Le 2 août 2024, Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali, a adressé une lettre à Choguel K. Maïga, chef du gouvernement de transition, pour annoncer sa décision de renoncer à tous les avantages financiers liés à son ancien poste. Cette décision de Mara est une manœuvre politique pour redorer son image. Son passé à Kidal montre qu’il préfère les gestes symboliques aux actions concrètes et efficaces.
Dans un paysage politique souvent assombri par les nuages de la corruption et du privilège, la décision de Moussa Mara de renoncer à ses avantages financiers peut sembler comme un acte de probité et d’intégrité, visant à montrer un chemin vers une gestion plus équitable et transparente des ressources publiques. Cependant, son passé à Kidal et ses décisions controversées laissent planer le doute sur la sincérité de ses intentions.
Un épisode mémorable et controversé
Pour comprendre la portée de sa démarche, il est essentiel de revenir sur le parcours politique de Moussa Mara. Élu maire de la Commune IV de Bamako en 2009, Mara s’est rapidement fait un nom grâce à sa gestion efficace et sa proximité avec les citoyens. Cependant, c’est son passage en tant que Premier ministre de 2014 à 2015 qui a véritablement marqué sa carrière. Nommé à ce poste par le président Ibrahim Boubacar Keïta, il a dû faire face à des défis immenses, notamment la gestion de la crise sécuritaire au nord du Mali.
L’épisode le plus mémorable et controversé de son mandat reste sa visite à Kidal en mai 2014. Cette visite, qui se voulait être un geste de réaffirmation de l’autorité de l’État dans une région en proie à des tensions séparatistes, s’est soldée par des affrontements violents entre l’armée malienne et les groupes rebelles touaregs, faisant plusieurs morts. Cet incident a non seulement mis en lumière les fragilités de l’appareil sécuritaire malien, mais il a aussi entaché la réputation de Mara, le faisant apparaître comme un dirigeant imprudent aux yeux de certains observateurs. Certains critiques ont souligné que cette visite aurait pu être mieux préparée, voire évitée, afin de ne pas exacerber les tensions déjà présentes dans la région.
Préparer un retour sur le devant de la scène politique
Après son départ du poste de Premier ministre, Mara a continué à jouer un rôle actif sur la scène politique malienne, souvent en tant que critique des politiques gouvernementales et défenseur de réformes économiques et sociales. Sa récente décision de renoncer à ses avantages financiers s’inscrit dans cette lignée d’actions visant à projeter une image de probité et de responsabilité. Cependant, il est légitime de se poser des questions sur les véritables motivations derrière ce geste.
Est-ce un acte sincère de patriotisme et de solidarité envers le peuple malien, ou une stratégie politique bien calculée pour regagner la confiance et la sympathie d’une population désabusée par les élites politiques ? Les critiques pourraient arguer que ce geste arrive à un moment opportun, alors que le Mali traverse une période de profonde incertitude sécuritaire, politique et économique, et que Mara pourrait être en train de préparer un retour sur le devant de la scène politique.
Une incitation à la réduction des dépenses inutiles
Il est également important de noter que ce geste de renonciation aux avantages financiers, bien que symbolique, ne représente qu’une petite fraction des défis économiques auxquels le Mali est confronté. Les 700 000 FCFA d’indemnités mensuelles, ainsi que les factures d’électricité, d’eau et de téléphone mobile, bien qu’importants, sont négligeables comparés aux sommes colossales nécessaires pour remettre le pays sur la voie du développement. Néanmoins, ce geste peut servir de catalyseur pour encourager d’autres personnalités politiques et fonctionnaires à adopter des mesures similaires de réduction des dépenses inutiles.
Cependant, il est crucial de rester vigilant et critique quant aux suites de cette décision. Les modalités pratiques du transfert de la charge de paiement des factures concernées doivent être clairement établies et transparentes. De plus, il serait pertinent de suivre de près comment ces économies seront réellement réinvesties pour le bénéfice des populations maliennes. La transparence et la reddition de comptes seront des éléments clés pour évaluer l’impact réel de cette initiative.
Younouss
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