La récente sortie du chef de la diplomatie algérienne sur l’Accord d’Alger a suscité une réaction cinglante de l’ancien Premier ministre malien. Pour Choguel Kokalla Maïga, l’heure n’est plus aux injonctions, mais à un dialogue d’égal à égal.
La ligne rouge a été franchie. En avril 2025, lors d’une intervention en langue arabe – choix linguistique perçu à Bamako comme un signal ciblé à l’opinion sahélienne –, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a publiquement exprimé le rejet par Alger de la décision malienne de sortir du cadre de l’Accord de paix de 2015, dit « Accord d’Alger ». Pour les autorités maliennes, ces propos n’ont pas seulement ranimé un différend ancien, ils ont aussi ravivé les tensions autour d’une médiation de plus en plus contestée.
“Le Mali ne recevra plus de leçons”
L’ex Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, a tenu à répondre. Un discours sans ambages, où la souveraineté malienne a été brandie comme un rempart. « Le Mali ne se laissera plus dicter sa conduite par quiconque, fût-ce au nom d’un accord mal ficelé ou d’une prétendue médiation », a martelé le Président du MPR, dénonçant une « ingérence inacceptable dans les affaires intérieures » du pays.
Pour l’ex Premier ministre, le contenu même de l’Accord d’Alger, signé sous l’égide d’Alger en 2015, est aujourd’hui « caduc ». Choguel Maïga accuse certains acteurs régionaux – sans les nommer – d’avoir fait de la médiation un levier politique pour soutenir des groupes armés sous couvert de bons offices. Une accusation lourde, qui reflète le climat de méfiance croissante entre les deux capitales.
Un désaccord de fond sur la stratégie sahélienne
Les tensions ne portent pas uniquement sur le fond de l’accord, mais aussi sur les visions divergentes quant à la gestion du conflit au nord du Mali. Ahmed Attaf a en effet critiqué la stratégie militaire de Bamako, estimant que « la solution sécuritaire seule est vouée à l’échec ». Un commentaire interprété comme une remise en cause directe de la politique de reconquête territoriale menée par les Forces armées maliennes, avec l’appui de partenaires non-occidentaux.
Pour autant, M. Maïga ne ferme pas totalement la porte au dialogue avec Alger. Mais il insiste. Tout échange futur devra reposer sur des bases nouvelles, débarrassées des postures paternalistes et fondées sur le respect mutuel. « Le Mali reste ouvert à toute coopération dans l’intérêt de la stabilité régionale, mais dans le respect de sa souveraineté pleine et entière », a-t-il précisé.
Un tournant diplomatique ?
Cette passe d’armes entre Bamako et Alger pourrait marquer un tournant dans les équilibres géopolitiques sahéliens. Le Mali, engagé dans une redéfinition de ses alliances régionales et internationales, semble déterminé à rompre avec les anciens schémas. Et à rappeler, avec fermeté, que nul ne peut parler en son nom sans son consentement.
La rédaction
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