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De l’aube au crépuscule : les femmes, piliers du Ramadan

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Au cœur du ramadan, les femmes, véritables piliers du foyer, orchestrent avec grâce et résilience les rituels qui nourrissent corps et âme. Leur dévouement transforme chaque journée en une œuvre d’harmonie et de partage sacré.

 Avant l’aube, elles éveillent le monde, et après le crépuscule, elles bercent la nuit de leur veille – sentinelles infatigables du foyer, accordant à leur corps épuisé une trêve éphémère sous le voile d’une sieste méritée. Le temps, tel un danseur, change de rythme au gré du ramadan, se pliant en deux mesures distinctes : l’aurore, qui suspend le jeûne dans un murmure de prières et d’espoirs, et le crépuscule, qui le rompt dans un soupir de soulagement et de gratitude. 

Cette cadence altérée dicte un ballet de saveurs, où des mets généreux et vivifiants prennent la scène pour apaiser les âmes jeûneuses. Nous avons voyagé à travers le cœur des demeures et des halles, témoins des recettes ancestrales qui s’épanouissent en cet acte de foi, révélant les trésors culinaires dédiés à rompre le silence du jeûne.

Une cuisine à plusieurs mains 

Il est 15 heures. Nous sommes chez la famille Coulibaly à Sido-Soninkoura, à Ségou. Mariam Coulibaly, la matriarche, est assise, supervisant ses belles-filles à la cuisine. En tête, Habibatou Mallé, assistée des deux autres belles-filles, s’affaire. Les belles-sœurs apportent également leur aide. La complicité de ces trois belles-filles est indispensable pour préparer un plat délicieux pour la rupture du jeûne. 

Mariam Coulibaly explique qu’avec les multiples tâches du mois de Ramadan, elles se chargent ensemble de la cuisine, car de nombreux plats sont demandés par les jeûneurs. « Il est difficile pour une femme vivant dans une grande famille comme la nôtre de gérer seule toutes ces responsabilités », souligne-t-elle. Elle ajoute que le ramadan induit un changement chez les fidèles musulmans : « C’est une période de partage et de coexistence pendant la rupture du jeûne le soir », confie-t-elle. 

À la préparation du «  », une pâte traditionnelle faite à partir de farine de mil, de sorgho ou de maïs, mélangée à de l’eau et cuite avec soin, les belles-filles s’attèlent. Cette préparation est un véritable patrimoine culinaire, typiquement bambara, généralement accompagné d’une sauce au gombo et au poulet. 

Face au nombre de jeûneurs dans la famille, une variété de menus est proposée. « Nous préparons des plats de résistance et des boissons pour la rupture du jeûne. Dès 15 heures, nous commençons à cuisiner pour être prêts à temps. Pour l’occasion, nous prévoyons de la bouillie, du riz, du quinquéliba et des jus de fruits. Un petit plat est également préparé pour ceux qui veulent manger avant la prière collective. Les plats consistants sont généralement consommés une à deux heures après la rupture », explique Habibatou. Elle rappelle que pour la rupture, le thé, le quinquéliba et les jus de fruits sont très prisés, tandis que les dattes sont recommandées selon la tradition prophétique musulmane. « Pour les repas de Suhur, nous les préparons aussi ensemble, mais sans la présence de notre belle-mère ». 

Malgré un emploi du temps chargé, ces trois belles-filles parviennent à jeûner et à participer aux prières, estimant que ces efforts, surtout pendant le mois béni du ramadan, apportent des bénédictions à leurs enfants. 

Vie professionnelle et exigence du foyer 

Chez une autre famille, Mme Maïga Fadimatou Cissé de Pelegana Sud, s’efforce de remplir son rôle d’épouse tout en recevant la bénédiction divine, malgré les multiples tâches à accomplir. Mère de trois enfants et mariée, elle vit avec son époux, ses enfants et une aide-ménagère. Elle s’efforce de concilier sa vie domestique et professionnelle pour répondre aux besoins de sa famille, notamment aux exigences d’hygiène de son époux. « Le matin, avant d’aller travailler, après le suhur, je donne des instructions à notre aide-ménagère. Souvent, c’est elle qui fait les courses, et à mon retour, je prends en charge la cuisine », partage-t-elle. 

