Au centre du Mali, pour le retour de la paix, plusieurs accords locaux ont été signés. Malgré tout, les hostilités ne connaissent pas encore de répit et dans certaines zones, la charia, la loi islamique, serait déjà appliquée. Au journal français Le Point, Youssouf Toloba, le chef de Dana Ambassagou, confie que l’affrontement demeure la solution à cette crise sécuritaire.
Sous l’égide du Centre pour le Dialogue humanitaire, plusieurs accords ont été signés entre les communautés pour la fin des violences au centre du Mali. En 2018, dans le cercle de Djenné, un accord pour cesser les hostilités a été obtenu entre la confrérie locale des chasseurs, les communautés peules et les agriculteurs. En 2019, un accord similaire a été signé entre 34 chefs de villages des communautés peules et dogons du cercle de Koro.
Des personnalités agissant sous couvert
Les 12, 22 et 24 janvier 2021, les communautés peules et dogon ont également signé trois accords de paix à travers lesquels elles se sont engagées à garantir l’intégrité physique, la libre circulation des personnes, des biens et du bétail et ont condamné les violences dans le cercle de Koro, dans le Centre du Mali. Ces accords sont suivis par celui signé par les communautés peules, dafing et dogon, le 7 février 2021, pour le retour de la paix dans le cercle de Bankass. Récemment également, dans la région de Ségou, à Farabougou, le Haut conseil islamique (HCIM) a négocié la levée du blocus en ayant un accord entre les groupes qui y siégeaient. Nous n’en savons pas encore davantage sur les clauses de cette négociation.
Malgré tous ces accords, les violences continuent d’endeuiller les populations dans la quasi-totalité de ces localités. Interrogé par le journal français Le Point sur la signature de ces accords locaux, Youssouf Toloba, chef du groupe d’auto-défense dogon Dana Ambassagou, n’est pas allé avec le dos de la cuillère : « En toile de fond, ce sont les djihadistes qui mènent la danse. Les personnalités impliquées dans ces rencontres de réconciliation agissent sous couvert. Elles poussent les populations à signer des accords pour permettre aux djihadistes d’être les maîtres des lieux et d’appliquer la charia ». Les accords financés par le Centre pour le dialogue humanitaire ne font pas exception, précise M. Toloba, à cette règle.
La guerre comme solution ultime
Dans des zones où de tels accords ont été signés, souligne l’interlocuteur du journal Le Point, les djihadistes exigent le port du voile aux femmes et interdisent leurs travaux champêtres. « Leur argumentation est simple : “C’est interdit par la religion.” » Quant aux hommes, ils leur demandent « de raccourcir leur pantalon et de porter la barbe ». Et de préciser : « Ce phénomène a déjà commencé en Pays dogon ».
L’absence d’école, d’autorités locales, d’humanitaires, dans la plupart des zones où ces accords ont été signés, sont des constats que relève Youssouf Toloba et qu’il explique comme une conséquence de ces Accords.
Ces faits conduisent le chef du groupe d’auto-défense dogon à déclarer : « Signer un accord avec eux [les djihadistes ndlr], c’est trahir l’État malien, qui est laïque ».
Comme solution ultime à cette crise sécuritaire qui envahit le Mali, le chef de Dana Ambassagou opte pour l’affrontement. “[ndlr] tant qu’un vainqueur ne se sera pas distingué dans ce conflit, il n’y aura pas de paix”, a-t-il laissé entendre.
Fousseni Togola
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