La stabilité acquise au Mali à l’issue d’énormes efforts des Forces armées de défense et de sécurité et de leurs partenaires russes est secouée depuis quelques semaines dans certaines régions du pays où nous assistons à une presque reprise des hostilités entre l’État et les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) d’une part, et les autorités et des groupes armés terroristes d’autre part. Une situation qui avait même conduit à un blocus dans certaines régions, notamment à Gao. Au Burkina Faso et au Niger, l’on assiste également à une multiplication des attaques terroristes. Cette détérioration de la crise sécuritaire dans ces pays n’a rien à voir au hasard.
Les évènements sont certes têtus, mais sont rarement isolés. Pour mieux les comprendre, il est important de procéder à une connexion logique entre les faits. En effet, le Conseil de sécurité des Nations Unies a acté le départ de sa force de stabilisation au Mali (Minusma), dont le mandat est arrivé à terme le 30 juin dernier. Un départ qui s’effectue à la demande des autorités maliennes qui souhaitent être les seules responsables de la sécurisation de leur territoire, avec l’accompagnement de leurs partenaires « les plus faibles et sincères », notamment la Fédération de la Russie.
Le scénario n’a pas changé
Si les bases de la Minusma à Ogossagou, dans la région de Mopti, de Goundam dans la région de Tombouctou et de Ménaka ont été fermées et rétrocédées à l’armée malienne sans incident, conformément au chronogramme de retrait de la mission onusienne, la rétrocession de la base de Ber, toujours dans la 6e région semble réveiller les vieux démons de la partition du Mali. Cela n’étonne guère les observateurs avertis de l’actualité politique et sécuritaire de ce pays.
Le scénario n’a nullement changé. On se rappelle de tous les problèmes auxquelles le Mali fut confronté lors du retrait de la force française du pays. Les attaques se sont multipliées, l’armée a ensuite été accusée de violation des droits humains à la suite de la découverte de fosses communes, situées généralement non loin de certaines bases rétrocédées par Barkhane aux Forces de défense et de sécurité. Pour paraphraser un proverbe africain, celui qui s’apprête à s’en aller ne fait rien de bon. Ce qui pose pourtant un réel problème de compréhension si nous savons que la vie ne se limite point à un seul aspect.
La Coalition pour contrer l’intervention armée au Niger
En plus du départ de la Minusma, il convient de lire les évènements dans ces trois pays (le Mali, le Burkina Faso et le Niger) sous les lentilles de l’intervention militaire décidée par la Communauté économique des États de l’Afrique (Cédéao) afin de déloger les militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier. L’opposition du Mali et du Burkina Faso à cette décision et leur refus de mettre en application les sanctions de cette organisation ouest-africaine et surtout leur condamnation de leur façon d’agir semblent réveiller les haines que l’on porte déjà contre ces deux pays dirigés aussi par des militaires. Deux pays prêts à combattre aux côtés du Niger pour la stabilité de la zone des trois frontières devenue une digue dans la région.
Sous le régime Mohamed Bazoum, l’une des difficultés cardinales à laquelle le Mali et le Burkina Faso ont été confrontés dans leur lutte contre la crise sécuritaire a surtout été le manque de collaboration du Niger, où la force française a trouvé refuge après avoir été déboutée du Mali et du Burkina. Du coup, dans ce pays sahélien, la France bat toutes les cartes pour maintenir sa présence militaire. En début de cette semaine, le monde entier a été témoin de cette volonté française à travers le refus par l’Algérie de la demande de la France de survoler son espace aérien afin d’intervenir militairement au Niger.
Des desseins funestes
S’il est vrai qu’en politique tous les moyens sont bons pour atteindre ses objectifs, alors il ne faut pas détacher la détérioration spontanée de la situation sécuritaire dans ces pays à ces évènements. En allumant des foyers de tension, le Mali et le Burkina porteraient leur attention ailleurs et oublieraient le Niger, qui se débâterait aussi contre des groupes terroristes. Pendant ce temps, les militaires nigériens au pouvoir pourraient se voir sauter de leur fauteuil présidentiel. Du coup, les canons se pointeront vers le Burkina Faso et ensuite le Mali. Chose que ces militaires ne sont pas prêts à accepter parce qu’ils ne sont pas dupes.
Chiencoro
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