Après plusieurs années de turbulences financières et de critiques sur la gestion de ses fonds, l’Autorité Routière du Mali – aujourd’hui Fonds d’Entretien Routier (FER) – semble enfin retrouver le bon sens de la marche. Le dernier rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG), publié à Bamako, dresse un constat nuancé : des progrès indéniables, mais encore des zones d’ombre administratives qui freinent la pleine efficacité de l’institution chargée de l’entretien du réseau routier national.
Dans un pays enclavé comme le Mali, où plus de 89 000 kilomètres de routes relient les zones agricoles aux centres urbains, la route n’est pas qu’un ruban d’asphalte : c’est une artère vitale. Elle irrigue l’économie, fait circuler les produits agricoles, relie les marchés et alimente les échanges régionaux.
Mais depuis plusieurs années, les critiques pleuvaient sur la gestion de l’Autorité Routière – manque de transparence, retards dans les travaux, faiblesse du contrôle budgétaire. C’est pour remettre de l’ordre que le BVG a lancé une évaluation du suivi des recommandations issues de ses précédents audits.
Des signaux encourageants
La moitié des recommandations ont été totalement appliquées, un progrès salué par le Vérificateur Général. L’institution a désormais un règlement intérieur adopté, une régie d’avances opérationnelle, un archivage plus rigoureux des carnets de tickets de péage, et un processus d’appel d’offres conforme aux normes de transparence publique.
Ces réformes, techniques mais essentielles, marquent le retour d’une discipline administrative longtemps absente. « La dynamique de redressement est réelle », note le rapport, tout en félicitant la direction du FER pour la modernisation de ses outils de suivi.
Mais la route reste semée d’embûches
Derrière ces chiffres, une autre réalité persiste : quatre recommandations partiellement appliquées et une non exécutée. En clair, le chantier est loin d’être terminé.
Certaines lacunes paraissent mineures mais révèlent des problèmes structurels : l’absence d’un comptable principal des matières, la non-certification des carnets de tickets par l’Agent Comptable, et la lenteur dans la validation du manuel de procédures administratives.
Autant de retards qui, selon le BVG, tiennent autant à la lenteur bureaucratique qu’à un enchevêtrement institutionnel entre le ministère de l’Économie, celui des Infrastructures et la direction du FER.
L’enjeu dépasse la simple question de gestion. Il touche à la crédibilité de l’État dans sa capacité à administrer les ressources publiques avec rigueur. Dans un contexte où le Mali mise sur le désenclavement pour relancer sa croissance et soutenir les investissements régionaux, chaque kilomètre de route mal entretenu se traduit en pertes économiques. Car la route est le premier signe visible de la souveraineté. Si elle est négligée, c’est toute la machine nationale qui ralentit.
Le bitume comme métaphore du renouveau
Le BVG, tout en saluant les avancées, appelle à accélérer la mise en œuvre des mesures restantes et à consolider les acquis administratifs. L’institution encourage la digitalisation complète des postes de péage et une meilleure coordination entre les acteurs publics et privés du secteur afin d’éviter que la transparence administrative ne reste une promesse sur papier.
Le Mali, en redéfinissant la gestion de son fonds routier, cherche à bâtir une souveraineté logistique et économique cohérente avec les ambitions de « Mali Kura ». Le BVG, en gardien discret de la probité publique, trace la voie : la transparence n’est pas une option, mais une route à entretenir avec la même vigilance que les grands axes nationaux.
A.D
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