Le blogueur a l’impression que nul ne le soutient dans son travail. Ceux pour qui il se bat le considèrent comme un pauvre monsieur à la recherche du pain quotidien, comme un individu qui critique les situations d’injustice afin de se faire une place dans sa communauté. D’autres même partent jusqu’à le considérer comme un chômeur qui, pour ne pas s’ennuyer de sa situation, n’ayant rien à faire, passe toute la journée sur les réseaux sociaux. Pourtant, être un blogueur est loin de tous ces préjugés.
En Afrique, le blogueur est très mal perçu non seulement par les hommes politiques, les religieux, mais aussi par les simples citoyens. Les blogueurs africains se trouvent alors entre plusieurs pôles d’adversité. Les uns les considérant comme des perturbateurs de l’ordre social, qui est peut-être d’ailleurs un mauvais ordre social ; les autres les considérant comme des mécréants ne respectant aucun principe des religions révélées. D’autres encore prennent le blogging comme une futilité, un gaspillage d’argent.
Bloging comme futilité
En effet, j’ai prouvé à plusieurs reprises à certains de mes proches qui s’énervaient de mes frais de forfaits. Ils trouvaient que j’investissais des sommes colossales dans le forfait et dans les achats de téléphones pour une activité inutile. Mais je n’ai pas tardé à les faire changer d’avis à travers tout ce que le blogging m’apportait comme revenu.
Toutes les critiques adressées au bloging et au blogueur se ramènent à une seule et unique chose, à savoir une méconnaissance de cette activité en Afrique et par les Africains. C’est dans ces dernières années qu’elle commence à prendre de plus en plus d’ampleurs. Dans ce contexte, il convient de se convaincre d’une chose : les premiers dans toute chose sont ceux qui souffrent le plus. Telle est la situation dans laquelle les blogueurs africains se trouvent aujourd’hui.
Le bloging est une activité qui est vue comme du gaspillage par beaucoup de citoyens et c’est d’ailleurs ce qui empêche moult intellectuels à rejoindre la blogosphère africaine. En voyant ce fort besoin d’être constamment présent sur la toile et surtout sur les réseaux sociaux, d’animer son blog sans aucune rémunération ou encouragement de la part de quiconque, certains décident tout simplement de se consacrer à autre chose qui puisse leur rapporter au moins quelques sommes d’argent.
Pourquoi ces incompréhensions ?
Toutes ces difficultés restent tributaires du manque de culture sur cette activité en Afrique, sinon le bloging est la seule activité aujourd’hui avec laquelle nous sommes en mesure de gagner des millions sans quitter sa chaise. Il suffit de lire le livre de Roland, « Vivre la vie de ses rêves », pour s’en convaincre. Au Mali, au Burundi, etc., nombreux sont les blogueurs qui gagnent leur vie dans cette activité.
Notons également que les blogueurs sont largement sollicités à écrire des articles sponsorisés, à vendre des produits en ligne, faire des publicités, écrire des chroniques pour des auteurs, etc. Or, tous ces trucs ne sont pas très en vogue en Afrique, un continent d’oralité. Un continent, où l’oralité a plus de valeur, la culture de l’écriture aura toutes les peines à se développer. C’est ce qui explique aussi tous ces problèmes auxquels les blogueurs sont confrontés sur ce continent.
Le découragement n’est pas blogueur
Une autre difficulté à laquelle les blogueurs se trouvent confronter en Afrique, une difficulté liée aux autres en partie, est le manque de « followers ». Cette situation décourage plein de blogueurs à faire des productions régulières. Nous écrivons en vue de faire passer un message à notre communauté. S’il se trouve que celle-ci ne nous prend pas au sérieux, alors nous voyons que notre effort est vain.
Un collègue de la communauté des blogueurs du Mali m’a une fois confié tout son dégoût en ce qui regarde la production des billets, puisque personne ne lisait ce qu’il produisait. Du coup, lui, il se contentait de faire des publications sur les réseaux sociaux. Cette situation est dangereuse pour l’avenir du bloging au Mali, en particulier, et en Afrique en général. Même si vos communautés ne vous prennent pas au sérieux, continuez à faire vos productions. Je me rappelle que c’était cela le conseil que me donnait à tout moment mon coach en bloging, Ousmane Makaveli Traoré, un Mondoblogueur, qui a d’ailleurs écrit, à un moment donné, un article intitulé « Comment bloguer dans un pays où on ne lit pas ? ». Dans cet article, il montrait des voies et moyens à ses collègues maliens pour réussir à gagner plus en visibilité et en crédibilité auprès de leurs concitoyens.
« L’avenir est ouvert » !
Par ailleurs, avec plus de patience et de persévérance et surtout aussi de conviction en ce qu’ils font, les blogueurs africains deviendront certes les leaders de demain en Afrique. Car l’internet est en train de faire des prouesses tous les jours. Les nouvelles technologies apportent quotidiennement des merveilles. À cet effet, les Africains finiront par comprendre l’importance de la toile et de ces « drogués », comme nous nous plaisons à les appeler au Mali. En effet, ce sera le sens même du développement du monde qui va exiger le recours aux blogueurs dans beaucoup de secteurs pour faire les promotions, les sponsorings, les couvertures médiatiques, etc. Le blogging pourrait d’ailleurs beaucoup influencer la presse écrite dans un futur proche. Prenons au sérieux ce que nous faisons !
Fousseni Togola
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