Le lundi 29 juillet 2024, la Guinée a franchi un pas significatif vers une réforme constitutionnelle tant attendue. L’avant-projet de nouvelle Constitution a été présenté lors d’une cérémonie au siège du Conseil national de transition (CNT), réunissant membres du gouvernement, représentants diplomatiques, partis politiques et acteurs de la société civile. Ce document, qui sera soumis à référendum avant la fin de l’année, annonce des changements majeurs dans la gouvernance et la structure politique du pays.
Une des mesures phares de ce texte est la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. C’est une avancée majeure pour la démocratie en Guinée, visant à éviter les dérives autoritaires observées dans le passé. Cette disposition est un symbole fort, signifiant que le pouvoir doit circuler et que la présidence ne doit pas être le fief d’un seul individu, peu importe sa popularité ou son influence.
Amélioration du processus législatif
L’instauration d’un âge minimum de 35 ans et maximum de 80 ans pour se présenter à l’élection présidentielle, ainsi que l’obligation pour les candidats de participer aux débats télévisés, est une autre mesure novatrice. Ces critères visent à assurer que les candidats soient suffisamment expérimentés tout en restant dynamiques, et permettent aux électeurs de mieux connaître leurs positions et leur personnalité.
L’avant-projet prévoit également la création d’un Parlement bicaméral avec une Assemblée nationale et un Sénat. Cette structuration vise à améliorer le processus législatif, en permettant un examen plus approfondi et diversifié des lois. De plus, la nomination du Premier ministre et des ministres devra désormais recevoir l’approbation du Sénat, renforçant ainsi le système de freins et contrepoids indispensable à une bonne gouvernance.
La démarche participative et inclusive adoptée pour l’élaboration de ce texte est à saluer. Comme l’a souligné Jean-Paul Kotembedouno, rapporteur de la commission des lois, l’objectif est de parvenir à un document qui reflète véritablement les aspirations de toutes les composantes de la société guinéenne. Les sessions de travail thématiques prévues prochainement pour enrichir le document sont une preuve supplémentaire de cette volonté d’inclusivité.
Moderniser les institutions, de garantir les libertés fondamentales
Parmi les autres mesures importantes, on trouve la promotion de la parité hommes-femmes, la gestion des élections par un organe technique et indépendant, et la liberté d’expression et de presse garantie. Ces dispositions montrent une volonté de moderniser la société guinéenne et de la rendre plus équitable et transparente. La reconnaissance du droit de cortèges et de manifestations pacifiques est également un progrès significatif pour la démocratie et les libertés individuelles.
Il est essentiel de noter que ce texte ne se contente pas de réformer les institutions politiques, mais s’attaque également à des questions sociétales cruciales. Par exemple, il fixe à 18 ans l’âge minimum pour le mariage pour les deux sexes, contribuant ainsi à la lutte contre les mariages précoces, et interdit la candidature présidentielle aux détenteurs d’une double nationalité, assurant ainsi une fidélité exclusive à la nation guinéenne.
Bien entendu, tout cela doit être approuvé par référendum, un exercice démocratique en soi. L’objectif est de parvenir à un consensus national, comme l’a indiqué le président du CNT, Dansa Kourouma. Ce processus montre que la Guinée est prête à tourner une nouvelle page de son histoire, une page où le pouvoir est partagé et la démocratie respectée.
Ce projet de nouvelle Constitution en Guinée promet de moderniser les institutions, de garantir les libertés fondamentales, et d’assurer une gouvernance plus équilibrée et transparente. C’est une opportunité pour les Guinéens de se doter d’un cadre juridique qui reflète leurs aspirations et leurs valeurs.
Chiencoro Diarra
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