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Ségou, ville au riche patrimoine architectural, abrite des demeures historiques uniques qui témoignent de son identité culturelle. À travers ses palais, mosquées et centres artisanaux, Ségou raconte l’histoire de sa grandeur passée et la nécessité de préserver ces trésors pour les générations futures.
Ségou est connue pour son architecture unique et magnifique, qui combine les styles islamiques traditionnels avec les techniques de construction locales. Les bâtiments de la ville reflètent son identité culturelle.
L’un des exemples les plus impressionnants de l’architecture de Ségou est le Palais royal de Sékoro, l’ancienne résidence des SEKORO, les souverains traditionnels de Ségou. Le palais est une belle structure, avec une grande cour centrale et une série de salles. C’est un symbole important du patrimoine culturel de la ville, visité par de nombreux touristes chaque jour et chaque année. Il s’agit bien de « Biton Blon », un symbole de la puissance royale Bamanan sous le règne de Biton Mamary Coulibaly à Sékoro.
Construit en banco, dans la cosmogonie Bamanan, ce sanctuaire est composé de sept vestibules dont le chiffre trois (3) représente l’homme et le chiffre quatre (4), la femme. Dans chaque vestibule se trouvaient trois gardes du corps du roi. Excepté le septième vestibule, où se trouvaient le roi Biton avec ses neuf (9) conseillers, son géomancien (Songhoy Goîta) qui traçait le « Tourabou » chaque matin pour le programme de la journée, son griot qui faisait ses louanges, ses quatre (4) gardes dont deux (2) étaient postés aux extrémités et deux (2) autres aux côtés du roi, une (1) esclave qui l’éventait, et deux (2) autres esclaves qui confectionnaient des boissons de mil pour le roi.
Le blon a une longueur de 10 mètres et une largeur de 6 mètres
Selon Kokadiè Coulibaly, chef du village de Sékoro, lorsque Biton prenait le pouvoir, il n’y avait qu’un seul vestibule. Après son intronisation, il en a ajouté deux pour compléter à trois vestibules, un chiffre désignant l’homme. Plus tard, il fit construire quatre autres vestibules pour représenter la femme.
Le médicament d’une femme est composé de quatre (4) bottes, le traitement dure quatre jours. C’était une manière de montrer que la femme protège le pouvoir et qu’elle n’est pas oubliée par le roi. Les Tondjon et les Tongnons du royaume juraient par la porte de ce vestibule royal pour témoigner de leur foi et sincérité. Aux dires des anciens, certains se confiaient au vestibule pour résoudre des problèmes sociaux.
Dans ce vestibule se trouvaient des Tongnons, des nobles guerriers, et des Tondjons, les guerriers captifs de guerre. Sur le plan historique, le Biton Blon est un site qui continue à augmenter la fréquentation touristique de la région, avec une recette journalière de 100 000 francs CFA. La visite du Biton Blon est subordonnée au paiement de 5000 FCFA par visiteur.
Vu le rôle et la place qu’occupe ce vestibule à Ségou, il est aujourd’hui regrettable de constater que son état actuel est déplorable. Des parties de ce vestibule sont dégradées et continuent de l’être.
Les sept (7) vestibules, qui occupent aujourd’hui une place de choix dans le tourisme, souffrent des aléas climatiques. Ainsi, un besoin de réhabilitation s’impose. D’où le cri du cœur des habitants de Sékoro : « Nous sollicitons un crépissage annuel de ce vestibule qui représente l’une des identités culturelles et historiques de la région de Ségou. »
La Mosquée de Ba Sounou Sacko, la mère de Biton
Située à Sékoro sur les berges du fleuve Niger, la mosquée de Ba Sounou Sacko fut construite au 18ème siècle en banco et selon une architecture soudanaise. Elle fut construite par son fils Biton, deux (2) ans après son intronisation en tant que roi du village de Sékoro.
L’histoire raconte que sa mère, Ba Sounou Sacko, priait dans la mosquée de Cheicko Malamine, la mosquée du fondateur du village de Sékoro. Ne voulant pas que sa mère subisse l’humiliation de ses pairs en tant que roi Bamanan, capable de construire pour elle, il décida de construire une mosquée pour qu’elle puisse pratiquer sa religion sans entrave. Sa mère pratiquait sa religion parmi les Bamanans sans aucune difficulté jusqu’à sa mort. « Depuis la construction de cette mosquée à nos jours, seule la famille Sylla est apte à conduire la prière des fidèles musulmans », nous confie Amadou Traoré, le guide du jour. Il précise que la mosquée a gardé sa forme et son fond depuis sa construction, sans aucune reconstruction ni modification.
