Le 11 juillet 2023, la Journée africaine de lutte contre la corruption et le 20e anniversaire de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption ont été commémorés. Une occasion de rappeler toutes les répercussions de la corruption sur le fonctionnement normal des États Ouest et Centrafricains.
Les défenseurs des droits humains qui dénoncent la corruption, les pots-de-vin et les abus de pouvoir doivent être suffisamment protégés dans l’exercice de leur travail, par les États d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Cela, à travers des mesures concrètes et efficaces, a déclaré Amnesty International, le mardi 11 juillet 2023, à l’occasion de la Journée africaine de lutte contre la corruption et du 20e anniversaire de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption.
« La corruption est une question de droits humains »
Intitulé « La lutte contre la corruption en péril. La répression contre les défenseur·e·s anticorruptions en Afrique de l’Ouest et du Centre », l’organisation déplore que dans cette région les défenseurs des droits humains qui « combattent la corruption risquent des arrestations, du harcèlement, des placements en détention, de lourdes amendes et même la mort en dénonçant ces agissements ». Pourtant, leur rôle est crucial dans la lutte contre la corruption et la défense des droits fondamentaux.
Selon Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, « les gouvernements de la région doivent se montrer à la hauteur de leurs obligations internationales en matière de droits humains, qui sont notamment de respecter, de protéger, de promouvoir et de réaliser les droits de celles et ceux qui prennent position contre la corruption et défendent les droits fondamentaux ». L’organisation exhorte les États de cette région à remédier à la « culture généralisée de l’impunité qui continue d’alimenter la corruption endémique, contribue à des atteintes supplémentaires aux droits humains et prive les victimes d’accès à la justice et à des voies de recours efficaces. »
« La corruption est une question de droits humains », indique Agnès Callamard tout en précisant qu’elle « interfère dans la jouissance effective des droits individuels et collectifs garantis par les traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains. Elle entrave la capacité des agents de l’application des lois, des juges, des procureurs et des avocats à s’acquitter de leurs fonctions de manière impartiale ». Amnistie internationale explique toutes les répercussions de la corruption sur le bon fonctionnement des services clés de l’État. Selon ses précisions, elle « entraine des mauvais traitements, la torture ou des décès en détention. Elle prive les couches économiquement et socialement vulnérables de la société de revenus et affaiblit la capacité des États à s’acquitter de leurs obligations en matière de droits humains », a déclaré Agnès Callamard.
Tenir un langage de vérité aux autorités
Dans une lettre ouverte à l’Union africaine, le 11 juillet dernier, Transparency international a souligné la nécessité d’une action urgente de lutte contre la corruption en vue de garantir les droits fondamentaux. Il exhorte les dirigeants de l’Union africaine (UA) « à tenir leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et à prendre des mesures concertées pour mettre fin à la corruption dans la région ». Transparency International « souligne la nécessité d’accélérer les stratégies visant à lutter contre les flux financiers illicites, à garantir aux citoyens africains des services de base sans corruption et de progresser vers la ratification et la mise en œuvre complètes de la convention ».
Fabrice K. Ebeh, directeur exécutif de Transparency International-Togo, a déclaré : « L’adoption par les dirigeants africains de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption il y a deux décennies a montré un engagement résolu à lutter contre la corruption dans la région. Aujourd’hui, à une époque et dans une région où l’interaction entre la démocratie, la sécurité et le développement revêtent une importance significative, il devient urgent pour eux de transformer ces engagements en actions résolues pour éliminer la corruption. Ce faisant, ils peuvent sauvegarder les droits fondamentaux des populations africaines ».
Selon Amnesty International, en Afrique de l’Ouest, « seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseur·e·s des droits humains, et seul le Ghana possède une législation visant spécifiquement à protéger les lanceurs et lanceuses d’alertes ». L’organisation estime toutefois important de garantir « l’exercice des droits des personnes qui combattent la corruption et de veiller à ce que la société civile et la presse puissent tenir un langage de vérité aux autorités ». Car la « corruption est un fléau qui a un effet destructeur sur les droits humains ».
Oumarou
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