Fraichement nommée à la présidence du Comité international de la Croix rouge (CICR), il y a quelques semaines, Mme Mirjana Spoljaric Egger a effectué sa toute première mission, du 22 au 26 octobre, au Mali. À la fin de sa visite dans la région de Gao, la présidente du CICR a partagé ses impressions, le 26 octobre dernier, dans les locaux de l’organisation à Bamako. L’occasion pour les hommes de médias de s’imprégner de la situation humanitaire au Sahel.
Nommée présidente du Comité international de la Croix rouge, le 1er octobre 2022, Mme Mirjana Spoljaric Egger a effectué sa toute première visite au Mali pour prendre la température de la situation humanitaire au Sahel. Elle a, au cours de cette visite de 4 jours au Mali, rencontré les autorités locales et nationales et aussi les collègues de la croix rouge malienne. Elle a également participé à l’inauguration d’une nouvelle maternité construite et équipée par le CICR au sein de l’hôpital de Gao. De retour à Bamako, elle s’est entretenue avec des médias.
Selon la nouvelle présidente du CICR, ces 4 jours passés à l’intérieur du Mali, précisément à Gao, lui ont permis de se faire une idée du mandat et du travail effectué par son service dans les régions du Sahel. « J’ai commencé ma mission à Gao parce que cette région reflète la dure réalité dans tout le sahel. Je voulais apprendre le plus vite possible. Et c’est pour cela principalement que j’ai choisi le Mali pour ma première mission », indique-t-elle.
La situation des déplacés
Mme Mirjana Spoljaric Egger a souligné son inquiétude par rapport à la situation des déplacés dans le Sahel. Dans les régions du sahel, on dénombre 4,5 millions de déplacés, dont 10 % au Mali, a-t-elle indiqué.
Cette visite a été marquée par une série d’entretiens avec des groupes de déplacés qui ont exposé leurs quotidiens en tant que déplacés à la nouvelle patronne du CICR. « La grande partie de cette population vit de l’agriculture et de l’élevage. J’ai été confronté à des personnes qui ont dû quitter leur terre. Ils ont perdu leurs bétails, ils ont perdu la possibilité de générer des ressources dont ils ont besoin pour survivre. Donc il se retrouve des fois même […] sans accès à l’eau, sans nourriture, sans école pour les enfants, sans aucune occupation », a déploré Mme Mirjana Spoljaric Egger.
Une situation particulièrement difficile pour les femmes, qui se trouvent dans des endroits, sans aucune protection. Avec la sécheresse, l’impact du changement climatique, et la malnutrition, « la situation de ces populations ne peut que s’aggraver », déplore la présidente du CICR.
Malgré l’implication de quelques organisations humanitaires, comme le CICR et aussi la population locale, la situation de ces populations reste précaire.
Antoine Grand, chef de la délégation du CICR au Mali, a expliqué la coordination des efforts en vue de venir en aide aux déplacés. « Dès qu’il y a de nouveaux déplacements, on cherche à vouloir assister ces personnes déplacées avec ce dont ils ont besoin principalement. On le fait en coordination avec les autres acteurs humanitaires […] », a-t-il défendu.
Rencontres avec des autorités maliennes
Les rencontres avec les autorités maliennes de la transition étaient l’un des objectifs de cette visite. La présidente du CICR s’est dite satisfaite de ces rencontres qu’elle trouve constructives. Si à Gao, elle a rencontré les autorités traditionnelles, coutumières, le gouverneur et le commandant des FaMa, à Bamako, c’est plutôt le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères qu’elle a rencontrée. « La coopération avec les autorités [maliennes] reste positive dans la mesure où on est d’accord et on partage le souci pour la situation et la nécessité pour les investisseurs d’être présents dans ces régions et de faire [tout] le possible pour soutenir les déplacés », a-t-elle développé tout en mettant l’accent sur l’engagement de longue date du CICR à assister et à protéger les victimes de conflits armés et d’autres situations de violence au Mali.
Pour conclure, Mme Mirjana Spoljaric a exhorté les parties au conflit au respect du droit international humanitaire. Aussi a-t-elle appelé à l’adoption de mesures en vue d’épargner la vie des civils et des infrastructures. « Cette visite m’a permis aussi de voir les défis dans le contexte de notre travail. C’est un contexte qui est très complexe (…) Un choix impossible entre l’impact du changement climatique et la sécheresse [ainsi que] le conflit armé », a-t-elle laissé entendre.
Cheickna Coulibaly
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