La multiplication des messages de haine à travers les réseaux sociaux inquiète de plus en plus les défenseurs des droits de l’homme. À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, les Nations Unies ont interpelé, le 27 janvier 2021, les gouvernements sur le phénomène.
Seulement au premier trimestre de l’année 2020, les modérateurs de Facebook ont supprimé 9,6 millions de messages haineux sur leur plateforme, soit une augmentation de cette pratique par rapport à la même période en 2019 durant laquelle 4,1 millions de cas avaient été supprimés, selon Statista.
Ces dernières années, les réseaux sociaux et les médias traditionnels assistent à une forte diffusion de messages de haine à travers leur canal. Le pire est qu’il s’agit d’un phénomène qui se passe à la fois en ligne comme hors ligne.
« Une réelle menace de violence »
Fin 2020, des victimes de cyberharcèlement ont raconté à l’Agence France-Presse (AFP) leur confrontation à la haine en ligne. Parmi ces victimes, Georges Salines, père d’une victime des attentats de 2015 à Paris, raconte : « J’ai fait l’objet de messages fort désagréables, dont des menaces de mort. L’un d’eux disait que les collabos et ceux qui ne sont pas suffisamment virulents contre les musulmans devaient être jetés du haut d’un pont. Ce sont des paroles, mais évidemment ça peut tomber sur des esprits dérangés qui peuvent passer à l’acte, on ne sait pas ».
Ces pratiques se seraient augmentées durant la pandémie du coronavirus, notamment sur Facebook et Twitter, pendant laquelle beaucoup de pays ont opté pour le confinement. La multiplication des utilisateurs durant cette période aurait contribué à la recrudescence des messages de haine via ces canaux.
« Attisées par des leaders d’opinion irresponsables et amplifiés et légitimés par les moteurs particulièrement puissants des médias numériques, ces fabrications haineuses sont profondément dommageables en elles-mêmes et peuvent constituer une réelle menace de violence », a alerté, dans un communiqué, Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Pourtant, « les mots ont des conséquences », a-t-elle rappelé.
Des « politiques réglementaires et des conditions de service concrètes »
L’augmentation de ce phénomène se fait-elle sans la responsabilité des gouvernements ? Selon Mme Bachelet « les gouvernements et les plateformes numériques ont pu favoriser ou participer à cette forte augmentation. » D’où son appel à « réévaluer d’urgence leurs responsabilités » en la matière. Quant aux entreprises de médias sociaux, elles ont d’ores et déjà mis en place des mesures pour interdire les contenus négationnistes tout en orientant leurs usagers vers des informations crédibles à ce sujet. « Ces mesures doivent être systématiquement et immanquablement adoptées, mises en œuvre et appliquées, y compris par des politiques réglementaires et des conditions de service concrètes, dans le respect des libertés d’expression et de la presse », ont précisé les experts des droits humains.
En mai 2020, l’Assemblée nationale française a adopté la loi contre la haine sur internet. Ce texte oblige les plates-formes et les moteurs de recherche de retirer sous vingt-quatre heures les contenus « manifestement » illicites qui leur seront signalés. En cas de manquements à cette mesure, ils pourront être condamnés à des amendes pouvant aller jusqu’à 1,25 million d’euros. Les contenus visés par cette loi sont entre autres : les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou religieux, rapportent nos confrères du quotidien français Le Monde.
Ce phénomène de diffusion des messages de haine n’est plus propre aux utilisateurs des réseaux sociaux. Des médias traditionnels se mêlent de plus en plus à la danse.
Bakary Fomba
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