Dans plusieurs pays africains, alors que le coronavirus continue sa poussée, les musulmans s’opposent à la fermeture des mosquées. Invité par RFI ce jeudi 14 mai 2020, Souleymane Bachir Diagne s’est prononcé sur la question.
Déconfinement, coronavirus et islam, telles sont les grandes lignes de l’intervention de Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais, sur les antennes de RFI.
Expérience singulière
Selon Souleymane Bachir Diagne, en ce mois de ramadan, « Les musulmans se retrouvent face à une situation totalement inédite. » En effet, il estime que vivre le mois de ramadan dans le confinement est une nouvelle expérience pour les musulmans. Car, indique-t-il, c’est durant ce mois que les fidèles se livrent à une « vie sociale assez intense ». Durant cette période, ils se cohabitent énormément non seulement à travers les prières communes le soir, mais aussi les visites de courtoisie.
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Toutefois, cette expérience singulière n’est pas totalement mauvaise en soi. Elle « ramène le musulman face à la signification profonde de sa religion et de ce mois en particulier qui est un mois de méditation et de retour sur soi ». Ce qui pourrait faire de cette période de confinement un moment idéal de pratique intense de l’islam, souligne Souleymane Bachir Diagne.
Des décisions difficiles
Rappelant cette phrase du prophète Mahomet, « Si la peste se déclare dans une contrée n’y aller pas et si vous y trouvez déjà n’en sortez pas », Dr Diagne indique que le monde vit une situation analogue à la peste. Des décisions difficiles sont prises par les États pour le bien-être de tous. Il convient de les respecter, estime-t-il. Parce que c’est la pandémie qui nous les impose.
Cette intervention de Souleymane Bachir Diagne nous interpelle au Mali où les fidèles musulmans refusent de fermer les mosquées en guise de prévention. Une situation pareille se trouve dans d’autres pays du continent où les citoyens ont d’ailleurs manifesté pour demander la réouverture des mosquées. Ces refus ne sont pas fortuits. Elles trouvent leur fondement à la non-croyance à l’existence de la covid-19. Une situation tributaire au Mali et dans beaucoup de ces pays des attitudes des autorités de l’État.
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Pourtant, Dr Diagne avertit : « Tant que le feu couve, l’incendie reste toujours possible. » Les pays africains ne doivent pas se sentir totalement épargner par cette maladie malgré le faible taux de contamination. D’ailleurs une étude de l’OMS a attiré les attentions sur cet aspect.
Face aux campagnes de déconfinement qui s’ouvrent dans le monde, le philosophe sénégalais estime que « l’alternative l’économie ou la vie » est le dilemme devant lequel beaucoup d’Etat se trouvent confrontés. Il faut ouvrir les frontières pour éviter l’effondrement des économies. Un effondrement qui pourrait engendrer aussi des défis sanitaires, explique-t-il.
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Néanmoins, cette crise sanitaire nous place devant de nouveaux défis et favorisera davantage une « mondialité plus humaine ».
Oumarou
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