À Bamako, les répétitions militaires ne trompent personne. Le 22 septembre sera célébré avec éclat. Plus qu’une fête, un message politique et militaire : le Mali, debout, entend rappeler aux terroristes et à leurs parrains qu’aucune force n’entamera sa souveraineté.
Mercredi matin, les Bamakois matutinaux ont cru un instant que la capitale s’était figée. Le boulevard de l’Indépendance, du génie militaire à l’École normale supérieure, n’était plus qu’un fleuve de kaki, saturé de porteurs d’uniforme. Même la place de l’Indépendance, sur les berges du fleuve Niger, s’était muée en camp retranché. Nulle circulation possible, nul passage autorisé. La raison ? Une répétition grandeur nature, réglée comme une parade, en prélude aux festivités du 22 septembre.
Le retour du faste après l’austérité
Depuis plus d’une décennie, les commémorations de l’indépendance se faisaient discrètes, presque effacées. En 2023, le président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta, avait annulé, après avoir annoncé une commémoration fastidieuse, les cérémonies du 63 ᵉ anniversaire pour affecter le budget prévu au soutien des victimes d’attentats terroristes. Un geste fort, qui traduisait à la fois l’austérité patriotique et la solidarité nationale. Mais cette année, les signaux ne trompent pas ; le 22 septembre 2025 promet d’être célébré avec éclat, solennité et faste, comme pour réaffirmer une souveraineté conquise de haute lutte et jamais négociable.
Le choix est politique autant que symbolique. Faire défiler les troupes, occuper l’espace public, hisser haut les drapeaux. Autant de signes adressés aux groupes armés terroristes et à leurs commanditaires étrangers. Le message est limpide : ni leurs embuscades, ni leurs propagandes ne viendront entamer la détermination des Forces armées maliennes (FAMa) et de leurs alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans cette guerre de longue haleine, la parade militaire devient aussi une parade psychologique. Il s’agit de montrer que l’État est debout, que le territoire est tenu, que l’armée est en ordre de bataille, que le moral est au beau fixe et que la victoire sur le mal est certaines et pas lointaine.
L’effacement d’un passé douloureux
Il n’est pas anodin, par ailleurs, de rappeler que la « fête de l’Azawad » — cette commémoration annuelle du 6 avril instaurée par le MNLA depuis 2012 — appartient désormais au passé. Plus personne ne l’évoque. Le temps des proclamations séparatistes est clos, et celui de l’unité nationale a repris ses droits. C’est d’ailleurs dans cette volonté d’unir les Maliens que les autorités ont élaboré la Charte pour la paix et la reconciliation nationale, issu du Dialogue inter-maliens. Cette évolution, largement saluée par les patriotes de l’intérieur comme de la diaspora, consacre une victoire silencieuse mais décisive. Le Mali célèbre une seule et même indépendance, celle de 1960.
Les Bamakois contraints à l’immobilité ce mercredi l’ont compris : ces embouteillages militaires annoncent sûrement un 22 septembre pas comme les autres. Le pouvoir de transition a choisi de renouer avec la grandeur symbolique d’une date fondatrice, tout en assumant l’héritage des sacrifices récents. Dans les défilés à venir se lira à la fois la mémoire des martyrs et l’affirmation d’un avenir commun, arrimé à la souveraineté retrouvée.
Ici, l’indépendance n’est plus une fête routinière ; elle devient une arme, un manifeste et une promesse.
Chiencoro Diarra
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