Que ceux qui croyaient que la France était en panne d’idées pour nuire au Mali se détrompent. Quand on pense que ce pays ne pourrait pas se montrer plus inventive dans ses approches vis-à-vis du Mali, voilà qu’elle revient à la charge, cette fois-ci sur le champ de bataille économique. Bien sûr, on connaît tous les épisodes précédents : les tentatives de diplomatie musclée et les jeux de pouvoir subtiles, mais rien n’y fait. Le Mali, résilient et farouchement attaché à son autonomie, a résisté. Alors, à présent, c’est par l’économie que la France espère reprendre la main.
Après des échecs cuisants sur les terrains diplomatique et de la guerre communicationnelle, la France, présentée comme chantre de la « liberté et des droits de l’homme », semble désormais se tourner vers le terrain économique pour exercer son influence. Oui, vous avez bien entendu. Le grand dessein actuel ? Asphyxier l’économie malienne, un plan aussi subtil qu’odieux, manifestement destiné à mettre à genoux ce pays ouest-africain dont l’économie repose en grande partie sur l’élevage.
Pseudo projets humanitaires
Le Mali, avec ses vastes pâturages, représente un des géants de l’élevage en Afrique de l’Ouest. Derrière le Nigeria, il est le second plus grand pays éleveur de la CEDEAO et caracole en tête des pays exportateurs de bétail de la région. L’élevage, qui contribue à 80 % au revenu des populations rurales du Nord et à 18 % dans le Sud, est plus qu’un moyen de subsistance : c’est un pilier économique. En 2011, l’exportation de bovins injectait plus de 50 millions de dollars dans l’économie malienne. Et ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité.
Mais voilà que sous couvert de projets humanitaires et de soutien aux populations des zones frontalières, financés à grand renfort de publicité par le Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères français, la France semble jouer un jeu double. Officiellement, il s’agit d’améliorer les conditions de vie des éleveurs et de gérer durablement les ressources naturelles. Officieusement ? On pourrait croire à une tentative déguisée pour déstabiliser le secteur de l’élevage malien, et par effet domino, toute l’économie du pays et partant celle de l’AES.
Des choix souverains mal appréciés
Sous le masque altruiste d’une campagne d’aide aux éleveurs maliens, se cache un plan bien plus machiavélique. Il s’agit d’encourager, ou plutôt d’inciter, ces éleveurs à traverser la frontière avec leurs troupeaux, prétendument pour une transhumance habituelle, mais avec un dessein ultime bien plus sombre : la sédentarisation dans un pays voisin, complice de ce stratagème.
La véritable intention ? Anéantir le cheptel malien, pilier central de son économie agro-sylvo-pastorale. Ce plan, si ingénieusement ourdi, pourrait, s’il réussissait, porter un coup dévastateur à l’économie malienne, privant le pays d’une de ses principales sources de revenu et d’exportation.
Quel cynisme !
L’enjeu est de taille, surtout après que le Mali ait pris ses distances avec des institutions telles que le G5 Sahel et la CEDEAO, et après obtenu le départ des troupes françaises ainsi que de la mission des Nations Unies (MINUSMA). Privée de ses leviers traditionnels d’influence, la France semble désormais prête à tout pour sauvegarder ses intérêts, quitte à provoquer des tensions internes au Mali.
Pendant que la France orchestre ces stratégies, le Mali, lui, ne reste pas les bras croisés. L’alliance avec le Burkina Faso et le Niger au sein de l’AES montre une volonté de solidarité régionale et de mutualisation des forces pour contrer les pressions externes et avancer vers des objectifs de développement propres à leurs réalités nationales et régionales.
Accroitre la surveillance et sensibiliser
Ce dernier stratagème révèle une certaine désespérance de la part de la France, qui, ne pouvant plus exercer son influence de manière ouverte, recourt à des tactiques qui pourraient mettre en péril la stabilité d’une région déjà fort complexe. En agissant ainsi, elle ne fait qu’éroder davantage son image et sa crédibilité, non seulement au Mali, mais dans toute l’Afrique de l’Ouest. Aussi, elle oublie que la sécurité du Mali ne saurait se dissocier de celle de ses voisins.
Toutefois, les autorités maliennes de la Transition ne doivent pas se laisser faire. La surveillance devra être accrue sur l’ensemble du territoire et afin de rester en alerte sur tous les déplacements des éleveurs et de leurs troupeaux, surtout le long de nos frontières. En même temps, le département en charge de l’élevage devra s’atteler à une vaste campagne de sensibilisation auprès des populations, notamment les éleveurs afin de couper court à ce désir inavoué de la France.
Sur ce grand échiquier international, où chaque coup peut avoir des répercussions profondes, il semble que la France ait choisi une approche où les fins justifient les moyens. Mais à quel prix ? Celui de la confiance d’un peuple, de la stabilité d’une région, et peut-être, de la perte de ses propres valeurs éthiques, prônées depuis des siècles. Ah, ironie, quand tu nous tiens !
Correspondance particulière
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