Dans son nouveau rapport sur la crise sécuritaire dans la région de Mopti, Crisis Group pointe du doigt l’insuffisance des mesures mises en place. Il formule une approche en trois phases pour venir à bout de cette crise multidimensionnelle.
Tuerie de masse, vols et destruction de biens sont le dénominateur commun des acteurs à l’origine des conflits dans la région de Mopti, selon le Crisis Group dans son nouveau rapport publié, lundi 9 novembre 2020. Un rapport qui s’intitule « Enrayer la communautarisation de la violence au centre du Mali ». Ces violences, dont les civils pour la plupart sont victimes depuis 2016, sont perpétrées par des djihadistes, des groupes d’autodéfense mobilisés pour protéger leur communauté ou encore par des forces de sécurité, indique la même source. Telles
Des anciennes rivalités
Dans ce rapport de 53 pages, Crisis group retrace la genèse de cette crise ainsi que celle de la création des groupes d’autodéfense dans cette région du centre du Mali. « L’engrenage de la violence est récent, mais le conflit s’ancre dans des rivalités anciennes entre communautés », explique ce rapport sur la crise malienne.
Selon le Crisis Group, l’aggravation de ces anciennes rivalités se sont aggravée ces dernières décennies reste tributaire d’une crise du pastoralisme, de la pression sur les ressources naturelles et enfin de « l’incapacité des pouvoirs publics et autorités traditionnelles à apporter des réponses crédibles à ces enjeux ».
« L’implication d’activistes à Bamako »
Les groupes d’autodéfense créés dans le but de protéger leur communauté contre des ennemis ont contribué à l’aggravation de la crise. Dans ce rapport, Crisis Group précise la place prépondérante que jouent les « activistes à Bamako » dans la recrudescence de la guerre intercommunautaire dans le centre du Mali. En plus de cet aspect, notre source fait ressortir une « instrumentalisation politique du conflit ».
La conséquence de tous ces facteurs multiplicateurs, c’est d’ouvrir la voie au « recrutement de combattants par les groupes jihadistes et d’autodéfense au centre du pays ».
La responsabilité de l’État
Crisis Group constate une inadéquation des mesures adoptées avec les réalités de la crise. « Le gouvernement [ndlr] s’est concentré sur la lutte antiterroriste sans suffisamment soutenir la réconciliation intercommunautaire ni reconstruire la légitimité de l’État », souligne le rapport qui déplore une incapacité des forces maliennes à « désarmer les groupes d’autodéfense » ou encore « de repousser la menace des groupes jihadistes ».
Les trois phases pour résoudre la crise
Les autorités de transition ont alors du pain sur la planche. Pour une pleine efficacité de toutes les mesures adoptées, Crisis Group propose une d’approche en trois phases : accentuer et harmoniser les efforts de dialogue pour négocier des cessez-le-feu locaux, restaurer la présence et la crédibilité de l’État et promouvoir le désarmement. Une fois que le conflit aura pris fin, « l’État devrait tenter de créer les conditions d’une réconciliation durable ».
Crisis group invite les autorités de transition à porter une attention toute particulière à la zone exondée de Mopti.
Fousseni Togola
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