Chaque jour, Fadimatou prépare deux variétés de sauces. Bien qu’assistée par son aide-ménagère et ses enfants, c’est elle qui assume la majeure partie de ces tâches. « Je rentre à la maison vers 15 h pour préparer le repas de l’Iftar. Vers 18 h, tout est prêt », raconte-t-elle, soulignant son engagement envers sa famille et la tradition. 

Les restaurateurs, malgré un secteur paralysé, tentent de s’adapter. Marina Diarra, épouse et gérante du restaurant « Manger bien chez tanti », évoque sa routine entre maison et travail pendant ce mois. Elle souligne le rôle traditionnel de la femme dans la gestion du foyer et son engagement pour le bien-être de sa famille et de ses clients. Elle partage ses menus spéciaux pour le ramadan, adaptés aux besoins de ses clients, tout en regrettant une baisse de l’activité commerciale. 

Sur un trottoir, transformé en point de vente, Safiatou Konaré, vendeuse de beignets et de quinquélibat, constate une hausse de ses ventes, ces produits étant très demandés pendant le ramadan. 

Le Dr. Drissa Sangaré souligne l’importance d’une alimentation équilibrée lors de la rupture du jeûne, conseillant des aliments riches en sucre à absorption rapide, et recommande une hydratation suffisante pour maintenir une bonne santé. Avant de se rendre à la prière, précise-t-il, il est préférable de privilégier les salades, les concombres, la pastèque et tous les aliments à absorption rapide de sucre. Et de poursuivre qu’après la prière, il est préférable de consommer avec modération des aliments peu gras comme le riz, le tô, sinon nous pourrions souffrir de maux de ventre.

L’inclusion pendant le mois de ramadan 

Tout en célébrant le rôle indispensable des femmes dans les préparatifs et la réalisation du ramadan, il est également important de reconnaître la contribution des hommes dans certaines familles. Que ce soit par le soutien aux courses, la participation à la préparation des repas ou simplement en offrant un soutien moral et spirituel, leur rôle complémentaire contribue à l’harmonie et à l’équilibre des tâches domestiques durant ce mois sacré. 

Cette collaboration entre les sexes reflète l’esprit de partage et d’unité prôné par le ramadan et renforce la cohésion au sein des familles. En mettant en lumière le soutien mutuel entre hommes et femmes, nous célébrons une dynamique familiale qui s’adapte et évolue, tout en restant ancrée dans les traditions et les valeurs.

Le mois de Ramadan révèle l’immense dévouement des femmes au sein des familles et des communautés musulmanes. Leur contribution va bien au-delà de la simple préparation des repas : elles incarnent l’esprit de partage, de sacrifice et de solidarité qui caractérise cette période sacrée. Malgré les défis et la charge de travail accrue, elles maintiennent une foi inébranlable et une volonté de soutenir spirituellement et physiquement leurs proches. 

Ce voyage à travers les cuisines et les foyers durant le ramadan nous rappelle l’importance de reconnaître et d’apprécier le rôle crucial des femmes. Elles ne se contentent pas de nourrir les corps, mais aussi de fortifier les liens familiaux et communautaires, enrichissant ainsi les traditions et la foi musulmane. En témoignant de leur expérience, nous sommes invités à valoriser leur résilience et leur générosité, essentielles au bien-être et à l’harmonie de la société. 

Ainsi, au moment où nous partageons les bienfaits des repas du ramadan, prenons un moment pour rendre hommage à ces femmes remarquables. Leur labeur et leur amour imprègnent chaque plat, nourrissant bien plus que le corps : ils nourrissent l’âme de la communauté. Leur engagement mérite notre plus profonde gratitude et respect, rappelant que derrière chaque jeûneur satisfait, se trouve le dévouement infatigable d’une femme.

Fatoumata Z. Coulibaly, correspondante à Ségou


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