Depuis l’interdiction, en mai 2025 par le Mali, de la circulation de véhicules hors normes sur les routes, plus de 2400 camions sont bloqués au port de Dakar, au Sénégal. Ce qui a impacté les économies des deux pays, car 68,2% des marchandises maliennes transitent par Dakar. En vue de trouver une solution à ce blocage, les autorités du Mali et du Sénégal multiplient les initiatives dont la dernière date du 18 novembre 2025.
En effet, l’assurance a été donnée à la ministre malienne des Transports et des Infrastructures, Dembéle Madina Sissoko, par la ministre sénégalaise des Pêches et de l’Économie maritime, Fatou Diouf. C’était le mardi 18 novembre 2025 à la faveur d’une réunion de travail entre les deux ministres qui s’est tenue à Diamniadio, ville située à une trentaine de kilomètres de Dakar.
D’après l’Agence de Presse Sénégalaise, Fatou Diouf a déclaré : “Les instructions que nous avons reçues du président de la République et du Premier ministre, c’est de ne ménager aucun effort pour renforcer la coopération bilatérale […] Nous allons ensemble trouver une solution durable et définitive ». Et la ministre sénégalaise de dire que : « Selon les données dont nous disposons, plus de 2 400 conteneurs du Mali sont actuellement au port de Dakar. Certains conteneurs sont encore dans les délais de franchise, ce n’est pas le cas pour les autres. Le but de cette rencontre, c’est de trouver ensemble une solution transitoire ».
Pour Dembélé Madina Sissoko, « Il s’agit aussi de trouver une solution durable, qui nous permettra de faire en sorte que cette situation ne se reproduise plus ». La ministre malienne a poursuivi en affirmant que : « Nous ne doutons pas un seul instant de la capacité du Sénégal à prêter son concours fraternel et actif à l’acheminement des marchandises en souffrance au port de Dakar ». Elle a, aussi, déclaré être venue au Sénégal en même temps pour des démarches « concertées et pragmatiques » des autorités des deux pays, dont le but est de « renforcer l’efficacité et la fluidité du corridor Dakar-Bamako, une véritable artère vitale des échanges économiques et commerciaux » entre le Mali et le Sénégal. D’après elle, « Le corridor Dakar-Bamako concentre près de 60 % du commerce extérieur du Mali et représente, pour le Sénégal, un levier stratégique de transit et de compétitivité régionale […] Il symbolise notre interdépendance économique et logistique« .
Un engorgement massif et des coûts de stockage élevés
Le vendredi 7 novembre 2025 à son siège, le conseil malien des chargeurs ( CMC) a tenu une réunion regroupant la Chambre du commerce et d’industrie du Mali (Ccim), le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), les représentants des principaux armateurs (SMC, CMA-CGM, Maersk logistics Mali, CVA logistics, Customer Car Manager, AGLX BM Mali, Fracht Mali et AGL).
Lors de la réunion, le secrétaire général du Conseil malien des chargeurs (CMC), Fousseyni Soumano, a affirmé qu’à la date du 4 novembre, 2 726 conteneurs sont en souffrance au Port autonome de Dakar. Ce qui représente 95 % de l’espace portuaire. La capacité de stockage est dépassée au niveau des différents ports de débarquement. Ce nombre de conteneurs en souffrance ne fait que grossir au fil des semaines.
Faute de moyens de transport adéquats, les frais de magasinage et de surestaries grimpent jour après jour. Ils sont estimés à des milliards de F CFA quand on sait que certains opérateurs économiques doivent à ce jour plus de 700 millions de F CFA au Port comme frais de magasinage.
Interdiction des camions hors normes
Depuis le 15 mai 2025, deux dispositions légales ont interdit la circulation des camions hors gabarit sur les routes au Mali. Il s’agit de l’article 32 du décret n°2023-0509 du 12 septembre 2023 fixant les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et la mise à la circulation des véhicules et, le règlement n°14 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).
Les normes autorisées pour les camions de transport sont de 17 mètres. Selon des constats, 30 % des camions de transport de fret sont arrêtés à cause de l’application de cette norme. Le Sénégal, principal port de destination du fret malien, regorge d’un parc de camions dépassant largement cette norme. ( Des camions mesurant 23 mètres de long ).
La solution pour les transporteurs sénégalais est d’accepter de couper leurs véhicules pour l’adapter à la norme, ou bien de transborder les marchandises dans un autre camion aux normes requises. Quant aux transporteurs maliens, ils ont adopté des solutions de fortune se contentant des camions à palette destinés au transport du ciment. Ce qui constitue un énorme risque pour des produits périssables comme les tissus, le sucre, etc.
Il faut noter qu’il ressort de la rencontre des transporteurs, tenue le 7 novembre 2025, initiée par le conseil malien des chargeurs que plusieurs projets sont en cours afin de désengorger le port de Dakar et de sécuriser les flux vers le Mali. Il s’agit du port sec de Sandiara, en construction au Sénégal, qui pourrait accueillir jusqu’à 6 000 conteneurs et plus de 1 000 camions et, de la réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar–Bamako.
Sidi Modibo Coulibaly
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