Tiken Jah Fakoly, autrefois accueilli à bras ouverts par le Mali, s’en prend aujourd’hui aux dirigeants de l’Alliance des États du Sahel dans son dernier opus. Une critique surprenante qui soulève des questions sur l’ingratitude et les véritables motivations de l’artiste ivoirien.
« Ne mords pas la main qui te nourrit », dit-on. Un proverbe qui, à en croire certains, aurait échappé à Tiken Jah Fakoly, le célèbre reggae man ivoirien, dans son nouvel opus « Actualités brûlantes », publié le 8 août dernier. Aux côtés d’Amen Jah Cissé, il n’a pas hésité à décocher des flèches empoisonnées aux dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette union naissante entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, perçue comme le bastion de la souveraineté africaine face aux ingérences étrangères.
Comment expliquer un tel revirement ?
« Ne gâtez pas l’AES. La liberté d’expression, mangée par la révolution acquise dans le sang. Regardez ce qui se passe dans l’AES. Dès que tu critiques un peu, c’est le front ou la prison », lance-t-il dans un cri de révolte. Mais la question se pose : Tiken Jah Fakoly aurait-il oublié d’où il vient, et surtout, qui l’a accueilli à bras ouverts lorsqu’il était en difficulté ?
Revenons en 2002, lorsque le Mali a offert un refuge à cet Ivoirien d’origine, alors menacé dans son propre pays par les « jeunes patriotes » qui l’accusaient de soutenir la rébellion en Côte d’Ivoire. Ce même Mali, qui, aujourd’hui, semble être devenu la cible de ses critiques acerbes. Ironie du sort ou simple ingratitude ? Tiken, qui autrefois chantait les louanges des autorités maliennes et de leurs homologues de l’AES, a-t-il soudainement changé de ton par pure désillusion ?
Aujourd’hui, après avoir été traité en hôte de marque et acclamé par le peuple malien, Tiken Jah Fakoly semble s’être retourné contre ceux qui l’ont soutenu dans les moments les plus difficiles. Comment expliquer un tel revirement ? Pourquoi cet homme, qui se présentait comme un fervent soutien des autorités maliennes et des dirigeants de l’AES, se permet-il désormais de les critiquer ouvertement ?
Ingratitude et méconnaissance
La réponse pourrait être aussi simple que amère : l’égo blessé. Après avoir cherché par tous les moyens à se rapprocher des dirigeants de l’AES, notamment lors de l’affaire des 49 soldats arrêtés au Mali, le 10 juillet 2022 et graciés le 6 janvier 2023, Tiken Jah Fakoly a peut-être été déçu par l’indifférence ou le refus de ses avances. Et comme un enfant capricieux à qui l’on refuse un jouet, il réagit par la critique acerbe, sans véritable fondement, jetant ainsi l’opprobre sur ceux qui, hier encore, étaient ses alliés.
Il est difficile de ne pas voir dans cette attaque un acte d’ingratitude, une manière déplorable de mordre la main qui l’a nourri. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ces nations qui luttent pour leur souveraineté dans un contexte régional extrêmement difficile, n’ont certainement pas besoin de telles critiques de la part de quelqu’un qui devrait au contraire leur témoigner reconnaissance et soutien.
Tiken Jah Fakoly, en se positionnant ainsi, semble avoir oublié que l’AES n’est pas simplement un projet politique, mais une aspiration des peuples du Sahel, une tentative de reprendre en main leur destin face aux ingérences étrangères et aux crises internes. Critiquer ces nations pour leur prises de position dans un moment aussi crucial, c’est non seulement faire preuve d’ingratitude, mais aussi de méconnaissance des réalités que vivent ces pays.
Quoi qu’il en soit, le reggaeman a jeté un pavé dans la mare, et les vagues de réactions n’ont pas tardé à suivre. Certains l’accusent d’ingratitude, d’autres saluent son courage. Une chose est sûre, Tiken Jah Fakoly n’a pas fini de faire parler de lui, que ce soit pour ses engagements ou pour ses revirements. Reste à savoir si cette voix, si longtemps célébrée, continuera à résonner avec autant de force dans les cœurs des peuples du Sahel.
Oumarou Fomba
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