Dans le but d’accompagner les forces de défense et de sécurité dans leurs efforts de nettoyage du pays de l’hydre terroriste, les autorités maliennes ont adopté un projet de loi portant militarisation de la police et de la protection civile. Ledit projet a été adopté par le CNT.
Réunis en Conseil des ministres, le mercredi 5 octobre 2022, le gouvernement malien de transition a adopté un projet de loi portant militarisation de la police nationale et de la protection civile. Cette décision est une mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR), tenues les 27, 28, 29 et 30 décembre 2021 sur l’ensemble du territoire malien.
Selon le Conseil national de transition (CNT), réuni en sa session ordinaire d’octobre, le jeudi dernier au Centre international de conférence de Bamako (CICB), « Ce projet de loi constitue […] une opportunité de soutien à l’effort de guerre qui prédispose la population à appuyer les Forces de Défense et de Sécurité en acceptant de mettre plus de ressources humaines et matérielles à leur disposition ».
Des conclusions exécutoires
Cette militarisation répond en effet aux besoins liés à la situation sécuritaire et aux défis multiples auxquels les forces de défense et de sécurité aussi bien que les populations et les administrations publiques sont confrontées. « Pour les besoins de la lutte contre le terrorisme, la sécurité et la défense du territoire, le Président peut prendre un décret en fonction des pouvoirs que la constitution lui donne pour mobiliser les forces paramilitaires pour la défense de la patrie », lit-on dans les Conclusions des Assises nationales.
Notons que ces Assises avaient mis sur la table une crinière de recommandations, dont certaines ont déjà été mises en œuvre, dans le cadre de l’amélioration croissante de la situation sécuritaire dans le pays. De l’instauration d’un service militaire obligatoire à partir de 20 ans au déploiement des officiers supérieurs sur le terrain et non dans les ministères en passant par le développement de nouveaux partenariats militaires avec des puissances militaires pour mieux défendre la souveraineté du Mali, le président de la transition honore un engagement pris devant le peuple malien et la Communauté internationale. Lors de l’ouverture de la phase nationale de ces Assises, le chef de l’État avait rassuré que les conclusions de cette rencontre allaient être « exécutoires ».
Assurer la sécurité et empêcher le retour des forces du mal
À ces recommandations, il faut ajouter la construction de logements sociaux pour les militaires ainsi que la création d’un fonds spécial pour la prise en charge des femmes et des enfants des militaires tombés au front.
Selon le communiqué du Conseil des ministres, « cette militarisation permettra de déployer la Police nationale dans les zones reconquises par l’Armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et empêcher le retour des forces du mal ». La même source précise que cette mesure est « étendue à la Protection civile qui constitue le deuxième segment du Ministère de la Sécurité et de la Protection civile avec la Police nationale pour permettre de couvrir les arrières des forces engagées au combat en vue de préserver les acquis et sécuriser l’Administration et les populations ».
Ces raisons avancées par les autorités maliennes justifient le bien-fondé de cette recommandation du peuple. Une recommandation qui contribuera sans nul doute à soutenir et maintenir la montée fulgurante des forces de défense et de sécurité en puissance. Surtout que la police dispose du plus grand effectif de tout le corps armé.
Adoption par le CNT
Selon le CNT, « Cette militarisation de la Police Nationale et de la Protection Civile concourent à la réalisation des objectifs de la refondation de l’Etat telle qu’indiquée dans les recommandations pertinentes des Assises Nationales de la Refondation et confirmée dans le Plan d’Action Stratégique de la Refondation à travers les actions prioritaires du Gouvernement ».
Il est à rappeler que le Mali ne sera pas le premier à prendre une telle disposition. Aux États-Unis aussi bien qu’en Europe, on retrouve cette initiative de militarisation. La Côte d’Ivoire ainsi que le Burkina Faso sont des exemples dans la sous-région ouest-africaine.
Ce projet de loi a obtenu l’unanimité des membres de l’organe législatif de la transition malienne, qui étaient présents à cette séance plénière du jeudi 20 octobre, soit 111 voix pour.
À travers l’adoption de ce projet de loi, le président Goïta tente encore une fois de plus de lier l’acte à la parole.
Chiencoro Diarra
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