La justice internationale a frappé un grand coup ce mercredi 26 juin. La Cour pénale internationale (CPI) a condamné Abdoul Aziz al-Hassan, chef de la police islamique jihadiste, pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la ville de Tombouctou en 2012 et 2013. Durant cette période sombre, la ville était sous le joug des groupes terroristes AQMI et Ansar Dine, et al-Hassan y faisait régner la terreur.
Abdoul Aziz al-Hassan, zélé commissaire de la police islamique, appliquait sans pitié les sentences du tribunal islamique. Les témoignages sont accablants : des flagellations publiques, des fouettements, et des détentions arbitraires de femmes dans un distributeur de billets transformé en prison. Al-Hassan a été reconnu coupable de persécution religieuse, de mutilations et de torture. Cependant, il a été acquitté des accusations de viols, d’esclavage sexuel et de mariages forcés. Les juges ont estimé que ces actes, bien que horribles, relevaient de crimes de droit commun et non de crimes contre l’humanité.
Mandat d’arrêt contre Iyad Ag-Ghali
Le procès a mis en lumière les souffrances endurées par les habitants de Tombouctou sous le règne de terreur des jihadistes. Les femmes et les filles ont été les principales victimes, subissant persécutions et violences sexuelles. Les habitants vivent encore dans la peur, hantés par les souvenirs des amputations, des tortures, et des flagellations.
La condamnation d’Al-Hassan par la CPI est une victoire pour la justice, mais elle soulève également des questions sur les lacunes du système judiciaire. Pourquoi, malgré les preuves accablantes, certains crimes ont-ils été requalifiés ? Cette décision pourrait-elle affaiblir la portée des condamnations pour crimes contre l’humanité ?
La condamnation d’Al-Hassan s’inscrit dans une série de jugements contre les responsables des atrocités commises à Tombouctou. En 2016, Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi avait été condamné à neuf ans de prison pour la destruction des sanctuaires de la ville. Et récemment, un mandat d’arrêt a été émis contre Iyad Ag-Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), pour des crimes similaires.
La condamnation d’Al-Hassan n’est qu’un début
Ces jugements envoient un message fort : l’impunité n’est pas une option pour les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Cependant, il reste beaucoup à faire pour rétablir la justice et la sécurité dans des régions encore sous la menace jihadiste.
La condamnation d’Abdoul Aziz al-Hassan rappelle la cruauté des années de terreur à Tombouctou. Mais au-delà de la sentence, c’est la résilience des victimes et des survivants qui doit être saluée. Leur courage à témoigner et à revivre ces horreurs pour que justice soit rendue est une lueur d’espoir dans l’obscurité.
Il est crucial que la communauté internationale continue de soutenir les efforts de la CPI et de veiller à ce que les auteurs de tels crimes soient traduits en justice. Il faut également travailler à la reconstruction et à la réconciliation des communautés touchées par ces violences. La justice doit être rendue, mais elle doit aussi être accompagnée de mesures pour réparer les traumatismes et reconstruire un tissu social durable.
La condamnation d’Al-Hassan est une étape importante, mais ce n’est qu’un début. La route vers la paix et la justice est longue, mais chaque pas compte. Que ce jugement soit un rappel que la quête de justice est une bataille continue, nécessaire pour honorer les victimes et construire un avenir meilleur pour les générations futures.
Oumarou Fomba
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.