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Rapport 2022-2025 : graves irrégularités financières au CFPAK

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Un rapport publié en juillet 2025 par le Bureau du Vérificateur général met en lumière de graves irrégularités dans la gestion du Centre de Formation professionnelle Aoua Keïta (CFPAK) entre 2022 et 2025. De comptes bancaires ouverts sans autorisation à des dépenses hors cadre légal, en passant par des postes vacants jamais pourvus, ce centre censé former les femmes et jeunes filles déscolarisées se retrouve au cœur d’un scandale de gouvernance.

À Bamako, l’épais document publié par le Bureau du Vérificateur général en juillet 2025 ressemble à une radioscopie crue d’une institution née avec de nobles ambitions, mais trahie par ses failles administratives et financières. Le Centre de Formation professionnelle Aoua Keïta (CFPAK), créé en 1999 pour donner une seconde chance aux jeunes filles et femmes déscolarisées, a vu ses pratiques épinglées au titre des exercices 2022, 2023, 2024 et 2025 (jusqu’au 31 janvier).

Les dysfonctionnements pointés

Conçu dans l’esprit de la Politique nationale Genre de 2011, le CFPAK devait répondre à un enjeu crucial : réduire la déperdition scolaire féminine dans un pays où à peine 25 % des femmes sont alphabétisées. Doté de crédits de l’État (plus de 107 millions de FCFA sur la période auditée) et de recettes propres issues de locations de salles (17 millions de FCFA), le centre devait incarner la promotion de la femme par la formation qualifiante. Mais derrière cette mission sociale, le rapport révèle une mécanique institutionnelle grippée.

La liste des irrégularités est longue. Absence de cadre organique, postes vacants non pourvus depuis 2022, inexistence de manuel de procédures administratives et financières. Autant de manquements qui sapent la performance du centre. Plus grave, l’ouverture irrégulière de comptes bancaires à la BDM, sans autorisation du ministère des Finances, viole frontalement la réglementation. Quant au comptable-matières du ministère de tutelle, il n’a ni codifié ni immatriculé les équipements, rendant impossible tout suivi rigoureux du patrimoine du centre.

Le rapport est sans appel. Le directeur général et l’agent comptable ont engagé des dépenses sur les recettes propres (carburant, fournitures, entretien), alors que celles-ci relevaient exclusivement de la Direction des Finances et du Matériel. En d’autres termes, des fonds ont été utilisés hors du circuit légal, fragilisant la transparence budgétaire.

Face à ce constat, le Vérificateur général recommande une relecture urgente des textes fondateurs du centre, la dotation d’un cadre organique, la nomination de responsables aux postes vacants, ainsi qu’une stricte régularisation de la comptabilité-matières. Les faits relatifs aux dépenses irrégulières ont été transmis à la Section des comptes de la Cour suprême, précise le BVG dans son rapport.

Le CFPAK reste pourtant un outil stratégique. Depuis sa création, il a formé 1 292 femmes et jeunes filles, dans la couture, la restauration ou l’hôtellerie. Mais aujourd’hui, miné par l’inaction institutionnelle et des pratiques financières contestables, le centre frôle l’abandon de sa mission première. Un paradoxe cruel : là où il devait être un levier d’émancipation et de dignité, il devient le miroir des pesanteurs bureaucratiques maliennes.

A.D


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