Adoptée en Conseil des ministres, la révision de la Charte de la Transition consacre un mandat de cinq ans renouvelable au Chef de l’État malien. Dans un contexte de refondation institutionnelle, de lutte contre l’insécurité et de consolidation régionale avec l’AES, cette décision répond à l’impératif de stabilité et à l’exigence de souveraineté.
Cette révision s’inscrit directement dans la lignée des Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues du 27 au 30 décembre 2021. Ces assises, qui ont mobilisé l’ensemble des forces vives de la nation, avaient abouti à 517 recommandations majeures. Parmi celles-ci, une vision politique claire s’était dégagée : « Mener des réformes politiques et institutionnelles prioritaires, avant d’organiser des élections ».
La mise en œuvre de ces recommandations a déjà porté ses fruits. Le Mali a notamment adopté une nouvelle Constitution par référendum le 18 juin 2023, promulguée par le Président de la Transition, Chef de l’État, le 22 juillet 2023. Cette nouvelle loi fondamentale est un pilier de la refondation de l’État, jetant les bases d’une gouvernance renouvelée et plus stable.
Souveraineté et défis extérieurs, un contexte complexe
Depuis la rectification de la transition, survenue en mai 2021, et l’affirmation d’une souveraineté pleine et entière, le Mali se trouve confronté à une multitude de défis. La lutte pour la stabilité et la sécurité est particulièrement ardue, d’autant plus que le pays fait face à des ingérences extérieures. Selon les autorités maliennes, certains de ces défis sont « soutenus par des sponsors étrangers », ce qui complique davantage la situation sécuritaire et politique.
Face à cette réalité, le Mali n’est pas isolé. En effet, il a forgé des alliances stratégiques avec ses voisins, le Burkina Faso et le Niger, qui partagent des problématiques similaires. Cette coopération a donné naissance à l’Alliance des États du Sahel (AES), instituée le 16 septembre 2023 par la Charte du Liptako-Gourma. Plus récemment, le 06 juillet 2024, ces trois nations ont franchi une étape supplémentaire en créant la Confédération des États du Sahel, renforçant ainsi leur synergie dans la lutte contre l’insécurité et pour le développement.
La nécessité d’une « pacification totale »
Malgré les avancées significatives, telles que l’adoption d’une nouvelle Constitution et les succès des Forces Armées et de Sécurité maliennes dans le contrôle du territoire et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la menace persiste. Le Mali et les autres pays de l’AES restent exposés à la déstabilisation internationale et à l’atteinte aux intérêts vitaux des populations.
Dans ce contexte, la prolongation de la Transition est perçue comme une nécessité cruciale. La question de la « pacification totale de nos États » se pose avec acuité, soulignant l’impératif de créer un environnement de sécurité et de stabilité durable avant d’envisager un retour à l’ordre constitutionnel plein et entier.
Un mandat de cinq ans pour la stabilité régionale
Le projet de loi adopté par le Conseil des Ministres s’inscrit donc dans cette logique de consolidation et de persévérance. Il vise à répondre aux « attentes légitimes du Peuple malien », notamment en ce qui concerne la poursuite des réformes et la sécurisation du territoire.
La révision de la Charte de la Transition prévoit d’accorder au Chef de l’État un mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025. Cette décision est alignée avec la durée des mandats de ses pairs au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), ce qui renforce la cohérence et la solidarité entre les nations membres. Cette prolongation vise à donner le temps nécessaire aux autorités pour mener à bien les réformes engagées et parvenir à une pacification complète du Mali, créant ainsi les conditions propices à un avenir plus stable et souverain pour l’ensemble du Sahel.
Ibrahim Kalifa Djitteye
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