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Monde en surchauffe : polycrises et fractures d’un ordre international en décomposition

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Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale la planète n’avait affronté un tel enchevêtrement de crises simultanées. En 2025, guerres conventionnelles, terrorisme, déplacements massifs, famines climatiques, menaces cyber et nucléaires dessinent les contours d’un monde au bord de l’implosion.

En apparence, rien ne relie les chars russes embourbés dans le Donbass, les drones du JNIM dans le Sahel, les avions chinois frôlant le ciel taïwanais, ou les déplacés climatiques du Soudan et du Bangladesh. Pourtant, tout se tient : une mécanique de polycrises où chaque fracture en alimente une autre, dans un système global fragilisé par la fragmentation géopolitique et l’épuisement des mécanismes multilatéraux. L’indice d’incertitude des politiques économiques n’a jamais été aussi élevé, et 305 millions d’êtres humains dépendent déjà d’une aide humanitaire d’urgence.

Les nouveaux épicentres du désordre

À l’Est, l’Ukraine demeure le champ de bataille d’un affrontement de civilisation : redéfinir les règles héritées de la guerre froide au prix d’un demi-million de morts. Au Moyen-Orient, l’onde de choc du 7 octobre 2023 a embrasé Gaza, le Liban et fait basculer la Syrie post-Assad dans l’inconnu. Plus au Sud, le Soudan détient le triste record de « plus grande crise humanitaire du monde » : 25 millions de personnes en insécurité alimentaire, 12 millions de déplacés. Quant au Sahel, 4,5 millions de déplacés, une insécurité endémique, et trois États (Mali, Burkina, Niger) qui, en claquant la porte de la CEDEAO, mettent en place une confédération militaire et politique, dénommée la Confédération des États du sahel (AES), créée en juillet 2024.

À ces foyers s’ajoute un accélérateur : le climat. Températures multipliées par 1,5 au Sahel, nappes phréatiques qui s’effondrent, désertification qui gagne. Chaque année, 22 millions de déplacés climatiques. Demain, 216 millions d’êtres humains contraints de migrer à l’intérieur de leurs frontières. En Afrique subsaharienne, ils pourraient être 86 millions d’ici 2050. L’insécurité alimentaire touche déjà 295 millions de personnes, la moitié des terres arables de la planète est dégradée.

Nouvelles conflictualités, nouveaux arsenaux

La cyberguerre est devenue le cinquième front : intelligence artificielle, deepfakes, attaques ciblées, malwares polymorphes — l’invisible est désormais stratégique. En parallèle, l’arsenal nucléaire mondial (12 200 ogives, dont 2 000 en alerte) repart à la hausse. La Chine, avec 100 nouvelles ogives par an, rejoindra bientôt le club fermé des parités avec Washington et Moscou. Et l’affrontement indo-pakistanais de mai 2025 a rappelé que l’arme nucléaire n’est pas un tabou, mais une tentation.

Dans ce puzzle chaotique, l’ordre multilatéral se délite. Les BRICS s’élargissent, l’AES s’alie derrière de nouveaux partenariats « gagnat-gagnat », la France se retire d’Afrique de l’Ouest, les États-Unis doutent de leur rôle global. Les règles se dissolvent, les arbitrages s’épuisent, la violence reprend ses droits comme outil de régulation des rapports de force.


Le monde de 2025 ressemble à une poudrière aux mèches multiples. Les crises s’additionnent, se croisent, s’amplifient. À moins d’une diplomatie préventive vigoureuse et d’une coopération internationale refondée, l’alternative est claire : la table des négociations ou le champ de bataille.

Chiencoro Diarra 


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