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SIGRH : Goïta met la fonction publique au scanner

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En recevant le rapport du Système intégré de gestion des ressources humaines, Assimi Goïta clôt un chantier inédit de modernisation administrative. Un audit géant qui recense les fonctionnaires, traque les doublons et promet de rationaliser la masse salariale, dans un geste à la fois technocratique et politique.

Vendredi 15 août 2025, jour de prière et de recueillement pour beaucoup, mais aussi de rendez-vous solennel sous les lambris sobres de Koulouba. Dans une mise en scène qui tenait autant du rituel d’État que de la liturgie républicaine, drapeaux impeccablement dressés, fauteuils de velours alignés au cordeau, le général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, trônait devant, flanqué du Premier ministre, du président du CNT et de la crème des institutions. L’objet du jour ? Un épais rapport relié, remis par le ministre de la Refondation de l’État, Bakary Traoré : celui du SIGRH, le Système intégré de gestion des ressources humaines des fonctions publiques de l’État et des collectivités territoriales.

Derrière l’acronyme austère, un chantier titanesque : recenser, identifier et enfin unifier les fichiers des quelque 158 317 agents publics du Mali. Un rêve de technocrate ? Pas seulement. Une exigence politique née des Assises nationales de la refondation et inscrite en lettres capitales dans le plan d’action gouvernemental.

Trois actes, un objectif

Le ministre Traoré l’a détaillé, chiffres à l’appui. Premier acte : fiches individuelles, état civil, situation professionnelle, tout y passe, depuis les bureaux de Bamako jusqu’aux zones « difficiles d’accès ». Deuxième acte : enrôlement physique et biométrique des agents – empreintes, photos, vérifications – y compris dans les missions diplomatiques à l’étranger. Troisième acte : intégration de toutes ces données dans un logiciel maison, développé par des techniciens maliens, financé exclusivement par le budget national, hébergé et sécurisé sur le sol malien. Un combat de souveraineté numérique dans une époque où beaucoup sous-traitent leur mémoire administrative à l’étranger.

Le bilan ? Sur 158 317 agents recensés, 122 166 ont passé le contrôle biométrique. Restent 36 151 absents du fichier, pesant tout de même 48 milliards de francs CFA par an, soit 4,57 % de la masse salariale. Pas question, prévient le ministre, de crier immédiatement au « fonctionnaire fantôme » : trois mois de délai de grâce seront accordés pour régulariser les situations, avant suspensions, licenciements ou poursuites judiciaires.

Une modernisation aux allures d’audit géant

Prenant la parole, Assimi Goïta a livré son diagnostic : « Depuis des années, nous devons maîtriser les effectifs et la masse salariale… sans disposer d’informations fiables sur nos propres ressources humaines. » Le SIGRH est, selon lui, l’outil qui manquait : fichier unique des salaires, interconnexion des services, statistiques fiables, meilleure gouvernance du capital humain. Et surtout, insiste-t-il, un système « pensé et conçu par des Maliens », quand une expertise étrangère aurait coûté plusieurs milliards de plus.

Dans les couloirs, certains parlent d’« opération mains propres » appliquée à la fonction publique. Le SIGRH pourrait, à terme, balayer les doublons, les dossiers fictifs et les lenteurs bureaucratiques. Mais il faudra encore convaincre les sceptiques, notamment dans certaines administrations où l’ombre d’un contrôle biométrique n’est pas toujours accueillie à bras ouverts.

« Il apparaît de plus en plus que la gestion des ressources humaines au niveau de la fonction publique de l’État et des Collectivités territoriales est entravée par des difficultés qui exigent des solutions plus adéquates si nous voulons donner un sens à notre projet de refondation », avait indiqué le Président de la Transition, dans son allocution lors du lancement du SIGRH, en mai 2022.

Chiencoro Diarra 


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