« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. » Ce constat de Karl Marx demeure une véritable inébranlable qui continue de traverser les âges. Cette lutte qui est la marque de l’activisme d’un peuple, de sa prise de conscience, de sa volonté de changement, est en même temps la marque de sa profonde ignorance.
En remportant la Révolution française de 1789 ayant conduit à l’instauration d’un régime démocratique, les Français n’espéraient-ils pas parvenir ainsi à la société de leur rêve : mettre un terme aux privilèges accordés à un groupe restreint de personnes ? Cette victoire a-t-elle finalement permis à cette société française d’avoir ce bonheur qu’elle recherchait ? Bien sûr que non. L’insurrection populaire de 1871 n’est-elle pas survenue dans les mêmes contextes ? Une lutte populaire qui a vu l’instauration d’une forme d’autogestion qu’on a appelée la Commune de Paris. Les insurrectionnistes parisiens espéraient ainsi obtenir la société idéale : une société plus juste et plus égalitaire ou plutôt une société communiste. Pourtant c’était loin de finir. Il a fallu attendre seulement 71 jours pour voir la situation virée au vinaigre. Cela grâce à la coalition des bourgeois de part et d’autre le monde. Même là, la roue de l’histoire continue à tourner. Sinon la révolte des Gilets jaunes n’allait pas avoir lieu en 2018.
Dans le malheur, le peuple ne peut que décider d’effectuer un saut dans l’inconnu. Ce « nous ne voulons plus de l’ancien, mais du nouveau » des révolutionnaires de 1991 au Mali est le cri de cœur d’un peuple meurtri dans son existence. Cette volonté de changement, du renouveau, s’effectue via un saut dans l’inconnu. Parce que « “la démocratie » a fini par faire pire que la dictature », lit-on dans « Le Festival des brigands » de Pr Issa Ndiaye pour souligner la crise socio-politique dans laquelle le Mali est tombé depuis l’avènement de cette démocratie.
Tester une nouvelle aventure, dans une société nouvelle fondée sur des valeurs plus humanistes, donc, une société plus libre, est aujourd’hui le désir qui mène et malmène encore le peuple malien.
Assoiffé d’obtenir ce changement de statu quo, le peuple devient aveugle et est prêt à tout sacrifier pour ce saut dans l’inconnu.
En gagnant la révolution de 1991 pour l’avènement de la démocratie, le peuple malien pensait avoir gagné le combat final. La révolution a été gagnée. La démocratie a été instaurée. Mais le bonheur reste toujours un idéal. La société reste toujours inégalitaire. L’injustice règne sur toutes les sphères. La corruption reste encore le maître mot.
Depuis quelques mois déjà, les rues de la capitale ainsi que de plusieurs villes maliennes grondent sous le même désir de changement. Renverser l’actuel régime et le remplacer par un nouveau, plus meilleur. Encore un saut dans l’inconnu dont il n’appartient à aucun prophète de deviner l’aboutissement. Mais connaissant la nature flexible de l’humain dû à son existence dans un monde de péchés, difficile de penser que le futur sera aussi différent du présent ou du passé.
F. Togola
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