La France revoit sa présence en Afrique avec une nouvelle stratégie militaire plus discrète et allégée, discutée lors d’un Conseil de défense. Objectif : maintenir son influence en s’adaptant aux critiques locales et en privilégiant un partenariat plus souple avec les pays hôtes.
La France réunit son Conseil de défense pour redéfinir sa stratégie en Afrique ? Tiens donc, on dirait que l’époque des grandes emprises militaires et des bases à perte de vue commence à sentir la naphtaline. L’Élysée, probablement fatigué des coups de gueule contre la présence française en Afrique, cherche à réajuster son tir. La mission est claire : sauver les apparences, rester présent tout en prenant un profil bas, histoire de ne pas froisser les susceptibilités locales. Et pour cela, qui de mieux qu’un envoyé spécial, Jean-Marie Bockel, pour pondre un rapport et nous expliquer la nouvelle recette ? Une stratégie « allégée », agile et réactive, qu’ils disent.
Il faut reconnaître que l’approche est habile. On nous parle de « détachements de liaison interarmées » (DLIA), de petits groupes de soldats français, une centaine à peine, qui seront là pour accueillir les forces africaines, organiser des exercices, former les troupes locales. Ah, la belle idée de la coopération discrète, celle qui n’expose plus trop les couleurs françaises sur le terrain. Un peu comme un invité qui sait qu’il n’est plus le bienvenu, mais qui cherche quand même à s’inviter au buffet sans se faire remarquer. Fini les grosses bases qui s’imposent, vive les petits détachements temporaires, modulables à souhait !
L’art de se rendre invisible tout en restant présent
Ce retournement de situation, présenté comme un geste de bonne volonté et de respect de la souveraineté des pays africains, ressemble plutôt à une manœuvre de contorsionniste. On a compris la leçon à l’Élysée : mieux vaut adopter le profil bas plutôt que d’assumer frontalement la présence militaire française, souvent critiquée, voire honnie par les populations locales. Qui se souvient des slogans « France dégage » résonnant dans les rues de Bamako, du Niger ou de Ouagadougou ? Voilà, la solution est là : il faut se faire tout petit, s’effacer un peu, et se montrer sous un nouveau jour, celui du partenaire discret qui agit en coulisses.
Il faut dire que cette stratégie n’est pas dénuée de bon sens. Avec les récentes révoltes anti-françaises, les drapeaux tricolores brûlés et les accusations de néocolonialisme, il devenait urgent de changer de braquet. Le fait de passer sous le radar, en envoyant des petits groupes qui ne seront là qu’en appui et en formation, permet de continuer à tirer les ficelles tout en évitant de se prendre les éclats des critiques. La France reste présente, mais elle se camoufle, elle se fait « partenaire humble », comme pour effacer le souvenir des interventions passées.
La fin d’un modèle ou un simple coup de com ?
Certains diront que cette nouvelle philosophie est le signe d’une évolution, d’un respect accru de la souveraineté africaine. Peut-être. Mais il est difficile de ne pas y voir une stratégie de replis calculée, où l’on abandonne les grandes infrastructures pour mieux revenir par la petite porte. Les pays africains, fatigués de cette omniprésence française, accueilleront-ils ce changement avec un certain soulagement, comme on accepte la politesse d’un invité qui annonce son départ après s’être incrusté un peu trop longtemps. Mais derrière ces sourires diplomatiques, la méfiance reste palpable.
Car au fond, est-ce vraiment la fin du modèle d’intervention à la française en Afrique ? Ces détachements de liaison, ces bases allégées, n’est-ce pas simplement une façon plus subtile de garder le pied dans la porte ? On réduit le dispositif, on change le vocabulaire, mais au final, la présence demeure. Comme un magicien qui vous dit de regarder sa main droite pendant que la gauche continue à agir, la France réinvente sa manière de se positionner en Afrique, mais l’objectif reste le même : maintenir son influence, tout en évitant d’attirer trop l’attention.
Alors, l’Élysée peut bien nous présenter cette nouvelle stratégie comme une preuve de modernité et d’adaptation aux contextes locaux, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit surtout d’une manière de sauver les apparences. La France reste en Afrique, oui, mais elle le fait en douceur, avec un sourire de façade et la promesse d’un « partenariat » qui se veut respectueux. Une nouvelle danse diplomatique, en somme, pour continuer à jouer sur la scène africaine sans se faire chahuter par le public.
Younouss
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