La Confédération des États du Sahel (AES) affirme sa rupture définitive avec la CEDEAO lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères à Ouagadougou, le 26 janvier 2025. Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne, insiste sur l’irréversibilité de ce choix et la montée en puissance de l’AES comme nouvel acteur géopolitique. Sécurité, souveraineté et intégration sont au cœur des discussions, alors que les trois États entendent imposer leur vision face à une CEDEAO en quête de dialogue.
Par un froid matin de janvier, dans la capitale burkinabé, une réunion d’une importance capitale s’ouvre sous les auspices de la Confédération des États du Sahel (AES). À la tribune, une figure incarne la fermeté de cette union naissante : Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le ton est donné d’emblée : il ne s’agit pas d’un simple conclave diplomatique, mais d’un rendez-vous historique qui scelle un divorce avec la CEDEAO et ancre un nouvel ordre géopolitique au Sahel.
D’un air grave et solennel, Diop commence par saluer d’abord la chaleur de l’accueil burkinabé, « dans la pure tradition africaine et du Pays des Hommes Intègres ». Un hommage appuyé au leadership de Ibrahim Traoré, capitaine-président du Faso, et à la résilience d’un peuple qui, selon lui, fait face à des « actes de déstabilisation ».
Faire vivre « l’esprit AES »
Mais l’essentiel est ailleurs. Ce rendez-vous ministériel consacre une rupture inédite dans l’histoire sous-régionale : la sortie définitive du Mali, du Burkina et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Un tournant « irréversible », justifié par les circonstances qui ont conduit à cette décision et qui, selon Diop, « hélas, se poursuivent encore ». Le retrait du 28 janvier 2024 n’était donc que le premier acte. Le second, plus structurant, s’est joué le 6 juillet 2024 à Niamey avec la création de la Confédération AES, une alliance qui veut marquer une rupture totale avec l’ancien ordre ouest-africain.
« Que de chemin parcouru en six mois », s’enthousiasme le ministre malien. Sur le plan sécuritaire, la mutualisation des ressources a permis une avancée significative contre le terrorisme. « Je m’incline à la mémoire de toutes les victimes », dira-t-il en guise d’hommage. Côté diplomatique, un front commun s’est formé pour imposer la nouvelle réalité géopolitique sahélienne. Plus encore, ce qu’il appelle « l’esprit AES », une dynamique de solidarité et de coopération entre les trois États, s’est enraciné au sein des populations.
Le temps de l’attente est révolu
Mais alors que les ministres s’apprêtent à poser les bases des futures relations entre l’AES et la CEDEAO, Abdoulaye Diop ne manque pas de tacler l’organisation régionale. Il dénonce une instance « qui s’est écartée des principes qui ont présidé à sa création », suggérant que la CEDEAO n’incarne plus les aspirations des peuples sahéliens. En face, le Mali, le Burkina et le Niger ont, eux, rééquilibré les rapports de force et imposé le respect de leur souveraineté.
À l’heure où la CEDEAO tente de rouvrir le dialogue, l’AES entend ne rien céder. « Nos pays ont créé une nouvelle réalité géopolitique », assène Diop, martelant que les intérêts de la Confédération resteront au centre des négociations. La réunion d’Ouagadougou se veut donc une démonstration de force, un message clair aux partenaires ouest-africains et internationaux : le divorce est consommé, et l’AES avance résolument vers son destin. Le temps de l’attente est révolu, l’heure est à la confirmation.
A.D
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