueur partielle d’un nouveau code minier, le Mali enregistre une hausse spectaculaire de ses recettes issues de l’exploitation aurifère. En 2024, le Trésor public a encaissé plus de 835 milliards de francs CFA, une progression de plus de 50 % en un an. Derrière cette performance : une volonté assumée de souveraineté économique.
835,1 milliards de francs CFA. C’est le montant record versé par les compagnies minières au Trésor malien en 2024, soit l’équivalent d’environ 1,4 milliard de dollars. Une progression vertigineuse de +52,5 % par rapport à l’année précédente. Derrière ce chiffre, deux dynamiques se croisent : une stratégie de reprise en main du secteur extractif et une conjoncture internationale favorable.
Le principal levier de cette croissance ? L’entrée en vigueur — certes partielle — du nouveau code minier malien adopté en 2023. Ce texte, salué par les tenants d’une économie souveraine, permet désormais à l’État de détenir jusqu’à 35 % de participation dans les projets miniers. Une montée au capital qui ne se veut pas symbolique, mais stratégique.
Des projets pilotes emblématiques
Si cette législation ne s’applique pour l’instant qu’aux nouveaux projets, ses effets commencent déjà à se faire sentir. À Fekola Régional (opéré par le canadien B2Gold) ou encore à Sadiola (géré par Allied Gold), l’État malien marque sa présence comme jamais auparavant. Une manière de reprendre pied dans un secteur longtemps dominé par les multinationales, avec un rôle public limité à celui de simple percepteur de redevances.
Désormais, Bamako entend peser dans les conseils d’administration, surveiller les flux, et surtout, capter davantage de valeur ajoutée nationale. Car c’est bien là l’enjeu : que l’or malien ne brille plus seulement dans les bilans des groupes étrangers, mais dans les infrastructures, les écoles et les hôpitaux du pays.
L’effet cours de l’or : conjoncture ou opportunité ?
À cette réforme juridique s’ajoute un contexte économique porteur. Fin 2024, le cours de l’once d’or a frôlé les 2 600 dollars, un sommet historique. De quoi gonfler mécaniquement les redevances versées par les compagnies minières, et donner un second souffle aux ambitions budgétaires du gouvernement.
Mais cette envolée des prix ne saurait à elle seule expliquer la hausse. Le signal envoyé par le pouvoir de transition est clair : le temps d’une exploitation à sens unique semble révolu. À terme, les autorités souhaitent faire passer la part du secteur minier dans le PIB de 10 % (en 2022, selon l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, ITIE) à 20 %.
Une souveraineté économique en construction
Le pari est audacieux. Il suppose à la fois une montée en compétence des institutions, une stabilité juridique, et une capacité à attirer — ou à retenir — les investisseurs sans renoncer aux ambitions nationales. Mais il témoigne aussi d’une rupture. Celle d’un Mali qui ne veut plus se contenter de gérer la rente, mais qui veut en maîtriser les règles, la distribution, et le sens.
A.D
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À Koro, l’exode silencieux des réfugiés burkinabè : l’urgence d’un sursaut humanitaire
Alors que les regards sont ailleurs, le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, est devenu l’épicentre d’un exode silencieux. En une semaine seulement, près de 4 800 réfugiés burkinabés y ont trouvé refuge, fuyant les violences de la province du Sourou. Une situation critique qui interroge la capacité collective à protéger les plus vulnérables.
Depuis le début du mois d’avril 2025, le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, vit au rythme d’un drame humain silencieux. En l’espace d’une semaine, ce ne sont pas moins de 4 800 réfugiés burkinabè qui ont franchi la frontière pour se réfugier sur le sol malien, fuyant la terreur des groupes armés radicaux qui continuent de semer le chaos dans la province de Sourou, au Burkina Faso.
Ces familles, venues notamment de Grand Mara, Thiou, Kassoum ou encore Barani, ont tout abandonné derrière elles : maisons, bétail, espoirs. Elles fuient l’insécurité, la peur, la mort, pour se réfugier à quelques kilomètres à peine de la frontière – 36 km exactement – dans un espace déjà saturé, déjà meurtri par une instabilité chronique. Car Koro, cette commune du pays dogon, n’en est pas à sa première crise. À ses 83 000 habitants, s’ajoutaient déjà 63 651 réfugiés au 31 mars. L’afflux de ces nouveaux 815 ménages aggrave une situation déjà critique.
