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Routes du sang, veilles de fête : quand la Tabaski rime avec tragédie

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À l’approche de la Tabaski 2025, le Mali fait face à une recrudescence tragique des accidents de la circulation. Entre imprudence des conducteurs, infrastructures fragiles et surcharge des routes, le drame de Zantiguila illustre une hécatombe silencieuse. Alors que le gouvernement de transition durcit le ton et renforce les mesures, un sursaut collectif s’impose pour que la fête ne se transforme plus en deuil national.

À chaque veille de fête, c’est le même rituel. L’effervescence monte, les marchés grouillent, les voitures se remplissent, les motos se bousculent, les bus débordent de passagers pressés d’arriver à destination. Et au détour d’un virage, surgit l’irréparable : tôle froissée, sang versé, familles endeuillées. Le Mali, en ce début de juin 2025, s’apprête à célébrer la Tabaski… mais déjà, le drame frappe, plus fort encore que les tambours de la joie.

Le 1er juin, à Zantiguila sur la route de Ségou, deux cars de transport se sont violemment percutés. Bilan provisoire : plusieurs morts, des blessés par dizaines, un pays choqué, encore une fois. Comme dans un mauvais film dont le scénario serait sans cesse rejoué, à la seule différence que les acteurs changent – mais pas le décor ni le carnage. L’excès de vitesse, l’imprudence, les véhicules fatigués, la route qui pardonne peu, et l’État encore en peine d’imposer son autorité sur cet asphalte devenu champ de guerre.

Car oui, c’est bien de guerre qu’il s’agit. Guerre contre la négligence, guerre contre le fatalisme, guerre contre le silence des chiffres. En 2023, les routes maliennes ont tué près de 700 personnes. Les victimes ? Nos jeunes, nos forces vives, nos espoirs. Les coupables ? L’indiscipline, l’irresponsabilité, l’absence de contrôle, mais aussi – osons le dire – le relâchement collectif.

Et pourtant, le gouvernement de transition ne reste pas l’arme au pied. Le Premier ministre, lucide et direct, a osé les mots justes : « crise nationale ». Une crise qui appelle une réponse nationale. Campagnes de sensibilisation, renforcement des contrôles, mobilisation intersectorielle… Rien ne sera de trop pour inverser la courbe de l’hécatombe.

Mieux encore, le Mali n’est pas seul. Avec ses frères d’armes du Burkina et du Niger, un front commun pour la sécurité routière se forme. Partage de données, harmonisation des stratégies, synergies régionales… Les États souverains de l’Alliance des États du Sahel s’organisent aussi sur le terrain de la route, où chaque vie sauvée est une victoire contre le chaos.

Mais il faudra plus. Il faudra que les chauffeurs lèvent le pied, que les passagers osent protester, que les policiers appliquent la loi, que les garagistes dénoncent les défaillances, que les ministères continuent d’unir leur souffle. Il faudra une révolution des comportements. Une révolution de la conscience civique.

Car entre l’explosion d’un mouton et celle d’un car, il n’y a qu’un virage mal négocié. Et la Tabaski, dans sa grandeur symbolique, mérite mieux que des larmes versées sur des corps mutilés. Elle mérite des familles réunies, des repas partagés, des routes sûres.

La fête, c’est vendredi. Mais le vrai sacrifice, c’est aujourd’hui : celui de nos mauvaises habitudes.

Chiencoro Diarra 


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