En Afrique, toutes les attentions sont portées aujourd’hui sur la problématique de la crise alimentaire. Un phénomène qui reste lié à plusieurs autres crises sur le continent, mais dont l’accentuation pourrait entrainer des mouvements de protestations.
Crises sécuritaire, sanitaire, crise alimentaire et nutritionnelle, les populations africaines souffrent de beaucoup de maux. Des problèmes qui, s’ils ne sont pas pris à la mesure du risque, pourraient entrainer une explosion sociale sans précédent.
Des problèmes interdépendants
La quasi-totalité de ces problèmes dont nous venons de faire mention est liée les uns aux autres. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle n’est que le corollaire des crises sécuritaires qui frappent terriblement plusieurs régions de l’Afrique. Cela, depuis la chute du guide libyen, Mouammar Kadafi, selon plusieurs analystes.
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Depuis l’explosion de la crise malienne en 2012 avec le coup d’État militaire, l’insécurité n’a fait que s’accentuer. Avec des effets directs sur les paysans empêchés de mener leurs activités agricoles. Cela a surtout commencé avec le conflit dans la région de Mopti depuis 2015. Un conflit nourri par la crise du nord, mais aussi par les aléas climatiques.
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Les conflits, les aléas climatiques ainsi que la crise alimentaire et nutritionnelle peuvent entraîner une crise sanitaire. Aujourd’hui, que ce soit dans cette région du monde ou dans le reste de la planète, c’est la pandémie de coronavirus qui occupe toutes les attentions. C’est elle qui aggrave la situation humanitaire dans cette région et qui est susceptible d’alimenter ces crises sécuritaires. Car ventre vide n’a point de conscience.
Les pouvoirs à pieds d’œuvre
C’est sûrement en conscience de cette situation complexe que les politiques du continent, notamment ceux de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) tentent de trouver une solution rapide. Afin d’éviter des explosions sociales qui pourraient engendrer d’autres crises cette fois-ci politiques et institutionnelles.
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Les ministres de l’Agriculture et de l’Élevage des pays membres de l’UEMOA se sont penchés sur la problématique le mardi 19 mai 2020 par visioconférence. À cette occasion, le président de la Commission de l’UEMOA, Abdallah Boureima n’a pas manqué à faire remarquer : « Notre région vit des moments particuliers de son histoire récente, marquée par une détérioration sans précédent de la situation alimentaire et nutritionnelle des populations, sous les effets combinés des crises sécuritaire et sanitaire. »
Alerte lancée bien avant le coronavirus
M. Boureima indiquait par la même circonstance que bien avant l’avènement de la covid-19, le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) de l’UEMOA avait alerté sur la recrudescence de l’insécurité alimentaire dans la zone durant la période de juin-juillet, appelée période de soudure. Il avait souligné que plus de 6 millions de personnes pourraient être touchées par ce fléau. Une première dans la zone.
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Le président de l’Union précisait par la même occasion : « Avec la survenue de la pandémie du Covid-19 et l’adoption des mesures restrictives, les Experts nous disent que le nombre de populations en situation de besoins d’assistance alimentaire immédiate pourrait plus que doubler. »
Face à une telle situation susceptible d’entraîner des grognes sociales d’un niveau plus violent, les pouvoirs publics réfléchissent pour la mise en place d’initiatives urgentes afin de contrer cette catastrophe annoncée.
Togola
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