Une situation explosive dans un espace exigu
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 571 réfugiés en moyenne par jour depuis le 7 avril, répartis à travers 48 localités dans un espace totalement inadapté à une telle pression démographique. L’urgence est partout : pas d’abris, manque de latrines, vivres insuffisants, besoin de soutien psychologique, et absence de documentation civile.
Face à ce constat, le HCR, le Gouvernement du Mali et leurs partenaires ont mis en place une réponse coordonnée. Le PAM, l’UNICEF, le CNCR, ACEF, UNFPA et d’autres acteurs sont mobilisés, mais les besoins dépassent de loin les capacités existantes. La mobilisation est réelle, mais les ressources manquent. L’appel à la solidarité nationale et internationale est pressant.
Derrière les chiffres, des visages
À travers ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, ce sont des communautés entières – Samogo, Dogon, Mossi – qui fuient le pire. Les récits des déplacés sont empreints de détresse, mais aussi de résilience. Éleveurs, agriculteurs, petits commerçants, ils espèrent une vie plus digne, de l’autre côté de la frontière, dans un pays frère.
Mais que faire quand le pays d’accueil lui-même est en proie à l’instabilité sécuritaire, à des défis logistiques et à un tissu social déjà fortement éprouvé ? La réponse humanitaire ne peut plus se contenter d’être réactionnelle. Elle doit être systémique, durable, inclusive.
Un appel à l’action, au-delà de la compassion
Ce nouveau drame interroge les capacités d’anticipation de la communauté internationale, et met à nu les limites structurelles de l’humanitaire dans le Sahel. Si rien n’est fait, Koro risque de devenir le symbole d’un abandon, d’une région que la violence, l’oubli et la misère auront peu à peu vidée de ses forces vives.
Le HCR et ses partenaires plaident pour une augmentation urgente des ressources. Mais ce combat est aussi celui de la dignité humaine, de la solidarité régionale, de l’engagement politique à protéger les plus vulnérables.
Le Mali, terre d’hospitalité, joue une fois encore un rôle crucial dans la stabilisation de la région. Mais il ne peut porter seul le fardeau d’un désastre humanitaire aux proportions grandissantes. Le cercle de Koro a besoin d’aide. Maintenant.
A.D
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SYNABEF : La grève suspendue après des avancées avec le gouvernement malien
Le vendredi 18 avril 2025, dans la fraîcheur crépusculaire des salons de la Primature, une page s’est tournée dans le rapport complexe entre le gouvernement de Transition et l’un des syndicats les plus structurés du pays, le SYNABEF. Au terme d’une rencontre décisive, la suspension du mot d’ordre de grève initialement enclenché le jeudi 17 avril 2025 a été actée, mettant un terme – du moins temporairement – à une tension sociale qui menaçait d’impacter lourdement les secteurs clés de la finance, des assurances et du commerce.
Dans un Mali en reconstruction, chaque soubresaut social est perçu comme un test grandeur nature de la capacité du régime à conjuguer autorité et dialogue. Et cette fois, le gouvernement de la Transition, par la voix de son Premier ministre, a su manier avec habileté l’art subtil de la conciliation. Face à une délégation syndicale représentative de toutes les sections du SYNABEF, le chef du gouvernement a défendu une ligne de fermeté responsable : reconnaissance des préoccupations, promesse d’actions concrètes, mais surtout, volonté affichée d’instaurer un climat durablement apaisé.
« Nous ne ménagerons aucun effort pour honorer tous nos engagements »
Abdoulaye Keïta, 1er Secrétaire général adjoint du SYNABEF, n’a pas manqué de saluer cette posture, mettant en avant « l’implication réelle du gouvernement dans la résolution des points de revendication ». Une déclaration qui en dit long sur le climat de confiance retrouvé, et qui vient valider la stratégie de la Transition : ne jamais rompre le fil du dialogue, même dans les moments les plus tendus.
Au nom du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, le Premier ministre a exprimé sa satisfaction, insistant sur la nature constructive des échanges. « Nous ne ménagerons aucun effort pour honorer tous nos engagements », a-t-il affirmé avec gravité, martelant que la préservation d’un climat social serein est au cœur de la vision gouvernementale.
La réunion, tenue sous l’œil vigilant du ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Fassoun Coulibaly, vient rappeler une vérité souvent oubliée : dans un État en refondation, la paix sociale ne se décrète pas, elle se construit. Et elle commence, toujours, par la parole donnée – et tenue.
La rédaction