Malgré plusieurs missions de médiation aussi bien à l’interne qu’à l’étranger, la crise sociopolitique au Mali ne connait toujours pas de répit. On a d’ailleurs l’impression qu’elle s’aggrave.
Mettre en œuvre les six recommandations issues du sommet virtuel des chefs d’État de la CEDEAO du 27 juillet 2020 pour ne pas recevoir des sanctions sur la tête, voilà le souci du pouvoir central au Mali. Ces recommandations de l’organisation sous-régionale ne se prononcent pas sur la démission du Premier ministre Boubou Cissé, reconduit à ses fonctions le 11 juin 2020. Pourtant, aujourd’hui, c’est la tête de ce ministre qui cristallise les tensions.
Le M5-RFP déterminé
Lors de son point de presse du vendredi 7 août 2020, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), l’instigateur de toutes les manifestations actuelles, à réitéré sa demande de démission du président de la République et de son régime. Le mouvement prévoit d’ailleurs une mobilisation « historique » le mardi 11 août 2020. Ce mouvement hétéroclite, né le 5 juin 2020, ne veut plus entendre parlé de Boubou Cissé, comme Premier ministre, qu’il considère comme le principal responsable des violences des 10, 11 et 12 juillet 2020 ayant fait plus de dix (10) morts.
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Le RPM revendique le poste de Premier ministre
De leur côté, la majorité présidentielle semble ne plus supporter un Premier ministre hors du rang du Rassemblement pour le Mali (RPM). Cette majorité, avec à la tête Bocary Tréta, revendique son droit de parti de la majorité. Elle souhaite que le Premier soit issu du parti présidentiel. « Le bureau politique national du RPM réclame et revendique le poste de Premier ministre du futur gouvernement d’union national [ndlr] », lit-on dans leur mémorandum adressé au chef d’État le 25 juillet 2020. Sur les recommandations du M5-RFP, la majorité présidentielle s’oppose à beaucoup de points, pour ne pas au Mémorandum de ce mouvement.
Les députés contestés sur pied de guerre
La CEDEAO recommande l’organisation d’élections législatives partielles dans les circonscriptions où les résultats ont été contestés. La trentaine de députés concernée par cette décision, dont le président de l’Assemblée nationale, rejette cette proposition et refuse de démissionner. Ils estiment que nul ne peut les forcer à rendre le tablier.
Le chef d’État met en œuvre les recommandations de la CEDEAO
Malgré toutes ces confusions, le président de la République semble ne pas se rendre compte de la gravité de la crise. Il poursuit calmement la mise en œuvre des résolutions de la CEDEAO. Après un gouvernement restreint de six ministres, les sages de la Cour constitutionnelle ont été nommés le vendredi 7 août 2020. Ces nouveaux juges vont prêter serment devant l’Assemblée nationale et le chef d’État, le lundi 10 août 2020, a-t-on appris. Comme pour répondre à ceux qui demandent le départ du Premier ministre, le président IBK adresse une lettre de mission à Dr Boubou Cissé, le vendredi 7 août 2020 dans laquelle il explique les raisons de la reconduction de ce dernier. À l’en croire, ce choix repose sur le mérite. « Vos compétences techniques sont avérées », a fait savoir le chef d’État dans cette lettre.
Le temps des concessions
Devant cette situation, qui s’apparente à un bras de fer, il est difficile de croire à une sortie de crise rapide au Mali. Nous avons l’impression que la crise s’aggrave du jour au lendemain. Pourtant il est grand temps que les uns et les autres acceptent le dialogue, en définissant les conditions pour ce faire, afin de sortir ce pays de cette crise généralisée qui profite à des groupes terroristes. En effet, dans son rapport du deuxième trimestre, les Nations unies se préoccupent de la recrudescence des violations et abus des droits de l’homme au Mali. Elles pointent surtout du doigt l’extension de ces violences vers le sud du pays.
Les différentes parties impliquées dans cette crise doivent se laisser gagner par plus de rationalisme en acceptant de faire des concessions face aux nombreuses propositions faites. Le projet commun, c’est le Mali.
Fousseni Togola
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