« Éduquer un garçon, c’est éduquer une seule personne, mais éduquer une fille, c’est éduquer toute une nation », disait dans sa chanson une grande cantatrice malienne, Kandia Kouyaté. En d’autres termes, elle veut montrer l’impact positif de l’éducation des filles dans la vie d’une nation. C’est en raison de cet impact que les autorités ne ménagent aucun effort pour mettre l’accent sur la scolarisation des filles au Mali.
C’est dans ce souci qu’elles ont tenu, le vendredi 23 mai 2025 à Bamako, la 4e réunion du comité directeur conjoint du mécanisme de coordination des projets de scolarisation des filles (MECOP-SCOFI). Un cadre qui a été mis en place par le ministère de l’Éducation nationale dans le souci d’une meilleure coordination, de partage d’expériences d’appropriation nationale et d’une meilleure lisibilité des progrès envers l’amélioration de l’éducation des filles au Mali.
Depuis, trois réunions de ce cadre se sont tenues respectivement en juin 2022, mai 2023 et mai 2024. Celle de cette année a porté sur ce qui suit : rappel des principales recommandations de la réunion de mai 2024 ; présentation avec des données probantes du niveau de réduction des obstacles à la scolarisation des filles dans les zones d’intervention des projets ; point sur l’accès, la promotion et le maintien des enfants à l’école, particulièrement les filles, à l’aide des données précises ; partages des principaux obstacles auxquels les projets ont été confrontés dans le cadre de la mise en œuvre de leurs activités ; description de deux ou trois mesures en vue de la pérennisation des acquis ; discussion sur la plus-value des différents projets ; présentation des principaux résultats attendus la prochaine année.
À signaler que ces projets interviennent dans les régions de Tombouctou, Mopti, Bandiagara, San, Ségou et le district Bamako. Ils sont mis en œuvre grâce à un accord de financement entre les gouvernements du Canada et du Mali. Beaucoup de recommandations, pouvant impacter positivement sur la qualité de l’éducation des enfants et particulièrement les filles, ont été formulées.
Des participants à la réunion
La cérémonie d’ouverture de cette 4e réunion a été co-présidée par l’ambassadeur directeur Amérique au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mehdi Diakité, Boubacar Dembélé, Secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale et Alou Dicko Chef sectoriel éducation et formation professionnelle, Chef de la coopération, représentant Affaires Mondiales Canada.
La réunion a, également, enregistré la présence de chefs des projets de scolarisation des filles : (PASCOFI, DÉFI Mali, SCOFI COWATER, EMPOWER et FIERES), des Chefs de services techniques du ministère de l’Éducation nationale, de représentants de services techniques des ministères de l’entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle et de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.
De la situation actuelle de la scolarisation des filles
D’après un communiqué de presse en date du 4 novembre 2024, premier jour de la rentrée scolaire 2024-2025, ce sont, d’après un communiqué de presse en date du 4 novembre 2024 de l’UNICEF, plus de 4 millions d’écoliers dont 1,8 million de filles qui ont repris le chemin de l’école. Il ressort du rapport général sur les états généraux de l’éducation (août 2023-fevrier 2024) que le taux brut de scolarisation au premier cycle de l’Enseignement fondamental 1 est estimé à 79,9 % dont 79,4 % pour les filles et 80,3 % pour les garçons.
Dans l’ensemble, le taux net de scolarisation au fondamental est passé de 58,5 % en 2022 à 63,1 % en 2023. Le rapport indique aussi que malgré les chances similaires d’accès de l’ordre de 70 % à l’entrée du fondamental, les chances des filles se réduisent à 25 % à la fin du cycle, contre 41 % chez les garçons. Les filles sont en proportion plus faible à se retrouver dans le secondaire, dans l’Enseignement technique et professionnel et dans le supérieur. D’où la question de savoir les causes de cette situation pour les filles.
Des entraves à la scolarisation des filles
La scolarisation des filles au Mali est entravée, entre autres, par des normes sociales, la pauvreté des ménages, le manque d’infrastructures et d’enseignants, l’éloignement des écoles, l’absence d’éducation sexuelle. Par rapport aux normes sociales, beaucoup considèrent la scolarisation des filles comme secondaire par rapport au rôle de femme au foyer et de mère qu’elles sont appelées à jouer et le plus souvent de façon précoce.
En ce qui concerne la pauvreté des familles, elle s’illustre par l’incapacité des parents à prendre en charge les frais de scolarité, les fournitures scolaires et les uniformes : plusieurs parents préfèrent s’occuper des charges des garçons qu’ils considèrent comme de futurs soutiens de famille. L’éloignement des écoles, surtout dans les zones rurales, constitue, également, un obstacle pour le maintien des filles à l’école en raison des distances à parcourir et des risques de violence sur le chemin de l’école.
Il en est de même du manque d’éducation à la santé de la reproduction en ce sens que beaucoup de filles abandonnent l’école au vu de leurs premières menstrues qu’elles ne savent pas non seulement gérer sur place, mais aussi qu’elles ne sont pas assistées convenablement dans l’espace scolaire.
Ces défis soulignent la nécessité d’une action concertée pour améliorer l’accès à l’éducation des filles au Mali, notamment en combattant la pauvreté, en renforçant les infrastructures éducatives, en modifiant les normes sociales et culturelles, en améliorant la sécurité et en offrant une éducation sexuelle de qualité.
Sidi Modibo Coulibaly
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