Home A la Une AES : l’ombre de Paris plane toujours sur les révolutions africaines

AES : l’ombre de Paris plane toujours sur les révolutions africaines

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À l’heure où l’AES attire l’attention diplomatique du Ghana, du Togo et même de la Côte d’Ivoire, l’euphorie populaire masque mal une vérité plus sourde, celle du retour insidieux des anciennes puissances coloniales. Derrière les mots d’amitié, le spectre de la Françafrique rôde. Et si la souveraineté n’est pas constamment défendue, elle se dissout. 

Il y a dans les applaudissements qui saluent les récentes visites diplomatiques du Ghana et du Togo au sein de l’AES, comme un parfum d’illusion consentie. On s’en félicite dans les rues de Bamako, de Niamey ou d’Ouagadougou. Voilà que le monde « reconnaît » enfin cette Confédération née d’un refus, celui d’une CEDEAO jugée soumise, d’un ordre ouest-africain aux ordres de la Françafrique. Pourtant, dans ces accolades officielles et ces déclarations de bonne volonté, c’est l’ombre du retour du maître qui plane.

Car l’Histoire l’a prouvé, l’Empire ne meurt jamais tout à fait. Il se métamorphose. Il recule pour mieux revenir. Il agit sans visage. La France, humiliée par l’émancipation brutale des peuples sahéliens, n’a pas renoncé. Elle attend son heure, son angle mort, son détour par Accra, Lomé ou Abidjan.

Le colon d’hier se drape aujourd’hui dans le costume du partenaire stratégique

Accueillir à bras ouverts ces États, sans exiger d’eux une rupture claire avec les anciennes dépendances, c’est courir le risque de réintroduire le poison dans le sang. La vigilance révolutionnaire ne peut se satisfaire d’un simple discours souverainiste.  Elle exige une lecture radicale des alliances, une déconstruction des symboles, une lucidité sans trêve.

Car le danger ne vient jamais là où le regard populaire se porte. Il se loge dans les ententes feutrées, dans les mots creux prononcés en conférences de presse. Il se faufile entre les bras tendus des présidents modérés, pour mieux poignarder dans le dos l’élan des peuples insurgés.

La Confédération des États du Sahel est à un carrefour. Elle peut devenir l’ébauche d’un panafricanisme authentique, ou être phagocytée, neutralisée, et reconfigurée par les forces qu’elle croyait avoir mises à la porte. À ses dirigeants, à ses peuples, de se souvenir que l’indépendance n’est pas un moment, mais un combat permanent. Et que le colon d’hier se drape aujourd’hui dans le costume du partenaire stratégique.

Le colonialisme a changé de forme. Il n’a pas changé de projet.

A.D


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