Le trafic de drogue en Afrique est généralement encouragé par l’implication de hauts responsables politiques ou militaires dans le réseau. Pour réussir le combat contre ce fléau, une véritable coopération est certes indispensable, mais il faut aussi la dislocation des réseaux de complicité mis en place pour une meilleure coordination de ce trafic.
« Les guerres civiles ont reculé, la démocratie a gagné du terrain et nos économies sont en pleine croissance. Mais une nouvelle menace pèse sur ces progrès : avec la complicité d’acteurs locaux, les réseaux internationaux de trafic de drogue déstabilisent nos pays et nos communautés et détruisent des vies », souligne le rapport « Pas seulement une zone de transit : drogue, État et société en Afrique de l’Ouest », publié en 2014 par la Commission ouest-africaine sur les drogues. En effet, près de 20 à 40 tonnes d’héroïne arrivent en Afrique chaque année, selon les Nations unies. Cette forte circulation de la drogue en Afrique est en grande partie tributaire de l’implication de hauts responsables, notamment d’hommes politiques dans le réseau.
Implication de hauts responsables
Dans une de ses études, l’ENACT démasque tout le circuit de l’argent sale issu de la drogue. En effet, il est indiqué que l’argent provenant du commerce de ce stupéfiant est généralement utilisé par des hommes politiques « pour financer le favoritisme et les campagnes électorales ». Pour être plus clair, l’ENACT explique que le commerce de l’héroïne surtout a participé, tant bien que mal, au développement urbain en Afrique.
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La Commission Ouest africaine sur les drogues explique dans son rapport de 2014 comment la Guinée-Bissau est devenue une plaque tournante du trafic de drogue : « En 2005, des trafiquants de drogues colombiens auraient financé la campagne de réélection dispendieuse du Président João Bernardo “Nino” Vieira, le mettant ainsi de fait, lui et son pays, au service des trafiquants de drogues. » Ce qui se serait traduit, par la suite, par l’implication de hauts responsables dans le réseau, parmi lesquels des militaires pour lesquels le phénomène était devenu une activité économique génératrice de revenus, explique-t-on.
Venir à bout du trafic de drogue
Ce phénomène doit cesser pour donner à ce continent un développement durable. C’est pourquoi l’ENACT ne se limite pas à branler seulement son arme critique. Elle fait des propositions aux gouvernements. Car il estime que « sans une réponse officielle aux problèmes générés par les marchés illicites, il y aura une augmentation de la violence des gangs, des abus de la police et des attaques de justiciers ». D’où la nécessité, selon lui, pour les gouvernements, de lutter contre la corruption systémique de la police et des policiers locaux par les trafiquants de drogue. À côté de cela, il invite à des interventions à long terme afin de faire face à l’économie illicite et à ses moteurs sociaux.
Pour sa part, la Commission Ouest africaine invite la communauté internationale à appuyer les États africains dans ce combat. « Les nations dont les citoyens consomment de grandes quantités de drogues illicites se doivent d’apporter leur contribution et de proposer des solutions humaines afin de faire reculer la demande », lit-on dans le rapport de la Commission. À côté de cela, les dirigeants politiques africains doivent également se donner la main pour venir à bout de ce phénomène. Ils doivent, pour réussir le pari, « changer les lois et les politiques qui se sont révélées inefficaces, en collaboration avec la société civile, qui doit être pleinement impliquée dans ce processus ».
Fousseni Togola
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