Le gouvernement malien de la transition a annoncé, le 25 septembre dernier, le report des élections présidentielles, initialement prévues les 4 et 18 février 2024. Tidiani Guindo, professeur de philosophie au Mali, souligne que dans le contexte actuel, le Mali a plutôt besoin de changement et non d’élection.
Le Gouvernement a expliqué sa décision de report des élections par la volonté de prendre en compte les nouvelles dispositions constitutionnelles dans la loi électorale prévoyant une augmentation du délai entre les deux tours de la présidentielle, la prise en compte de la révision des listes électorales (1er octobre — 31 décembre 2023). En plus de tous ces aspects, le gouvernement malien justifie aussi sa décision par la « prise en otage » de la base de données du recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) par le prestataire IDEMIA, une entreprise française.
Cette décision des autorités maliennes de la transition a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pourtant, on devrait s’interroger d’abord sur le contexte que traverse le Mali, un pays en proie à une véritable crise sécuritaire depuis des décennies. Dans un tel contexte, avons-nous besoin d’élection ou de changement ? Aussi, quelle est la conscience de l’électorat ?
De prime abord, il convient de comprendre que l’urbanisation, le développement d’une ville doit se faire selon un schéma et passer par des étapes. Ce processus ne peut pas être une affaire de cinq ans ou de mandat. C’est plutôt une affaire générationnelle qui se défend et se transmet.
Boite crânienne pleine d’intestins et l’abdomen bourré de cervelle
La conscience politique de nos peuples n’est pas encore en phase avec le changement qu’ils attendent des élections. Il suffit de regarder les jeunes, les étudiants, les cadres formés dans nos universités.
Après avoir étudié l’histoire, et résolu tous les problèmes de dissertation affectés aux problèmes sociaux, les jeunes qui devraient constituer l’avenir du pays sont dans une presque incapacité de faire le bon choix de dirigeant pour leur pays. Une fois placés devant le devoir de faire ce choix, ils préfèrent placer leurs doigts encrés sur le candidat qui leur achète du thé, du pain et de la sardine. Ils sacrifient ainsi l’avenir du pays pour des intérêts éphémères. C’est cela la réalité chez nous au Mali.
Ce pays sahélien a de plus urgents que l’organisation et la tenue des élections. Le Mali a plutôt besoin de changement. C’est donc le rôle fondamental de la jeunesse progressiste d’être des acteurs d’avant-garde pour éclairer et orienter le mouvement de notre peuple vers une révolte consciente et assumée. Elle doit intégrer comme modus opérandi, la sensibilisation, l’éducation et l’éveil de conscience.
Pour y arriver, elle doit gagner la phase du combat mental et théorique. Autrement, elle verra et vivra sa révolution comme une éternelle utopie. Mais, si la boite crânienne est pleine d’intestins et l’abdomen bourré de cervelle, on ne peut que résumer la question du changement à un simple fait de vote.
Tidiani Guindo
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