À l’extérieur de cette mosquée, on trouve dans un trou un tas d’abeilles. Ces abeilles, considérées comme protectrices du village contre la guerre, existent depuis le temps de Biton. Elles étaient les abeilles sacrées du roi Biton, qui l’aidaient lorsque les ennemis attaquaient le village, les repoussant hors de Sékoro. Elles continuent à jouer ce rôle de protectrices sacrées. Personne ne peut galoper à cheval pour entrer à Sékoro à cause de ces abeilles.
Cette mosquée, considérée comme sacrée, réalise les vœux des personnes qui viennent s’y confier ou y faire des prières. La mosquée représente beaucoup pour Sékoro, tant sur le plan historique, culturel que sacré, bien que beaucoup de personnes l’ignorent.
À noter que tout le monde peut prier dans cette mosquée. Elle est bien entretenue et fréquentée par les habitants du village.
La Mosquée de Cheicko Koroba
Située à Sékoro sur les berges du fleuve Niger, cette mosquée a été construite par le premier fondateur du village actuel de Sékoro. Selon l’histoire, Sékoro s’appelait autrefois N’jirikouroudjè (Bois blanc). Au fil du temps, il a pris le nom de Cheicko Malamine Kané, descendant de la famille du guide spirituel du soufisme de Ségou, Cheicko Lassana Kané.
Pour rappel, Cheiko Malamine a quitté Chami, l’actuelle Syrie, pour venir s’installer au bord du fleuve Niger avec ses talibés. À son arrivée, il n’y avait pas de mosquée. Vue son attachement à la religion musulmane, il a construit une mosquée pour y faire ses prières.
Cette mosquée est l’une des plus anciennes d’Afrique. Construite en banco avec un style architectural soudano-sahélien, sa construction remonte à plusieurs siècles. Elle demeure célèbre et convoitée, autant pour sa forme architecturale que pour le nombre de fidèles musulmans qui la fréquentent pendant le Maouloud et le Ziyara pour des bénédictions et vœux secrets.
La mosquée est actuellement dirigée par la famille de Cheicko Lassana Kané de Ségou.
Centre N’Domo
Situé à 5 kilomètres en plein cœur de la commune rurale de Pelengana, sur l’axe menant au cercle de Koutiala, une commune de 28 villages et 11 hameaux, le Centre N’Domo est un concept créé dans les années 1990 par Boubacar Doumbia. Ce centre, ouvert en 2004, est situé à côté d’une grande fosse latéritique datant de plusieurs années.
Cette architecture monumentale en banco, d’une couleur ocre-orange, est un exemple de réussite sociale et économique, et fait aujourd’hui la fierté locale et nationale. Pour rappel, le Centre N’Domo, selon son promoteur Boubacar Doumbia, a été créé dans les années 1990, alors que le Mali faisait face à un grave problème de chômage chez les jeunes, entraînant un exode massif vers l’Europe.
Le centre est un lieu de création d’emplois, un secteur porteur de richesse et de revenus pour les artisans qui y travaillent, et une contribution au développement socio-économique du pays, précisément dans la région de Ségou.
Le centre forme gratuitement les jeunes et les femmes. À ce jour, une vingtaine d’hommes y travaillent, et deux centres ont été créés par des femmes formées au Centre N’Domo : le Centre Sinignèsigui (prévoyance) de Sécoura et Benkadi (la paix) de Pelengana. En 2006, une dizaine de femmes ont été formées et se sont installées au centre en association pour pratiquer la teinture.
Au départ, le centre était destiné aux femmes, mais aujourd’hui, tout le monde s’y intéresse. La valeur des tissus achetés localement par le centre chaque année est de plus de 15 millions de francs CFA. Le centre fonctionne à partir des valeurs sociétales du pays.
Le promoteur Doumbia, à travers les activités du centre, prône un retour à la tradition et montre un nouveau modèle d’entrepreneuriat africain. Un entrepreneuriat où chaque personnel, employé et employeur, est libre de confectionner pour soi et de vendre ses productions.
Tant de patrimoine culturel et architectural à Ségou qu’on n’en finit pas de compter du doigt, de parler du rôle, de leur place et de leur importance dans la localité. Mais parmi eux, ces quatre sites se distinguent tant par leur forme que par leur histoire.
Nous vous reviendrons dans les prochaines parutions sur d’autres belles architectures de la ville.
Fatoumata Z. Coulibaly, correspondante à Ségou
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