Avant les mots, il y a les gestes. Et certains parlent plus fort que des discours. En déposant une gerbe de fleurs sur la tombe du Soldat inconnu à Moscou, le Président malien de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta, a rendu hommage aux morts de toutes les guerres — mais aussi, discrètement, à ceux du Sahel. Un acte de mémoire, de respect, mais surtout un signal silencieux de souveraineté partagée.
Loin des micros, sous les frondaisons disciplinées du Jardin Alexandre, à deux pas des murailles du Kremlin, le Président malien de la Transition, le général Assimi Goïta, a déposé ce 23 juin 2025, en début de matinée, une gerbe de fleurs au pied de la flamme éternelle. Un geste fort, sobre, dense. Et loin d’être anodin.
Dans la liturgie diplomatique russe, le dépôt de gerbe sur la tombe du Soldat inconnu est un rituel sacré. Lieu de mémoire, de respect, mais aussi de messages codés, cette tombe — qui n’en est pas une — incarne les anonymes de l’Histoire, les morts sans noms, ceux qui, en 1941, ont défendu Moscou au prix du sang. Y poser des fleurs, c’est, en silence, prendre rang dans le camp des nations qui n’oublient pas.
Et Assimi Goïta, ce matin-là, n’avait rien d’un visiteur de circonstance. Vêtu d’un boubou blanc, visage grave, il s’est incliné devant la flamme éternelle. À ses côtés, son Directeur de cabinet, l’Ambassadeur du Mali en Russie, mais aussi deux figures militaires russes : le Vice-ministre de la Défense et le Commandant militaire de Moscou. En d’autres termes, la garde rapprochée du pouvoir dur, celle qui ne se déplace jamais sans message.
Un hommage, mais aussi un signal
Ce geste du Président malien n’était pas que protocolaire. Il traduisait, dans le langage discret des chefs d’État, une convergence de récits historiques : celle d’un peuple qui résiste, et d’un autre qui comprend.
Car, à travers ce dépôt de gerbe, Bamako semble dire aussi : « Nous aussi, nous connaissons le prix de la souveraineté. Nous aussi, nous enterrons des soldats sans nom. Nous aussi, nous tenons notre ligne. » Dans un contexte régional secoué par des crises sécuritaires, cet hommage prend une dimension hautement symbolique — presque géopolitique.
Une diplomatie du respect mutuel
En choisissant de débuter sa visite par cette cérémonie de recueillement, Assimi Goïta a aussi voulu inscrire son séjour moscovite dans le registre du respect et de la mémoire partagée. À une époque où les alliances se nouent autant par les armes que par les symboles, l’image d’un Président malien aux portes du Kremlin, fleurs blanches et rouges en main, parlera autant aux chancelleries africaines qu’aux stratèges du ministère russe de la Défense.
Au terme de la cérémonie, sobre et digne, le Chef de l’État malien a été escorté par ses hôtes jusqu’à sa résidence. Le silence des pierres avait parlé. Les vivants, désormais, ont rendez-vous avec l’Histoire.
Chiencoro Diarra
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