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Si tous ceux-ci sont confirmés, alors il y a forcément une explication en ce qui concerne la transformation soudaine de ce pays d’hommes intègres en Soubagabougou. Ce pays de nulle part et de toute part se trouve être peuplée par des hommes ayant une confiance inébranlable en leurs dirigeants, un pays où l’individualisme constitue un crime, une marque d’impiété. À Soubagabougou, chacun se bat pour la défense des intérêts collectifs. Nul ne mange sur le dos de l’autre. L’adultère, la prostitution constituent une honte tribale et nationale. Les valeurs morales, citoyennes, culturelles, sont au centre de l’agir humain. La médisance, l’escroquerie sont des vices. Les citoyens de ce monde merveilleux ne consomment que du licite.
Soubagabougou[1] est une série de billets de fiction que je me propose de publier sur mon blog afin d’attirer les attentions la tragédie actuelle de mon pays. Dans ce premier billet, je présente Soubagabougou dans le temps.
« Il n’y a pas de fumée sans feu », pas d’« effets sans cause », dit-on le plus souvent. De son côté, Jean d’Ormesson ne nous dit-il pas que « Savoir, ce n’est pas constater les effets, c’est connaitre les causes. » Et à Baruch Spinoza de nous rappeler également : « d’une cause déterminée donnée, suit nécessairement un effet, et au contraire, si nulle cause déterminée n’est donnée, il est impossible qu’un effet suive. La connaissance de l’effet dépend de la connaissance de la cause et l’enveloppe. »
Un être buvant du sang frais. Crédit photo: pixabay.com |
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Si tous ceux-ci sont confirmés, alors il y a forcément une explication en ce qui concerne la transformation soudaine de ce pays d’hommes intègres en Soubagabougou. Ce pays de nulle part et de toute part se trouve être peuplée par des hommes ayant une confiance inébranlable en leurs dirigeants, un pays où l’individualisme constitue un crime, une marque d’impiété. À Soubagabougou, chacun se bat pour la défense des intérêts collectifs. Nul ne mange sur le dos de l’autre. L’adultère, la prostitution constituent une honte tribale et nationale. Les valeurs morales, citoyennes, culturelles, sont au centre de l’agir humain. La médisance, l’escroquerie sont des vices. Les citoyens de ce monde merveilleux ne consomment que du licite.
Ce pays est un grand monde de par ses hommes, mais aussi de sa superficie. L’activité principale de la population reste l’agriculture, l’élevage, la pêche. Les métiers comme l’artisanat, la soudure, la couture, la menuiserie, etc. ; sont suffisamment développés parce que valorisés, même par des écoles de formation.
Malgré une grande place accordée à l’éducation scolaire, les parents ne badinent jamais avec leurs devoirs familiaux. Après l’école étrangère, il s’agit de suivre l’enfant à la maison afin qu’il s’exerce. Ce suivi constitue un moment propice pour lui inculquer ses valeurs ethniques. Les valeurs dont il n’a pas pu bénéficier avant de fréquenter l’école étrangère. À Soubagabougou[2], les étapes de l’éducation sont importantes. C’est la raison pour laquelle elles sont strictement suivies.
Aucun enfant n’a une famille. Chaque enfant a plusieurs familles. L’éducation dispensée est avant tout sociale. La forme d’éducation en œuvre ici est plus semblable en termes de comparaison à celle de la Républiquedu philosophe de l’antiquité grecque Platon. Une République dans laquelle aucun enfant n’a la possibilité de connaitre ses parents. Mais à la différence de ce dernier, chez qui les enfants sont récupérés et mis ensemble pour fin d’éducation depuis à bas âge, dans la République de Soubagabougou chacun donne une éducation appropriée à son enfant, une éducation en harmonie avec les valeurs collectivistes de la société. Tous les membres de la société ont la possibilité de corriger les enfants s’ils commettent des actes vilains. Ainsi, l’éducation est complète. Une personnalité complète est formée, des hommes pleins de caractères sont ainsi façonnés. Des citoyens pour lesquels le respect des normes sociales constitue un sacerdoce, une obligation pour tous.
La gouvernance constitue une affaire de tout le monde. Chacun se sent concerné par la marche des affaires de la nation. Des citoyens pleins d’amours, de sens patriotiques vivent en parfaite harmonie les uns avec les autres. Nul ne connait la religion d’autrui. Toutes les religions se valent. Toutes les ethnies, toutes les races sont considérées comme complémentaires. La cohésion sociale est au summum. L’acceptation de la multiplicité des identités constitue surtout leur talon d’Achille. Toutes les races, toutes les ethnies vivent en parfaite entente. C’est ce qui assure à cet État une force inimaginable. Soubagabougou est une République enviable. C’est le paradis sur terre. Tous ses voisins le prennent comme référence. C’est le modèle parfait sur lequel il faut se référer.
Les souffrances, les exploitations, sont étrangères à ses habitants. Les citoyens, conscients de leurs devoirs citoyens, s’acquittent des taxes et des impôts. Ils sont pleinement engagés dans le sens du développement de toute la nation. Soubagabougou est l’« État arc-en-ciel ». « Les mille et une merveilles » du continent noir.
Cependant, il faut noter que l’excès de toute chose est nuisible. La trop grande tolérance des citoyens de cet État va coûter cher à l’existence même de cette République véhémente. Des ennemies vont profiter de cet excès de vertus pour s’y infiltrer et créer de la Zizanie.
[1] Soubagabougou est un composé de deux mots bambaras : Soubaga (sorcier) et bougou (village ou hameau). Soubagabougou se traduit ici par le pays des sorciers entendu par le règne des corrompus qui sucent le sang de leurs compatriotes.
[2] J’ai également publié un livre qui s’intitule Du sommeil dogmatique au réveil farouche : chronique de Vémpirebougou. L’intégralité de ces billets se trouve dans ce tapuscrit.
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