Home Art et Culture #AuMondeDesEaux 11 : l’installation finale

#AuMondeDesEaux 11 : l’installation finale

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Dans ce onzième et dernier épisode de notre série de billets fictifs « Au monde des eaux », il est surtout question de l’hospitalité et de la cohésion sociale.

Mon père ordonne à ma mère de préparer une chambre pour moi et ma femme. J’ai demandé à mon âme sœur d’aller aider sa belle-mère à faire le ménage. Entre temps, je discutais avec mon père. Je lui demandais les nouvelles de mes autres frères et sœurs, et surtout ma petite sœur bien-aimée et méchante qui a entraîné mon départ forcé. À cette demande, il me fait savoir que tous mes frères s’étaient rendus à l’étranger afin de poursuivre leurs études dans d’autres universités. Quant à ma sœur, elle n’a pas réussi à être dans un foyer. Elle est toujours sans enfants. Finalement, elle a décidé de s’en aller. Personne ne sait où elle est réellement partie.

Lorsque la chambre a été bien aménagée, j’installe les bagages à l’intérieur. Dans la chambre, je voyais plein d’autres bagages stockés dans un coin. J’étais sûrement le seul à les voir pour le moment. Pendant que j’étais en compagnie de ma femme à l’intérieur, mon père et ma mère sont sortis pour se rendre chez le chef de village afin de lui annoncer mon retour. À la grande surprise de mes parents, le chef de village leur fait comprendre qu’il attendait depuis plus de quatre ans ce grand jour qui lui avait été annoncé par le vieux bozo du village. Il se met alors à raconter l’histoire : « Lorsque le jeune homme avait disparu et qu’on l’avait cherché en vain sur la surface. On avait décidé sur la base d’un indice, ses chaussures, d’aller fouiller le fond du fleuve. C’est de là que le vieux bozo est retourné avec une impression sans preuve palpable d’un possible enlèvement du garçon, car, dit-il, il sentait de l’odeur humaine au fond du fleuve. Puisqu’il n’y avait pas de preuves et de peur de ne pas vous donner de faux espoirs, je lui ai strictement interdit de lui en parler à qui que ce soit. »

Pendant tout ce temps, les villageois continuaient à nous considérer comme des ressuscités, des morts-vivants, et nous ne pouvions même pas encore sortir dans la rue pour ne pas causer la panique. Par contre, d’autres venaient par curiosité nous rendre visite afin de s’assurer qu’il s’agissait bel et bien de moi. Parmi ces hommes qui venaient me rendre visite, il y avait d’autres que je connaissais et d’autres non. Tout compte fait, j’avais déjà tissé une amitié avec certains d’entre eux.

Pour pallier cette situation, le chef de village convoque les habitants à une grande réunion. Au cours de celle-ci, il leur explique toute ma situation du début jusqu’à la fin. En fin de compte, il demande à tous les villageois de rester sereins, de ne plus se paniquer puisque je ne suis pas un zombie comme beaucoup le pensent. Seulement, la situation familiale était devenue difficile pour moi et j’avais été contraint à l’exil.

Il recommande alors à ces « dugu ndew » (aux villageois) de me traiter comme tout le monde. « Maintenant qu’il est de retour, allons lui souhaiter les bienvenus parmi nous et lui témoigner toute notre joie », a-t-il recommandé.À ces mots, tout le monde se dirige vers notre logement. Dès ce jour, on a cessé de me traiter comme un ressuscité ; je suis devenu comme tout le monde. Ma femme et moi pouvions nous promener désormais comme bon nous semblait sans craindre d’entraîner la moindre panique dans le village.

Fin !

Fousseni Togola

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